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MADRID

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L'œuvre d'urbanisation des Bourbons

Hospice de San Fernando, Madrid - crédits :  Bridgeman Images

Hospice de San Fernando, Madrid

L'arrivée de la nouvelle dynastie crée des conditions entièrement différentes : volonté de rénovation économique et intellectuelle, de réintégration à l'Europe, volonté de créer une résidence et une capitale dignes d'un grand monarque. Philippe V, élevé à Versailles dont il gardera toujours la nostalgie, songe dès son arrivée à transformer l'Alcázar et le Retiro : des plans sont demandés à Robert de Cotte. Mais les vicissitudes de la guerre de Succession, puis l'édification à La Granja d'un Versailles montagnard (qui sera surtout un « contre-Escorial »), détournent le roi de Madrid jusqu'aux dernières années de son long règne. En revanche, une phase assez brillante d'urbanisme municipal se déroule entre 1715 et 1730, grâce à un corregidor très actif, le marquis de Vadillo, et un grand architecte, baroque jusqu'à l'excès, Pedro de Ribera. L'hospice de San Fernando (aujourd'hui Académie royale qui groupe surtout des peintures des xviie et xviiie siècles), le majestueux pont de Tolède, avec ses rampes d'accès, obélisques et oratoires (1718-1722), la promenade de la Vírgen del Puerto le long du Manzanares, la création de fontaines monumentales attestent un souci nouveau d'allier l'utilité publique et la magnificence. Mais, tandis qu'après l'incendie de 1734, la reconstruction du Palais royal, confiée aux architectes italiens Filippo Juvara et Giovanni Battista Sacchetti, sera pendant vingt-cinq ans le souci majeur des souverains et dotera Madrid d'un des plus imposants monuments d'Europe, c'est la période suivante, le règne de Charles III (1760-1788), qui marque l'âge d'or de l'urbanisme madrilène. Rien n'échappe à la sollicitude de ce souverain, type parfait du « despote éclairé », ni à celle de ses ministres : éclairage et pavage des rues, institution des serenos (veilleurs de nuit), création de manufactures (fabrique de porcelaine du Retiro), construction de grands édifices publics néo-classiques (Poste sur la Puerta del Sol, par le Français Marquet, Douane et Hôpital général par l'Italien Francisco Sabatini), réforme de la Puerta del Sol qui devient le cœur de Madrid, bruyant et gai. Mais l'œuvre essentielle du règne est « périphérique » : c'est l'embellissement des accès de la capitale (portes monumentales d'Alcalá, de San Vincente, etc.), l'urbanisation de la zone située entre les quartiers populeux du sud et le Manzanares, avec la promenade de Delicias ; c'est surtout le grand ensemble de jardins associés à des centres de culture qui se réalise à l'est, entre 1775 et 1790, sous la direction de Sabatini et de l'Espagnol Ventura Rodríguez : le Prado, replanté, décoré de statues et de fontaines dans sa partie centrale (« Salón del Prado »), puis bordé par le musée des Sciences naturelles (aujourd'hui célèbre musée de peinture), construit par Juan de Villanueva, et par un jardin botanique que domine l'Observatoire. L'ensemble, incomplet, reste très séduisant. À l'aube du xixe siècle, les voyageurs étrangers s'accordent à louer les accès de Madrid, « beaux chemins, belles avenues plantées d'arbres », et cette ville qui, « si rien n'excède l'ordinaire, si rien n'étonne par la grandeur des proportions », est « très digne d'être visitée », où « tout est bien, convenable et digne ».

La fontaine de Cybèle à Madrid - crédits : Joe Cornish/ Getty Images

La fontaine de Cybèle à Madrid

Palais Royal à Madrid - crédits : Joe Cornish/ The Image Bank/ Getty Images

Palais Royal à Madrid

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Écrit par

  • : agrégé de géographie, docteur d'État, directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
  • : professeur honoraire à l'université de Toulouse

Classification

Pour citer cet article

Michel DRAIN et Paul GUINARD. MADRID [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 10/02/2009

Médias

Espagne : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Espagne : carte administrative

L'Escorial, 1 - crédits : Noradoa/ Shutterstock

L'Escorial, 1

Plaza Mayor, Madrid - crédits : Françoise Weyl

Plaza Mayor, Madrid

Autres références

  • CASTILLE

    • Écrit par , et
    • 10 285 mots
    • 13 médias
    ...Francisco de Mora, Juan Gómez de Mora, devenu maître des œuvres royales en 1611. Ses fonctions officielles le conduisirent à terminer la Plaza Mayor deMadrid. Il est aussi le créateur d'un type de façade qui connut un grand succès durant tout le siècle (église de la Encarnación à Madrid).
  • COMEDIA, Espagne

    • Écrit par
    • 2 605 mots
    ...représenta aux champs et à la ville, sous les formes les plus pures et les plus corrompues, refontes et adaptations, plagiats et mélanges. Mais c'est Madrid qui donna toujours le ton. Sous Philippe III et ses successeurs, la capitale était devenue une « Babylone » monstrueuse par l'afflux d'une jeune...
  • ESPAGNE (Le territoire et les hommes) - Géographie

    • Écrit par
    • 9 604 mots
    • 9 médias
    La région de Madrid compte, en 2009, 6,3 millions d'habitants, soit 13,4 p. 100 de la population de l'Espagne.
  • GÓMEZ DE MORA JUAN (1586-env. 1648)

    • Écrit par
    • 295 mots

    Neveu et élève de Francisco de Mora, Gómez de Mora poursuivit l'œuvre de libération de l'architecture espagnole commencée par son oncle et conduisit celle-ci jusqu'au baroque. Ses principales sources d'inspiration furent les traités d'architecture italiens ; il s'intéressait...

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