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GENDRON MAURICE (1920-1990)

Avec Pierre Fournier, André Navarra et Paul Tortelier, Maurice Gendron comptait parmi les plus brillants représentants de l'école française de violoncelle. Né à Nice le 26 décembre 1920 dans une modeste famille de musiciens, il commence l'étude du violoncelle dès l'âge de cinq ans, sur un petit instrument fabriqué spécialement à son intention. Son premier professeur, à Cannes, s'appelle Stéphane Odéro. Emanuel Feuermann l'auditionne et le pousse à entrer au conservatoire de Nice, où il travaille avec Jean Mangot jusqu'en 1935. Il vient ensuite à Paris, où il est admis dans la classe de Gérard Hekking et remporte un premier prix de violoncelle en 1938. Il entre à l'Orchestre symphonique de Paris et joue dans des salons que fréquentent Jean Cocteau, Pablo Picasso, François Mauriac, Francis Poulenc. Il rencontre Dinu Lipatti, avec lequel il se produit à plusieurs reprises, et trouve chez Jean Françaix un partenaire avec lequel il jouera en sonate jusqu'à la fin de sa carrière. Ses véritables débuts de soliste datent de février 1944, lorsqu'il remplace, au pied levé, Gaspar Cassadó dans le concerto de Dvořák avec l'Orchestre de Radio-Paris sous la direction de Willem Mengelberg. Il est aussitôt invité à jouer avec l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam. À la même époque, il étudie la direction d'orchestre avec Roger Désormière, Hermann Scherchen et Mengelberg. En 1945, il donne à Londres la première audition européenne du concerto, op. 58, de Serge Prokofiev et obtient l'exclusivité de cette œuvre pendant trois ans. Benjamin Britten, avec lequel il donne une série de récitals, lui ouvre les portes de l'Angleterre, où sa carrière se développe rapidement. Pablo Casals l'invite au festival de Prades et l'accompagne à la tête de l'Orchestre des Concerts Lamoureux lorsqu'il enregistre les versions originales des concertos en majeur de Haydn et en si bémol majeur de Boccherini, dont il avait retrouvé les manuscrits à la bibliothèque d'État de Dresde. Il fait ses débuts aux États-Unis en 1957 et, un an plus tard, joue avec l'Orchestre philharmonique de New York sous la direction de Leonard Bernstein. Entre 1953 et 1970, il enseigne à l'Académie nationale de musique de Sarrebruck, où il se voit décerner le titre de professeur, puis, entre 1970 et 1987, au Conservatoire de Paris. Il enseigne aussi à l'école Yehudi-Menuhin, à Stoke d'Abernon, en Angleterre, au Mozarteum de Salzbourg et à l'académie Maurice-Ravel, à Saint-Jean-de-Luz.

Avec Yehudi et Hephzibah Menuhin, il forme un trio qui va marquer son époque pendant un quart de siècle. Sans avoir fait une véritable carrière de chef d'orchestre, il a néanmoins dirigé régulièrement l'Orchestre de chambre de la Sarre après la mort de Karl Ristenpart (1967) et a été chef permanent du Bournemouth Sinfonietta (1971-1973). Il jouait sur un violoncelle de Stradivarius. Paul Hindemith, Francis Poulenc et Jean Françaix ont écrit des œuvres à son intention. Il est mort à Grez-sur-Loing (Seine-et-Marne) le 20 août 1990.

Formé à l'école française de violoncelle, Maurice Gendron s'en démarquait par une technique d'archet plus souple (Casals l'avait visiblement beaucoup influencé) et une diversité de nuances dans le vibrato qui lui donnaient une étonnante palette sonore ; à l'inverse, il ne recherchait pas la puissance comme moyen d'expression, ce qui explique qu'il ait donné le meilleur de lui-même dans un répertoire où le violoncelle n'avait pas à affronter des masses orchestrales trop épaisses.

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. GENDRON MAURICE (1920-1990) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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