Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GRAVES MICHAEL (1934-2015)

Né à Indianapolis (Indiana) le 9 juillet 1934, l'architecte Michael Graves fait ses études à l'université de Cincinnati (Ohio) entre 1954 et 1958, puis à Harvard en 1958-1959, avant d'être pensionnaire de l'Académie américaine à Rome (1960-1962). À partir de 1962, il enseigne à l'université de Princeton (New Jersey), ville où il s'établit comme architecte, et conçoit ses premiers projets avec Peter Eisenman ; ils exposeront ensemble, en 1969, au musée d'Art moderne de New York, aux côtés de Charles Gwathmey, John Hejduk et Richard Meier. L'exposition, intitulée Five Architects, consacre une nouvelle génération qui réinterprète le langage des villas de Le Corbusier, du mouvement De Stijl et du cubisme. Construite en 1967, la première réalisation de Michael Graves, la maison Hanselmann à Fort Wayne (Indiana), est l'un des manifestes de cette approche, que l'on retrouve également dans les maisons Benacerraf à Princeton (1969) et Snyderman à Fort Wayne (1972). L'architecte renie cependant rapidement le minimalisme et l'esthétique machiniste du Mouvement moderne, pour renouer avec le langage classique et retrouver le caractère anthropomorphique d'une architecture qui, comme celle de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), doit être parlante, et répondre aux « aspirations mythiques et rituelles de la société ». Cette recherche se traduit à travers plusieurs maisons construites dans le New Jersey : maison Plocek et maison Schulman à Princeton (1977), maison Kalko à Green Brook (1978). Dans cette dernière, il s'inspire de la Villa Madame de Raphaël, à Rome, et rend hommage à l'un des motifs favoris du maître de la Renaissance, la clé de voûte – qui a donné son surnom à la maison. Le goût de Michael Graves pour le dessin s'exprime alors dans des rendus dont la puissance d'expression est indéniable : figurés au moyen de savantes aquarelles, ses projets non réalisés – notamment le pont-centre culturel reliant Fargo (Dakota) à Moorhead (Minnesota), 1977 – deviennent des œuvres à part entière, que Graves exposera à la Max Protech Gallery à New York (1979), avec de petites esquisses au crayon montrant sa recherche sur la symbolique des formes. En 1974, il avait réalisé plusieurs peintures murales, pour des bureaux à New York et pour l'école d'architecture d'Austin (Texas).

Ses projets les plus importants datent du début des années 1980 ; Michael Graves s'impose alors comme l'un des principaux acteurs du post-modernisme, défendu par l'architecte et théoricien Charles Jencks. Pour le Public Service Building de Portland (Oregon), Graves propose en 1980 un cube monumental, aux façades fortement colorées et animées par des éléments classiques surdimensionnés. Réalisé en 1983, ce projet sera controversé parce qu'il rompt avec la tradition de l'immeuble de bureaux moderne, et qu'il est ressenti comme un affront par une ville qui n'y reconnaît en rien sa tradition architecturale.

Avec le Humana Building à Louisville (Kentucky), gratte-ciel de 27 étages livré en 1985, Graves multiplie les références architecturales ainsi que les analogies avec le corps humain. On retrouve la même habileté à marier les styles dans le domaine vinicole du Clos Pégase, dans la Napa Valley (Californie, 1987), et, à une tout autre échelle, dans les showrooms qu'il aménage, pour la firme Sunar, dans plusieurs villes des États-Unis. Les commandes de la firme Disney – hôtels à Orlando (1988) et à Marne-la-Vallée (1992), siège social à Burbank (Californie, 1991) –, lui donnent l'occasion de flirter avec le kitsch.

Parmi ses réalisations des années 1990, le centre de recherche de l'université de Cincinnati (1995), la bibliothèque de Denver (Colorado, 1996), l’école St. Coletta à Washington (2006) et un projet de maison[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur, université de Picardie Jules-Verne

Classification

Pour citer cet article

Simon TEXIER. GRAVES MICHAEL (1934-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle

    • Écrit par Joseph ABRAM, Kenneth FRAMPTON, Jacques SAUTEREAU
    • 11 661 mots
    • 17 médias
    ...à la continuité spatiale de la ville traditionnelle. En premier lieu, le groupe new-yorkais des Five Architects –  Peter Eisenman, Charles Gwathmey, Michael Graves, John Hejduk et Richard Meier – qui entreprit vers 1966 la création d'œuvres néo-rationalistes visant à réinterpréter la syntaxe rationaliste...
  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - L'architecture

    • Écrit par Claude MASSU
    • 12 026 mots
    • 9 médias
    Malgré l'émergence du déconstructivisme au cours des années 1990, le courant postmoderne s'est maintenu avec, par exemple, les constructions de Michael Graves (1934-2015), dont la Denver Public Library (1995) aux couleurs naturelles chaudes et à la volumétrie contrastée, qui inclut des panneaux...

Voir aussi