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MARCEL D'ANCYRE (mort en 374 env.)

Évêque cappadocien ; présent au concile de Nicée (325), Marcel d'Ancyre est, aux côtés d'Athanase, un ardent défenseur de la consubstantialité du Père et du Fils contre la doctrine arienne. Il écrit en 335, contre l'arianisant Astérius le Sophiste, un traité dont Eusèbe de Césarée a transmis des fragments dans les deux réfutations (Contra Marcellum et De ecclesiastica theologia) qu'il en a données. Condamné pour sabellianisme par le synode arianisant de Constantinople (336), Marcel fut déposé de son siège et remplacé par Basile d'Ancyre. Ses adversaires lui reprochaient d'enseigner que le Fils de Dieu avait commencé d'exister à partir de sa naissance humaine et que son règne cesserait avec la fin du monde. Recherchant l'appui de Rome, Marcel écrivit au pape Jules Ier une lettre, conservée par Épiphane, qui lui valut une reconnaissance d'orthodoxie. Cette orthodoxie fut confirmée au concile de Sardique (343), qui le rétablit sur son siège épiscopal. Il semble avoir perdu à nouveau ce siège à la mort de Constant (350), après de nouvelles attaques ariennes (Formule macrostiche de 345). Il fut bientôt abandonné même par ses anciens amis, tel Athanase, qui semblent avoir interprété sa doctrine à partir des conséquences franchement sabellianistes qu'en avait tirées son disciple Photin. Épiphane consacra à Marcel une notice hérésiologique, et le concile de Constantinople (381) inclut dans le Credo la formule « et son règne n'aura pas de fin » pour marquer son hostilité à la doctrine de Marcel. On ne sait rien de la dernière partie de sa vie.

On ne possède de son œuvre que des fragments épars, difficiles à dégager de l'interprétation qu'en ont donnée ses adversaires. Certains historiens veulent lui restituer divers traités tels que le De Sancta Ecclesia attribué par la tradition à Anthime d'Antioche ou le De Incarnatione et contra arianos pseudo-athanasien.

Marcel d'Ancyre oppose à la négation arienne de la pleine divinité du Verbe et de son égalité avec le Père la doctrine traditionnelle de l'unité absolue de Dieu. Il tend, par là, à nier la réalité distincte des personnes divines (hypostases) et à considérer le Verbe de Dieu comme une énergie indissociablement unie au Père et s'exprimant dans la Création et l'Incarnation, sans se constituer en hypostase distincte. Cette dilatation de l'« énergie » divine qui habite dans la chair engendrée par Marie aura un terme quand l'économie (le salut plénier) sera achevée et que le Verbe reviendra totalement dans le Père, sans s'en être du reste jamais séparé. Il en va de même pour l'Esprit qui, tout en résidant dans le Père et dans le Fils, s'extériorise en don fait aux Apôtres. C'est de cette façon que Marcel tentait de concevoir une triade qui ne contredirait pas l'unité absolue de Dieu.

— Richard GOULET

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S.

Classification

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