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HOLBERG LUDVIG (1684-1754)

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Histoire et « philosophie »

En 1730, Holberg abandonna sa chaire de professeur de littérature pour une chaire d'histoire. Il avait, en 1729, publié une Description du Danemark et de la Norvège ; parurent ensuite : Histoire du royaume de Danemark (3 volumes, 1732-1735), Histoire de l'Église (1738), Histoire des Juifs (1742). Comme Voltaire, mais avant lui, Holberg mit au point une façon d'écrire l'histoire où la culture, les institutions, la paix ne se tiennent pas dans l'ombre des guerres.

Comme Voltaire encore, Holberg s'entendait aux questions d'argent. Il acheta peu à peu deux domaines, et du fait qu'il était resté sans héritiers – il ne s'était pas marié – il céda de son vivant ses biens à Sorø, un nouvel établissement d'enseignement supérieur pour les disciplines modernes, les sciences politiques, l'économie, l'histoire contemporaine.

Comme Montesquieu et Voltaire, il combattit l'intolérance religieuse, particulièrement dans son roman, Le Voyage souterrain de Niels Klim (1741), écrit en latin pour que sa diffusion, en Europe soit assurée ; le livre fut rapidement traduit en allemand, hollandais, français, anglais et, à la fin du xviiie siècle, en russe et en hongrois. Dans des essais, Pensées morales (1744, traduction française 1748) et Épîtres (1748-1754), Holberg discute toutes les questions de l'époque, sans négliger la critique des notions religieuses qui avait été suscitée par le Dictionnaire de Pierre Bayle. Quand le théâtre danois rouvrit, en 1747, Holberg écrivit quelques comédies philosophiques pour la nouvelle scène, comme Plutus ou le Procès entre Pauvreté et Richesse. Mais ses efforts pour prendre part au dialogue européen sont plus intéressants, et son interlocuteur principal fut Montesquieu. Contre les Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), Holberg écrivit directement en français Conjectures sur les causes de la grandeur des Romains (1752). Il y fait valoir que la cause première de l'extraordinaire ascension de Rome fut de caractère spirituel : une indomptable ardeur, un esprit d'enthousiasme. Comme toute l'Europe, il admirait L'Esprit des lois ; il en rend compte minutieusement dans ses épîtres danoises. Mais il se trouve obligé de défendre l'absolutisme qui, au Danemark, était nouveau et utile. En tant qu'historien érudit, il est en mesure de présenter des objections importantes aux exemples historiques de Montesquieu, dans un petit écrit en français, Remarques sur quelques positions qui se trouvent dans l'Esprit des lois. Cet ouvrage parut le 1er octobre 1753, quatre mois avant la mort de Holberg et seize mois avant celle de Montesquieu.

— Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN

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Pour citer cet article

Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN. HOLBERG LUDVIG (1684-1754) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • DANEMARK

    • Écrit par , , , , , , et
    • 19 519 mots
    • 14 médias
    ...rationalisme et le piétisme. En littérature, le rationalisme se mua en classicisme fondé sur l'admiration des grands modèles antiques et surtout français. Pendant quarante ans, Ludvig Holberg (1684-1754), né en Norvège, professeur à l'université de Copenhague, donna à sa double patrie des modèles de plusieurs...
  • NORVÈGE

    • Écrit par , , , , et
    • 24 666 mots
    • 24 médias
    Au xviiie siècle, les deux plus grands Norvégiens, Ludvig Holberg et Johann Wessel, écrivent toute leur œuvre en danois. Car le Danemark a agi en colonialiste sévère en Norvège, interdisant l'emploi de la langue norvégienne dans tous les actes officiels et contraignant l'intelligentsia à publier...