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PRICE MARGARET (1941-2011)

Cette soprano galloise applaudie en Cherubino des Noces de Figaro de Mozart dès 1963 n'aurait-elle chanté que Schubert qu'elle aurait sa place au firmament des cantatrices d'exception. La pureté de son timbre et celle de son legato suffiraient à la rendre inoubliable. À l'opéra, toutefois, son art n'est pas moins raffiné. À Londres, elle aura été, avec Pamina (La Flûte enchantée), la Comtesse Almaviva (Les Noces de Figaro), Donna Anna (Don Giovanni), Fiordiligi (Così fan tutte), une mozartienne en constant état de grâce. L'Allemagne et Vienne ne s'y tromperont pas, et Paris ne la laissera pas lui échapper. Elle y offrira son incandescente Comtesse des Noces, une superbe Fiordiligi ainsi qu'une très noble Donna Anna. On gardera par ailleurs le souvenir d'une Desdemona (Otello de Verdi) d'une candeur et d'une aura véritablement poignantes. Technique vocale maîtrisée, aigus sans vibrato mais exempts de fixité, étoffe moirée et souffle inépuisable lui permettront ensuite d'affronter Elisabetta (Don Carlo de Verdi) aussi bien que les rôles-titres de Norma de Bellini, ou d'Ariane à Naxos de Richard Strauss, sans oublier, chez Wagner, un Tristan et Isolde de rêve enregistré au début des années 1980 avec Carlos Kleiber à la tête de la Staatskapelle de Dresde.

Margaret Berenice Price naît le 13 avril 1941, à Blackwood, petite ville du pays de Galles située entre Tredegar et Cardiff, dans le Monmouthshire (aujourd'hui Gwent). Elle souffre à sa naissance de graves déformations des jambes, qui, bien que soignées dès l'âge de quatre ans, constitueront toujours un handicap. Margaret Price commence des études de biologie ; mais, passionnée par le chant, elle obtient une bourse qui lui permet de partir étudier avec Charles Kennedy Scott – fondateur de l'Oriana Choir – au Trinity College of Music de Londres. Elle se produit brièvement au sein des Ambrosian Singers, avant de débuter sur scène en 1962, au Welsh National Opera, comme mezzo-soprano, dans le rôle de Cherubino. Son père l'encourage à travailler sa technique pour évoluer vers la tessiture de soprano, lui décroche une audition à Covent Garden, où elle ne convainc malheureusement pas Georg Solti, directeur musical du Royal Opera. Elle est toutefois engagée comme étudiante dans la prestigieuse institution, où elle remplace en juin 1963, au pied levé, Teresa Berganza, souffrante, dans Cherubino, aux côtés de Mirella Freni et de Tito Gobbi : le triomphe est total ; à vingt-deux ans, sa carrière internationale est lancée. Elle se produit au festival de Glyndebourne en 1968 (Konstanze, L'Enlèvement au sérail de Mozart), débute l'année suivante aux États-Unis (Pamina, en anglais, à l'Opéra de San Francisco). 1970 marque une deuxième étape décisive dans sa carrière, avec le travail qu'elle effectue sous l'égide du metteur en scène Jean-Pierre Ponnelle à l'occasion d'une nouvelle production de Così fan tutte à San Francisco. C'est Ponnelle qui l'encourage à aborder Donna Anna pour ses débuts en Allemagne, à Cologne, en 1971. Elle passe de nombreuses années à la Bayerische Staatsoper de Munich, où elle fera ses adieux en 1999. En 1972, elle débute à la Staatsoper de Vienne (Konstanze). En mai 1973, au Palais-Garnier, à Paris, elle est une inoubliable Comtesse des Noces de Figaro dans la légendaire mise en scène de Giorgio Strehler. Elle aborde peu à peu Verdi : en 1976, au Palais-Garnier, elle incarne sa première Desdemona, sous la baguette de Georg Solti, au côté de Plácido Domingo ; en 1979, elle incarne pour la première fois Aïda, à Munich, en 1980 Amelia (Simon Boccanegra, à San Francisco). En 1984, à Munich, elle ajoute à son répertoire les rôles-titres d'Adrianna Lecouvreur de Cilea et d'Ariane à Naxos de Strauss. Margaret Price est aussi[...]

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Écrit par

  • : critique musical, agrégé de lettres modernes

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Pour citer cet article

Jean CABOURG. PRICE MARGARET (1941-2011) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )