LUTTE BIOLOGIQUE
Les stratégies
La lutte biologique est fondée sur l'exploitation, par l'homme et à son profit, d'une relation naturelle entre deux êtres vivants : la cible, qui est un organisme indésirable (ravageur d'une plante cultivée, mauvaise herbe, agent pathogène ou parasite du bétail) ; l'agent de lutte, ou auxiliaire, qui est le plus souvent un parasite (ou un parasitoïde), un prédateur ou un pathogène de l'espèce cible. Elle repose sur trois stratégies majeures : la préservation et la valorisation d'auxiliaires indigènes en utilisant leur diversité biologique, en promouvant la conservation de leurs habitats et en vérifiant leur compatibilité avec d'autres méthodes agronomiques ; l'introduction-acclimatation d'auxiliaires exotiques à écosystème cible renfermant la cible, qui nécessite des mesures de quarantaine précises, une veille sur les risques non intentionnels et une réglementation sur les transferts de matériels vivants ; les lâchers inondatifs et/ou répétitifs (dans le cas de fortes infestations), qui impliquent une production de masse des auxiliaires par divers procédés adaptés, et le suivi d'une procédure d'homologation.
La lutte biologique par conservation
La lutte biologique par conservation des auxiliaires autochtones s'est développée depuis les années 1990 grâce aux nombreuses mesures réglementaires qui favorisent la gestion des habitats naturels tels que des zones refuges, des bandes enherbées ou des haies de bordure. Elle passe par une meilleure maîtrise des concepts de biologie évolutive, de biologie de la conservation et de l'écologie des interactions plante-ravageur-antagonistes. La lutte biologique par conservation doit donc s'approprier les méthodes de la biologie moléculaire et de la modélisation des espaces et des interactions entre organismes vivants pour comprendre et gérer l'évolution des populations d'auxiliaires.
En France, cette lutte par conservation est utilisée, par exemple, contre des acariens phytophages dont la nuisibilité est notamment reconnue dans la culture des vignes. Elle propose de favoriser l'implantation pérenne de typhlodromes, acariens consommant non seulement ces acariens phytophages mais également des cochenilles, des aleurodes, des thrips et diverses substances végétales comme le pollen. Lorsque cette méthode s'applique en complément de produits chimiques, il est recommandé d'utiliser des acaricides faiblement toxiques afin de ne pas compromettre les chances de colonisation. Cette dernière est fortement influencée par le vent qui apporte naturellement, d'avril à septembre, jusqu'à 2 millions d'acariens acariphages par hectare. Cet apport dépend de la richesse floristique des abords des parcelles puisque les plantes favorables aux typhlodromes doivent présenter une pilosité foliaire qui facilite leur installation et leur alimentation (capture du pollen). La plupart des vignobles français suivent cette stratégie de conservation, parfois même en introduisant des acariens prédateurs supplémentaires pour amorcer le processus de colonisation. Les typhlodromes sont aussi très efficaces dans les vergers de pommiers où ils limitent le nombre d'acariens rouges, dits « tisserands ». Leur efficacité est telle que les moyens chimiques sont devenus le plus souvent superflus.
La lutte biologique par acclimatation
La lutte biologique par acclimatation, ou lutte biologique classique, correspond à l'installation durable d'une population d'auxiliaires prélevés dans un écosystème et introduits dans un autre. Elle est dite inoculative lorsque l'auxiliaire est relâché pour contrôler les pullulations des ravageurs sur le court terme. Cette stratégie vise à anticiper précocement l'attaque significative de la plante cultivée par son ennemi.
Le principe fondamental de cette stratégie[...]
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Écrit par
- Guy RIBA : directeur délégué général de l'Institut national de la recherche agronomique
- René SFORZA : docteur ès sciences, chercheur entomologiste
- Christine SILVY : ingénieur, documentaliste
Classification
Médias
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