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MAO DUN [MAO-TOUEN](1896-1981)

Le roman au service de la révolution

Le propre de la création romanesque de celui qu'on a appelé « le peintre des années trente » est d'être quasi contemporaine des événements eux-mêmes. Étroitement liée à la recherche théorique de l'écrivain, elle révèle son souci d'analyser très minutieusement le réel et d'en dégager les traits essentiels qui en permettent la lecture politique, mais cela sans intervention directe du témoin qu'est l'écrivain. Il a pu ainsi dresser, de roman en roman, une large fresque de la société chinoise des villes et de la campagne, mettant en scène de nombreux personnages issus de toutes les couches sociales. Notons que parmi ceux-ci les plus riches et les plus vivants sont très souvent les personnages de femmes, dont l'écrivain se plaît à souligner la combativité, la volonté d'émancipation et une avance politique considérable sur la plupart de leurs camarades masculins encore empêtrés dans un chauvinisme mâle hérité de Confucius. L'œuvre romanesque de Mao Dun se compose essentiellement dans un premier temps de la trilogieL'Éclipse (Shi, 1928) – qui comprend Désillusion (Huanmie), Hésitation (Dongyao) et Quête (Zhuiqiu) – représentation du monde tourmenté des intellectuels pris dans la montée de la contre-révolution, d'un ensemble de nouvelles consacrées aux efforts des femmes dans leur lutte pour l'émancipation : Les Roses sauvages (Qiangwei), riches d'humour et de finesse ; enfin, d'un roman inachevé : L'Arc-en-ciel (Hong, 1929), qui campe lui aussi un personnage de femme lancée à la conquête de soi-même puis engagée dans la révolution. Interrompu par la maladie et le désespoir, l'écrivain amorce dans ses romans suivants un retour à l'action avec La Route (Lu) et Marche à trois (San ren xing).

La seconde époque de l'activité littéraire de Mao Dun est celle des chefs-d'œuvre avec Minuit, la « trilogie villageoise » comprenant Les Vers à soie du printemps (Chuncan), Récolte d'automne (Qiushou), Cruel Hiver (Candong) ; et d'autres nouvelles comme Devant le mont de piété (Dang puzi qian) et La Boutique de la famille Lin (Linjia puzi). La dernière époque de sa création romanesque est celle de Corruption (Fushi, 1941), une vaste composition sur la vie dans les cercles gouvernementaux à Chonqing pendant la guerre sino-japonaise. Mao Dun commence aussi L'Épreuve (Duanlian) – qui ne sera publiée que juste avant sa mort – et un autre long roman, Les feuilles gelées sont plus rouges que les fleurs du deuxième mois (Shuang ye hong si er yue hua) sur les antécédents du « Mouvement du 4 mai ». Il écrit aussi une pièce de théâtre, Aux alentours de Qingming (Qingming qian hou) et nombre d'autres nouvelles portant sur les événements immédiatement contemporains. La production romanesque cesse après 1949, mais, dans les dernières années de sa vie, Mao Dun revoit la partie inachevée de L'Épreuve et rédige ses Mémoires.

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles, agrégée de l'Université (lettres), docteur d'État, professeur honoraire à l'université de Paris-VIII, département de littérature générale, domaine chinois

Classification

Pour citer cet article

Michelle LOI. MAO DUN [MAO-TOUEN] (1896-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MINUIT, Mao Dun - Fiche de lecture

    • Écrit par Isabelle RABUT
    • 870 mots

    Œuvre majeure de Mao Dun (1896-1981), Minuit, publié en 1933, a été salué en son temps comme « le premier roman réaliste réussi de la littérature chinoise » (Qu Qiubai). Fresque illustrant la fatalité de l'écroulement d'un monde et l'irrésistible montée des forces révolutionnaires, cet ouvrage qu'on...

Voir aussi