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MALOUINES (GUERRE DES)

1962 à 1989. De la guerre froide à la détente - crédits : Encyclopædia Universalis France

1962 à 1989. De la guerre froide à la détente

Conflit inédit depuis 1945, la guerre des Malouines a opposé deux États du camp occidental : un pays en développement de l'Amérique latine, l'Argentine, et une puissance atomique européenne, la Grande-Bretagne. La guerre s'explique en partie par le nationalisme argentin, intransigeant sur l'appartenance d'un territoire « usurpé » par l'Angleterre au xixe siècle, exacerbé, chez les dictateurs militaires argentins, par le souci d'offrir à leur peuple ce qui devait constituer une reconquête facile ; elle se fonde donc sur un mauvais calcul du rapport des forces et surtout du caractère de la « Dame de fer », Margaret Thatcher, Premier ministre conservateur depuis 1979. Celle-ci, dont l'autorité intérieure était quelque peu ébranlée par de premiers résultats économiques médiocres et un taux de chômage croissant, et qui, à l'extérieur, avait consenti trois ans plus tôt à forcer la main aux colons blancs rhodésiens malgré l'intransigeance de sa droite impérialiste, fit preuve d'un nationalisme égal à celui de ses adversaires. Et elle sut consentir un effort financier et naval inattendu par son ampleur et qui fut d'autant plus coûteux que les Britanniques furent totalement surpris par l'incursion argentine : lord Carrington, secrétaire au Foreign Office, paya de sa démission la mauvaise information de ses services.

Troupes héliportées - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Troupes héliportées

La guerre se résuma en une occupation très rapide de l'archipel par les Argentins, à partir du 2 avril 1982, et par une opération aéro-navale de reconquête qui s'acheva, le 14 juin, avec la reddition de la garnison argentine de Port Stanley. Les Britanniques bénéficièrent de nombreux soutiens diplomatiques et stratégiques. Dès le 3 avril, le Conseil de sécurité des Nations unies, à l'écrasante majorité de dix voix contre une (Panamá), les puissances communistes et l'Espagne s'abstenant, avait donné raison aux thèses anglaises et appelé à une négociation après retrait des forces d'invasion. Une semaine plus tard, la Communauté européenne décrétait un embargo général sur les ventes d'armes à l'Argentine et sur les importations argentines dans la CEE. Et si les Argentins surent utiliser parfois avec succès des missiles air-mer fournis auparavant par la France, les Anglais purent déployer une flotte de porte-engins et de croiseurs avec le total soutien des États-Unis. Parmi les opérations les plus importantes, on relève, le 2 mai, la destruction du plus gros navire de bataille argentin, le Belgrano, coulé à la limite de la zone de guerre de 200 milles proclamée par le Royaume-Uni pour isoler les Malouines.

Les opérations, auxquelles participa un fils de la reine Élisabeth II, le prince Andrew, coûtèrent à l'Angleterre 255 morts et 777 blessés, des dépenses de 700 à 900 millions de livres (les estimations divergent) pour l'année budgétaire 1982-1983 et l'engagement d'en dépenser au moins 600 millions chaque année suivante pour éviter le retour d'un risque d'invasion. Cela pour protéger une communauté de l'ordre de quatre mille habitants à des milliers de kilomètres de la métropole. Un tel effort s'explique par l'obstination même du Premier ministre qui, malgré la nomination de Francis Pym au Foreign Office, a personnellement supervisé le déroulement des événements en s'appuyant sur une cellule de crise constituée au 10, Downing Street. Il n'a pourtant été possible que par la vague d'émotion populaire et le renouveau nationaliste dans l'opinion : ils ont permis de faire face aux critiques virulentes de l'opposition travailliste. La victoire doit aussi quelque chose à la médiocre qualité de l'équipement de l'infanterie argentine débarquée, à la vétusté de la marine, seule l'aviation des agresseurs s'avérant active et redoutable.[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. MALOUINES (GUERRE DES) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

1962 à 1989. De la guerre froide à la détente - crédits : Encyclopædia Universalis France

1962 à 1989. De la guerre froide à la détente

Troupes héliportées - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Troupes héliportées

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Évolution géopolitique

    • Écrit par Georges COUFFIGNAL
    • 7 514 mots
    En1982, la dictature militaire au pouvoir en Argentine cherche à reconquérir une légitimité contestée en envahissant les îles Malouines dont l'Argentine revendiquait la souveraineté depuis toujours. On connaît la réaction de Margaret Thatcher, qui envoya une véritable armada pour reconquérir...
  • ARGENTINE

    • Écrit par Jacques BRASSEUL, Universalis, Romain GAIGNARD, Roland LABARRE, Luis MIOTTI, Carlos QUENAN, Jérémy RUBENSTEIN, Sébastien VELUT
    • 37 033 mots
    • 18 médias
    S'ily eut un projet politique de la dictature militaire qui rencontra l'adhésion unanime des Argentins, ce fut sans conteste la « récupération » des Malouines. À l'approche de l'anniversaire des cent cinquante ans d'« usurpation » des îles par les Britanniques – le 3 janvier 1833 –, la cause apparaissait...
  • FALKLAND ÎLES

    • Écrit par Jean-Claude GIACOTTINO
    • 434 mots
    • 2 médias

    Situées dans l'Atlantique sud par 600 de longitude ouest et 520 de latitude sud, les îles Falkland (appelées en français îles Malouines, en espagnol Islas Malvinas) appartiennentau Royaume-Uni (l'archipel est dirigé par un gouverneur nommé par la Couronne), mais disposent d'une large autonomie...

  • ROYAUME-UNI - Histoire

    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
    • 43 835 mots
    • 66 médias
    ...avant la mise sur pied d'un système pleinement satisfaisant à partir de 1984. Elle sait aussi tirer le maximum de profit, sur le plan politique, de la guerre des Malouines (mars-juin 1982) ; celle-ci a opposé les Anglais aux Argentins débarqués sur l'archipel, qu'ils considéraient comme une fraction de...

Voir aussi