Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MENNONITES

Menno Simons et les mennonites

La persécution s'abattit vite sur le mouvement zurichois et sur l'anabaptisme suisse et non suisse. Elle fut particulièrement ressentie en Hollande, où les anabaptismes hofmanien et de type münstérien étaient assez répandus. Les pacifiques souffrirent d'être confondus avec les autres, tandis que certains de ces derniers tendaient au pacifisme, après l'échec des chiliastes militants. Menno Simons, après avoir adhéré à l'anabaptisme pacifique, en devint peu à peu l'un des chefs principaux en Hollande et dans l'Allemagne rhénane et septentrionale. Il réorganisa les communautés hésitantes et son influence réformatrice se fit sentir jusqu'en Suisse. Après sa mort, tous les anabaptistes pacifiques, à l'exception de ceux de la branche communautaire dite houttérienne, se rallièrent plus ou moins à ses principes et reçurent tous progressivement le nom de mennonites. Menno marqua l'ensemble des communautés par son radicalisme en matière de pureté de l'assemblée et par le rôle prééminent qu'il accordait aux ministres du culte. Fruit d'une conjoncture sociale, la réorganisation mennonite des assemblées fut contestée, dès le xviie siècle, en Hollande même, par suite des changements sociaux propres à ce pays (tolérance religieuse, participation des mennonites à la vie sociale, etc.). Désormais, le mennonitisme hollandais connut un sort à part, acceptant la culture globale et participant aux courants théologiques les moins conservateurs. Le reste des communautés mennonites était formé, jusqu'à la fin du xixe siècle et au début du xxe, d'une majorité de cultivateurs, dont la réputation de progressisme agricole est encore bien vivante. Mais, dans ces communautés rurales physiquement isolées de la société globale, la « non-mondanité » prit des aspects de formalisme, vestimentaire ou autre, tandis que l'expression des croyances et le culte se sclérosaient sous la direction d'anciens sans culture théologique. À la fin du xixe siècle et au début du xxe, un réveil d'inspiration piétiste-revivaliste a donné à l'anabaptisme pacifique un nouveau départ, éventuellement prosélytique et même missionnaire. Cependant, les Hollandais demeurent, dans l'ensemble, en marge de ce mouvement, par leurs tendances libérales en théologie. Un retour aux sources historiques de l'anabaptisme du xvie siècle est également amorcé.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres et sciences humaines, maître de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Jean SÉGUY. MENNONITES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 16/04/2021

Autres références

  • BAPTISME

    • Écrit par
    • 1 086 mots
    ...radicalisme continental du siècle précédent. Au sens strict, les anabaptistes sont les premiers baptistes. On peut en dire autant des antitrinitariens et des mennonites. Les baptistes à proprement parler représentent un croisement entre l'ecclésiologie congrégationaliste et la pratique baptismale mennonite,...
  • CANADA - Espace et société

    • Écrit par
    • 12 678 mots
    • 5 médias
    ...le paysage, en dépit de l’uniformité du cadastre et des pratiques d’installation somme toute assez homogènes. Ainsi, la présence des quelque sept mille mennonites russes qui ont été les premiers colons à s’installer au Manitoba dans les années 1870 est encore visible dans la vallée de la rivière Rouge,...
  • CHACO

    • Écrit par et
    • 2 814 mots
    • 2 médias
    Aussi  le  gouvernement  paraguayen autorisa-t-il, en 1927, l'implantation de colons mennonites sur d'immenses domaines (900 000 hectares) achetés à Carlos Casado, près de la frontière bolivienne. Il leur accorda une autonomie complète et des franchises, notamment l'exemption fiscale et militaire,...
  • SMYTH ou SMITH JOHN (1565 env.-1612)

    • Écrit par
    • 210 mots

    Fondateur de la première assemblée du baptisme anglais, John Smyth étudia la théologie à Cambridge à partir de 1586. Devenu ministre de l'Église d'Angleterre, puis prédicateur puritain en 1602, il se laisse gagner aux idées de Robert Browne (1550-1636), le « père du congrégationalisme ». En 1603,...