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ATWOOD MARGARET (1939- )

Margaret Atwood - crédits : Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

Margaret Atwood

Romancière, poète, nouvelliste, essayiste, satiriste et critique, Margaret Atwood est reconnue comme l'une des figures dominantes de la littérature d'expression anglaise. Elle est l'auteure d'une quarantaine d'ouvrages traduits dans une quarantaine de langues. Depuis des décennies, elle éclipse ses homologues canadiens également traduits dans le monde, mais moins médiatisés, tels qu’Alice Munro ou Michael Ondaatje. Elle les éclipse par son engagement en faveur de l'égalité des droits et de la liberté d'expression, elle qui a toujours souligné les rapports étroits entre la littérature et le milieu dont elle est issue. Dès les années 1960, avec une ironie acerbe, elle défendait l'émancipation des femmes, les minorités linguistiques ou religieuses, les intellectuels face à la censure, le Québec rétif à l'assimilation canadienne anglophone, mais aussi le Canada fragilisé par la contiguïté de son puissant voisin, voire l'environnement et le développement durable.

Un regard décalé

Née à Ottawa le 18 novembre 1939, Margaret Atwood passe la majeure partie de son enfance dans les forêts du nord de l'Ontario et du Québec, suivant son père biologiste et entomologiste. Dès 1946, la famille s'installe une partie de l'année à Toronto, mais la fillette atypique et souvent ostracisée ne connaît pas d'année de scolarisation complète avant l'âge de onze ans. Ces contrées et ces expériences fourniront la base autobiographique de romans tels que Surfacing (1972 ; Faire Surface, 1973) et Cat's Eye (1988 ; Œil–de-chat, 1990), qui critiquent une société de consommation rigidement conformiste par le biais d'une vision et d'une voix narrative décalées. Ces œuvres cernent les différences qui distinguent la culture canadienne de celle des États-Unis tout en montrant quelles ressemblances rapprochent ces cultures nord-américaines.

Avant les années 1960, l'industrie du livre au Canada était dominée par la Grande-Bretagne et les États-Unis, et aucun écrivain canadien ne pouvait vivre de sa plume sans s'expatrier. Atwood va faire partie d'une renaissance littéraire favorisée par la fierté nationale qui accompagna le centenaire de l'indépendance du Canada (1967), au côté de Margaret Laurence, Leonard Cohen, Robertson Davies, Robert Kroetsch et Alice Munro. Élève de Northrop Frye à l'université de Toronto puis étudiante en doctorat à Radcliffe, elle enseigne brièvement dans diverses universités tout en écrivant. Elle entre sur la scène littéraire avec éclat en remportant le prix du gouverneur général pour son deuxième recueil de poésie, The Circle Game (1964 ; Le Cercle vicieux, 2000) et – pratique nouvelle – elle publie son premier roman, The EdibleWoman (1969 ; La Femme comestible, 2008), presque simultanément au Canada, en Grande-Bretagne, et aux États-Unis. Ce premier roman ancré dans le quotidien est perçu comme réaliste, mais désoriente le lecteur attentif en privilégiant des points de vue instables. Le merveilleux surgira aussi de l'apparemment ordinaire dans le roman suivant, Surfacing, où le rêve, la vision et le fantastique bouleversent le banal.

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Écrit par

  • : professeur de littérature canadienne et de littératures postcoloniales à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Marta DVORAK. ATWOOD MARGARET (1939- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Margaret Atwood - crédits : Leonardo Cendamo/ Hulton Archive/ Getty Images

Margaret Atwood

Autres références

  • CANADA - Arts et culture

    • Écrit par Andrée DESAUTELS, Roger DUHAMEL, Marta DVORAK, Universalis, Juliette GARRIGUES, Constance NAUBERT-RISER, Philip STRATFORD
    • 24 894 mots
    • 3 médias
    Les préoccupations linguistiques et formelles de ces poètes redonnèrent un nouveau dynamisme à la scène littéraire. Margaret Atwood (1939) obtint le prix du Gouverneur-général pour son premier recueil, The Circle Game (1966), troublant par son minimalisme teinté de néo-gothique, avant d'alterner...
  • POSTCOLONIALES ANGLOPHONES (LITTÉRATURES)

    • Écrit par Jean-Pierre DURIX, Vanessa GUIGNERY
    • 9 074 mots
    • 5 médias
    ...de prise de conscience nationaliste passée, les écrivains ont cessé d'être les alliés plus ou moins volontaires de cette réappropriation identitaire. Margaret Atwood au Canada et Peter Carey en Australie fournissent deux exemples de romanciers d'abord préoccupés par des notions d'identité nationale...

Voir aussi