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STAËL GERMAINE DE (1766-1817)

L'écrivain et le pouvoir

De 1795 à 1800, Germaine de Staël lutte pour les idées de la première Révolution et pour la réconciliation des partis, ce qui lui vaut la méfiance du Directoire et l'exil.

Lorsque Bonaparte prend le pouvoir, elle voit en lui l'homme qui sauvera la Révolution. Quand elle publie, en mai 1800, De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales, elle désespère déjà. Dans ce livre, elle fait coïncider préoccupations politiques et préoccupations littéraires en un plaidoyer pour les Lumières et pour la perfectibilité. Une voie est ouverte à l'étude des rapports de la littérature avec la société et la politique. Elle propose aussi de puiser des thèmes nouveaux dans le passé national, réhabilite le Moyen Âge chrétien et démontre la stérilité à laquelle les règles élaborées par l'âge classique condamnent la littérature, thème repris dans ses ouvrages ultérieurs. Le livre est mal accueilli par le nouveau maître qui n'aime pas les remises en question, et par les milieux réactionnaires en politique et en littérature.

Aussi l'époque suivante est-elle vouée à une lutte perdue d'avance. Bonaparte trouve Germaine de Staël trop influente auprès des opposants regroupés autour des généraux Bernadotte et Moreau. En 1803, il la chasse, la plaçant dans la situation désespérante de qui mendie la permission de vivre en son lieu d'élection.

Dans ces années s'affermit en elle l'idée que l'écrivain a un rôle à jouer et que le génie peut aussi bien triompher par la pensée que se réaliser dans l'action. Cela ne peut convenir à Napoléon ; il la classe parmi les irréductibles. L'erreur pour elle a été de croire qu'à force de montrer du talent elle convertirait l'empereur à ses idées ; autre erreur d'imaginer qu'il l'accepterait à Paris sans qu'elle donnât des gages.

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, Paris

Classification

Pour citer cet article

Simone BALAYÉ. STAËL GERMAINE DE (1766-1817) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Portrait de Madame de Staël, F. Gérard - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Portrait de Madame de Staël, F. Gérard

Autres références

  • DE L'ALLEMAGNE, Madame de Staël - Fiche de lecture

    • Écrit par Anouchka VASAK
    • 968 mots
    • 1 média

    La rencontre de Germaine de Staël (1766-1817) avec l'Allemagne est autant le fruit d'un choix esthétique que de circonstances politiques. Ce choix esthétique, elle le formule ainsi dès 1802 : « L'esprit humain qui semble voyager d'un pays à l'autre est à présent en Allemagne. » Mais l'Allemagne est...

  • GERMAINE DE STAËL, DEUX CENTS ANS APRÈS

    • Écrit par Laura BROCCARDO
    • 1 404 mots

    L’année 2017 commémore le bicentenaire de la mort de Germaine de Staël. Le dynamisme de la recherche est soutenu par la Société des études staëliennes, fondée en 1929 et présidée depuis 2015 par Stéphanie Genand, et par sa revue scientifique, les Cahiers staëliens. Le numéro commémoratif...

  • ROMANTISME

    • Écrit par Henri PEYRE, Henri ZERNER
    • 22 170 mots
    • 24 médias
    ...opposa le terme à « classique », et A. W. von Schlegel fit de même à propos de la Phèdre d'Euripide préférée à celle de Racine (1807). Mme de Staël assimila dans De l'Allemagne(1810) la poésie romantique à celle « qui tient de quelque manière aux traditions chevaleresques » et elle compliqua...
  • CONSTANT BENJAMIN (1767-1830)

    • Écrit par Étienne HOFMANN
    • 2 073 mots
    • 1 média

    Appartenant par sa formation à l'époque des Lumières, par sa carrière au xixe siècle, Benjamin Constant est l'un des représentants les plus illustres et les plus controversés de cette période charnière. Témoin privilégié des bouleversements révolutionnaires, il tenta très tôt de les inscrire...

  • FOYERS DE CULTURE

    • Écrit par Gilbert GADOFFRE
    • 9 695 mots
    • 5 médias
    ...plus de cour, plus de salons, plus d'Église. Comment l'âme pourrait-elle survivre au corps ? C'est une réflexion sur cet état de fait qui a inspiré à Mme de Staël un livre perspicace : De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (Paris, 1800). Dans ces pages écrites...
  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIIe s.

    • Écrit par Pierre FRANTZ
    • 7 583 mots
    • 5 médias
    ...désignait au xviiie siècle des écrits d’érudition critique, jusqu’à ce que Louis Sébastien Mercier (De la littérature et des littérateurs) et Germaine de Staël (De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions) lui donnent une acception qui se rapproche de ce que nous...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi