Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COHEN LEONARD (1934-2016)

Le poète et musicien canadien Leonard Cohen avait coutume de dire qu'il construisait ses chansons comme des Volvo, c'est-à-dire pour au moins une bonne trentaine d'années. C'est certainement pour cette raison que, dès la sortie de son premier disque en 1968, il a été l'un des artistes les plus largement appréciés sur la planète. Affilié au mouvement de la protest song, il appartenait, aux côtés de Paul Simon et de Bob Dylan, à une lignée d'auteurs-compositeurs-interprètes juifs d'une extrême qualité, et très critiques envers le monde des WASP (White Anglo-Saxon Protestants).

Suzanne

Né le 21 septembre 1934 à Montréal, au Québec, dans une famille de la classe moyenne d'ascendance russo-polonaise, Leonard Norman Cohen grandit à Westmount, un quartier anglophone de Montréal. Son père, Nathan Cohen, propriétaire d'un magasin de vêtements, meurt alors que Leonard a neuf ans. L'enfant reçoit une éducation tournée vers la religion. À l'adolescence, il apprend à jouer de la guitare et lit les poètes – Federico García Lorca, William Butler Yeats... – ainsi que Jean-Paul Sartre et Albert Camus.

Pendant ses études d'histoire à l'université McGill, il fait partie d'un trio de country music et de folk, The Buckskin Boys. C'est à cette époque qu'il donne les premières lectures de ses poèmes dans une boîte de nuit de Montréal, sur un accompagnement de jazz. Dans les années qui suivent, il écrit des poèmes, réunis dans Let Us Compare Mythologies (1956), un recueil qui est édité grâce à une souscription lancée dans le journal de l'université.

En 1959, une bourse allouée par les affaires culturelles du gouvernement canadien lui permet de se rendre en Europe. Il séjourne quelque temps à Londres, puis en Grèce, où il loue une maison sur l'île d'Hydra ; il y restera sept ans. En 1961, il publie le recueil de poèmes The Spice-Box of Earth, qui le rend célèbre, et qui est suivi en 1963 par un premier roman, The Favourite Game. En 1964 sort un nouveau recueil de poèmes, très controversé, Flowers of Hitler (curieusement traduit en français par Des fleurs pour Hitler, au lieu de Fleurs de Hitler). Deux ans plus tard, il publie son deuxième roman, Beautiful Losers (Les Perdants magnifiques), chroniques proustiennes de la vie quotidienne dans le quartier juif de Montréal.

Partagé entre le berceau de la civilisation et le Nouveau Monde, il achève ses études à la Columbia University de New York. En mars 1966, lors d'une session poétique au YMCA de New York, il chante deux de ses poèmes, Suzanne et The Stranger. Ses lectures de poèmes se transforment bientôt en tours de chant. Le producteur Albert Grossman l'introduit auprès de la chanteuse Judy Collins. En 1967, celle-ci enregistre Suzanne et présente Leonard Cohen au public lors d'un concert en plein air à Central Park. La même année, il chante au festival folk de Mariposa, dans l'Ontario, à celui de Newport (Rhode Island) ainsi qu'à l'Expo 67 de Montréal. Il rencontre Allen Ginsberg et Andy Warhol, ainsi que de nombreux musiciens : Lou Reed, Jackson Browne et Nico... Il fait aussi la connaissance de John Hammond – le légendaire producteur de Count Basie, Bob Dylan, Billie Holiday, Aretha Franklin ou Pete Seeger –, qui lui fait signer un contrat avec la firme discographique CBS Columbia. En 1968, il se révèle en tant qu'interprète avec la sortie de son premier album, Songs of Leonard Cohen.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Alain POULANGES. COHEN LEONARD (1934-2016) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Leonard Cohen au festival de l’île de Wight (Royaume-Uni) - crédits : Tony Russell/ Redferns/ Getty images

Leonard Cohen au festival de l’île de Wight (Royaume-Uni)

Autres références

  • CANADA - Arts et culture

    • Écrit par Andrée DESAUTELS, Roger DUHAMEL, Marta DVORAK, Universalis, Juliette GARRIGUES, Constance NAUBERT-RISER, Philip STRATFORD
    • 24 894 mots
    • 3 médias
    ...Avison (1918-2007), maniant ruptures de perspective et de syntaxe, hypallages, néologismes, et métaplasmes parurent enfin en recueil (Winter Sun, 1960). Leonard Cohen (Flowers for Hitler, 1964 ; Parasites of Heaven, 1966 ; The Energy of Slaves, 1972 ; Death of a Lady's Man, 1978), fort de ses mélanges...
  • FOLK

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 934 mots
    • 2 médias
    ...tout comme Joan Baez (née en 1941), compagne de Bob Dylan, qu'elle rencontre en 1961, et qui combat la guerre du Vietnam à travers ses chansons. Au contact du New York des chanteurs engagés, le Canadien Leonard Cohen (1934-2016) met quant à lui son sens de la poésie au service de ses textes et de...

Voir aussi