MONNAIEThéorie économique de la monnaie
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La théorie de l'offre de monnaie
Dans nos sociétés, la plus grande partie de la monnaie (la monnaie « interne ») est créée par les banques, qui transforment à cette occasion des reconnaissances de dette individuelles (les crédits accordés à leurs clients) en reconnaissances de dette socialement acceptables (les dépôts : comptes-chèques des banques dites « ordinaires »). Par les avances qu'elles consentent, les banques créent donc un pouvoir d'achat supplémentaire dans l'économie. En contrepartie, le remboursement des crédits est synonyme de destruction de monnaie : la croissance de la masse monétaire interne résulte des nouveaux crédits octroyés, nets des remboursements. A ce stade, selon l'expression popularisée par le Britannique Hartley Withers, contemporain de Keynes, « les crédits font les dépôts » et la création monétaire est un phénomène endogène, provenant de la négociation des crédits par les agents financiers et non financiers.
La figure illustre le fonctionnement du marché monétaire. La quantité de refinancement demandée par le système bancaire dépend positivement des crédits accordés (et demandés, donc de l'activité) et négativement du taux d'intérêt du refinancement (irf) sur le marché interbancaire....
Crédits : Encyclopædia Universalis France
Mais endogène ne signifie pas incontrôlable. Contrairement au point de vue de l'école de la « banque libre » (voir notamment Selgin, 1988), en effet, un tel système ne peut fonctionner sans régulation : la libre concurrence est généralement mise en échec par la présence de biens « collectifs », source d'externalités, dont fait précisément partie la monnaie, puisque l'utilité qu'en retire chaque utilisateur dépend du nombre d'utilisateurs qui l'adoptent.
Multiplicateur et diviseur de crédit
La régulation monétaire porte d'abord sur les procédures de compensation entre les monnaies émises par les différentes banques : c'est le rôle du marché monétaire (ou interbancaire). Par ailleurs, il existe des « banques centrales », qui émettent leur propre monnaie (les billets), et auprès desquelles les banques ordinaires (ou de « second rang ») sont contraintes de déposer des réserves « obligatoires ». En contrepartie, les banques centrales détiennent des titres publics et des réserves d'or et de devises (qui forment la « monnaie externe ») et offrent des cr [...]
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Écrit par :
- Patrick VILLIEU : professeur de sciences économiques à l'université d'Orléans
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Pour citer l’article
Patrick VILLIEU, « MONNAIE - Théorie économique de la monnaie », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 05 mars 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/monnaie-theorie-economique-de-la-monnaie/