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LOUIS XVIII (1755-1824) roi de France (1814-1815 et 1815-1824)

Né à Versailles, troisième fils du dauphin Louis et de Marie-Josèphe de Saxe, Louis Stanislas Xavier reçut le titre de comte de Provence. Intelligent et ambitieux, il se composa le personnage du prince éclairé et lettré, tout en frondant sournoisement le gouvernement de son frère Louis XVI, notamment à l'Assemblée des notables en 1787. En juin 1791, alors que le roi échouait, à Varennes, dans sa tentative de fuite, il réussissait à passer la frontière belge. Assumant le rôle de régent de la couronne pour son frère captif, il s'efforça de mobiliser contre la France révolutionnaire les monarques européens. La mort de son neveu Louis XVII, en juin 1795, lui permit de se proclamer roi de France sous le titre de Louis XVIII. Il résidait alors à Vérone. L'irruption des Français en Italie l'obligea de se réfugier d'abord en Allemagne puis dans les États du tsar, à Varsovie et à Mittau (Courlande), enfin, en Angleterre, au château de Hartwell (1807). Il se faisait appeler alors le comte de Lille. Après le 18-Brumaire, croyant faire jouer à Bonaparte le rôle de Monk, il lui écrivit, dès le 20 février 1800, pour lui demander de restaurer tout bonnement la monarchie légitime. Bonaparte ne songea à lui répondre que le 7 septembre : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur 100 000 cadavres. » Louis XVIII attendit donc. La chute de Napoléon amena la restauration de la monarchie bourbonienne ; Louis XVIII rentra à Paris le 3 mai 1814, accueilli avec soulagement par une grande part de la nation comme garant d'un retour à la paix avec l'Europe et de la fin de la dictature militaire. Restauré par les victoires des ennemis de la nation, mal vu de tous ceux que leur conviction, leur fidélité ou leur intérêt liaient à la Révolution ou à l'Empire, il avait une partie difficile à jouer et la débuta fort mal. Il consentit à octroyer, en la datant de la dix-neuvième année de son règne, une charte constitutionnelle, puis laissa son gouvernement accumuler les maladresses dans une totale méconnaissance de la France nouvelle qui était née depuis vingt-cinq ans. Que Napoléon ait pu reconquérir la France en vingt jours sans tirer un coup de feu, lors du retour de l'île d'Elbe, fait assez mesurer l'échec de la première Restauration. Louis XVIII dut alors se réfugier à Gand, où il demeura pendant les Cent-Jours, soutenant la fiction d'une alliance avec les autres souverains contre la seule personne de Napoléon et non contre la France ; ce qui devait lui permettre, après son second retour à Paris (8 juill. 1815), d'atténuer quelque peu les conséquences de la défaite de Waterloo. Il sut alors tirer les leçons des sottises et des fautes de son premier rétablissement ; il s'efforça de limiter les représailles que voulaient exercer les royalistes exaspérés contre les partisans de Napoléon et de promouvoir une réconciliation nationale. L'assassinat de son neveu, le duc de Berry, le 13 février 1820, compromit ces efforts, amenant la chute du ministre Decazes, son favori, qui avait incarné cette politique libérale. Affaibli par ses infirmités, adroitement circonvenu par une nouvelle favorite, Mme du Cayla, le roi laissa son frère et héritier, le futur Charles X, prendre une influence croissante sur le gouvernement ; le duc de Richelieu, qui avait été rappelé au pouvoir après la chute de Decazes, fut obligé de se retirer ; le nouveau ministère, investi en décembre 1821, fut composé d'ultraroyalistes décidés à consolider la réaction ; leur chef, le comte de Villèle, devait garder le pouvoir jusqu'à la fin de 1827. Le fait marquant de la fin du règne fut l'intervention de la France en Espagne pour y écraser le régime libéral, issu du pronunciamiento de janvier 1820.

— Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY[...]

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Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY. LOUIS XVIII (1755-1824) roi de France (1814-1815 et 1815-1824) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BERRY CHARLES FERDINAND duc de (1778-1820)

    • Écrit par Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY
    • 204 mots

    Second fils du comte d'Artois, le futur Charles X, le duc de Berry, se réfugie en Angleterre après avoir servi dans l'armée des émigrés de Condé ; il ne rentre en France qu'en 1814. D'une intelligence et d'une éducation sommaires, emporté et adonné aux plaisirs, il est pourtant généreux, courageux...

  • DECAZES ÉLIE duc (1780-1860)

    • Écrit par Guillaume de BERTHIER DE SAUVIGNY
    • 353 mots

    Fils d'un lieutenant au présidial de Libourne (Gironde), juge au tribunal de la Seine (1805), conseiller à la cour impériale de Paris (1810), attaché à la maison de Madame Mère puis à Louis Bonaparte, Decazes prend parti avec éclat contre l'Usurpateur lors du retour de Napoléon en mars 1815 ; cela...

  • DIRECTOIRE

    • Écrit par Michel EUDE
    • 4 547 mots
    • 1 média
    ...entre le roi et la nation – une nation dont les « honnêtes gens » formeraient la classe dirigeante. Mais pas plus que Louis XVI, son successeur en exil, Louis XVIII, n'était disposé à accepter une telle solution. On voit dès lors l'équivoque des élections de l'an V (printemps 1797) : les Français qui donnèrent...
  • ÉMIGRATION (1789-1814)

    • Écrit par Ghislain de DIESBACH
    • 1 260 mots

    Mesure de sûreté pour quelques personnages voués à la vindicte populaire après les troubles de juillet 1789 qu'ils ont vainement tenté de réprimer, l'émigration apparaît vite comme une révolte contre la Révolution. Le comte d'Artois, frère cadet du roi, le prince de Condé et sa famille, ainsi...

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Voir aussi