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HOLBERG LUDVIG (1684-1754)

La veine comique

En 1717, Holberg obtint une chaire de propédeutique en philosophie à l'université de Copenhague, mais il opta en 1720 pour une chaire de littérature latine. Il venait alors tout juste de faire ses débuts comme poète avec une parodie de Virgile. Une rivalité avec un historien danois, Andreas Hojer, l'avait incité à la satire dans le goût de Juvénal et de Boileau ; il se mit à écrire des alexandrins mordants. Puis, au vu d'une estampe illustrant Le Lutrin de Boileau (les clercs de la Sainte-Chapelle qui se jettent des livres à la tête), il eut l'idée de parodier les soutenances de thèses à l'université de Copenhague, mais il inséra l'épisode brillant qu'il conçut dans un plan plus vaste, la traversée du Cattégat par un marchand danois, lequel est une caricature du plus Aeneas faisant voile depuis Troie pour fonder Rome. Dans ce long poème qui porte le nom du marchand, Peder Paars (1719-1720), Holberg faisait preuve d'un vrai talent de création et de présentation de situations comiques.

À Copenhague, le 23 septembre 1722, un nouveau théâtre avait débuté avec L'Avare de Molière ; le 25 septembre, pour la deuxième représentation, on joua une comédie danoise originale, Le Fondeur d'étain politique de Holberg. Celui-ci, en effet, avait été encouragé à écrire des comédies par des personnages influents qui connaissaient Peder Paars. Et, de 1722 à la fermeture du théâtre, en 1728, il écrivit vingt-cinq comédies qu'il publia sous le titre Le Théâtre danois. Ce dernier titre rappelle Le Théâtre italien qui avait inspiré Holberg autant que Plaute et Molière. Le théâtre de Holberg allie la couleur locale, un fumet de Copenhague et de la province danoise, à une puissante imagination comique, un souffle de farce effrenée. Le fondement de ses comédies est la farce sublime. Copenhague vit et respire dans La Ruelle de l'accouchée, Mascarade, Le Voyage à la source, Jacob von Tyboe, La Versatile, L'Affairé sans affaires, Le Paysan laissé en gage. Avec Jean de France, Holberg créa un type gallomane copenhagois : la pièce fut adaptée notamment en Allemagne et en Russie. On retrouve la petite ville de province dans La Veillée de Noël, Sorcellerie ou Fausse Alerte, le village de campagne dans Jeppe du Mont et Erasmus Montanus. Dans Henrik et Pernille, Holberg anticipe sur le thème de Marivaux dans Le Jeu de l'amour et du hasard. Il y a une grande veine comique dans Ulysse d'Ithaque où Holberg parodie les héros d'Homère.

Ces comédies sont écrites dans un état d'intense ferveur poétique. En 1725-1726, Holberg se rendit en France dans l'intention d'en faire représenter quelques-unes ; il échoua, mais il put écrire Les Invisibles, c'est-à-dire les masqués, sur des impressions de théâtre rapportées de Paris.

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Pour citer cet article

Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN. HOLBERG LUDVIG (1684-1754) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DANEMARK

    • Écrit par Marc AUCHET, Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN, Jean Maurice BIZIÈRE, Régis BOYER, Georges CHABOT, Universalis, Lucien MUSSET, Claude NORDMANN
    • 19 519 mots
    • 14 médias
    ...rationalisme et le piétisme. En littérature, le rationalisme se mua en classicisme fondé sur l'admiration des grands modèles antiques et surtout français. Pendant quarante ans, Ludvig Holberg (1684-1754), né en Norvège, professeur à l'université de Copenhague, donna à sa double patrie des modèles de plusieurs...
  • NORVÈGE

    • Écrit par Marc AUCHET, Régis BOYER, Georges CHABOT, Universalis, Lucien MUSSET, Claude NORDMANN
    • 24 666 mots
    • 24 médias
    Au xviiie siècle, les deux plus grands Norvégiens, Ludvig Holberg et Johann Wessel, écrivent toute leur œuvre en danois. Car le Danemark a agi en colonialiste sévère en Norvège, interdisant l'emploi de la langue norvégienne dans tous les actes officiels et contraignant l'intelligentsia à publier...

Voir aussi