Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MAO DUN [MAO-TOUEN](1896-1981)

Mao Dun est l'un des premiers grands écrivains de la littérature chinoise de langue moderne née sur la lancée du « Mouvement du 4 mai » (1919). Romancier renommé, fondateur de l'école « réaliste » prônée par la Société de recherches littéraires (1921) dont il est rédacteur en chef de la revue, Le Mensuel du roman, qui tint une grande place dans la construction de la nouvelle littérature, critique littéraire extrêmement attentif à la production de ses contemporains, théoricien assidu de la littérature, traducteur entre autres de Maupassant et de Tchekhov, il a joué un rôle politique et culturel de premier plan des années vingt jusqu'à sa mort. Il laisse, outre un ensemble très riche de critiques et d'analyses, une importante œuvre romanesque qui met en scène avec puissance et rigueur, comme dans son fameux roman Minuit, la société chinoise des années trente.

La longue route d'un fidèle compagnon

Shen Yanbing – dont Mao Dun est le premier et le plus connu des noms de plume – est né en juillet 1896 dans le nord du Zhejiang (Sud-Est de la Chine) au sein d'une famille de nobles lettrés peu fortunés. Son père, qu'il perdit à l'âge de dix ans, était un ancien membre du Parti des réformistes, féru de sciences et de culture moderne. Après des études secondaires à Hangzhou, Mao Dun part pour Beijing (Pékin), où il est reçu au concours préparatoire à l'université (1913) ; mais en 1916, les ressources de sa famille épuisées, il accepte un poste dans la plus grande maison d'édition de Shanghai, la Commercial Press, où il commence un travail de journaliste littéraire et de critique qui le fait rapidement connaître. Il participe activement au « Mouvement du 4 mai » 1919, qui, entre autres conquêtes, assure la victoire de la littérature de « langue moderne » (bai hua) et fonde en novembre 1920 avec Zheng Zhenduo et Ye Shengtao, la Société de recherches littéraires (Wenxue yanjiu hui), une école littéraire qui se donne pour mot d'ordre le réalisme de « l'art pour la vie », entendant s'opposer ainsi au mot d'ordre de « l'art pour l'art » des écrivains « romantiques » de Création, dirigés par Guo Moruo. Pour en faire la revue de la Société de recherches littéraires, Mao Dun relance et rénove profondément Le Mensuel du roman (Xiaoshuo yuebao), qui va jouer un rôle extrêmement important dans la diffusion de la nouvelle littérature et des œuvres étrangères. C'est à cette époque qu'il est attiré par le marxisme et adhère au Parti communiste chinois (1921). Notons qu'à son retour du Japon, en 1930, Mao Dun ne reviendra pas officiellement au P.C.C. et restera désormais un « compagnon de route », cela jusqu'à la veille de sa mort. Sa rentrée officielle au P.C.C. en 1981 étonnera alors beaucoup de gens qui l'avaient toujours considéré comme un membre en titre. Entre cette adhésion et le coup d'État du Guomindang de 1927, le jeune Mao Dun, alors responsable au département de propagande du Guomindang (alors allié au P.C.C.), se consacre à des activités militantes et fréquente les milieux intellectuels et ouvriers révolutionnaires (dont il relatera l'expérience directe dans ses romans Minuit ou L'Arc-en-ciel). Contraint de s'exiler au Japon, en 1927, il y passe trois ans à lutter contre la maladie et à écrire ses premiers romans, adoptant pour cela le nom de plume de « Mao Dun », c'est-à-dire « Contradiction », pour souligner le sens politique de son activité de romancier, comme son intention de rendre avec exactitude les contradictions réelles de la société (par la suite il ajoutera simplement aux deux caractères de l'expression « contradiction » la clé de « l'herbe » pour lui donner l'aspect d'un vrai nom de famille). Au printemps de 1930 il est de retour à Shanghai, où il rejoint aussitôt la Ligue des écrivains[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles, agrégée de l'Université (lettres), docteur d'État, professeur honoraire à l'université de Paris-VIII, département de littérature générale, domaine chinois

Classification

Pour citer cet article

Michelle LOI. MAO DUN [MAO-TOUEN] (1896-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MINUIT, Mao Dun - Fiche de lecture

    • Écrit par Isabelle RABUT
    • 870 mots

    Œuvre majeure de Mao Dun (1896-1981), Minuit, publié en 1933, a été salué en son temps comme « le premier roman réaliste réussi de la littérature chinoise » (Qu Qiubai). Fresque illustrant la fatalité de l'écroulement d'un monde et l'irrésistible montée des forces révolutionnaires, cet ouvrage qu'on...

Voir aussi