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ANDRIESSEN LOUIS (1939-2021)

Reconnu comme l'un des principaux compositeurs néerlandais contemporains, Louis Andriessen a assuré un rôle de tout premier plan dans le monde musical européen. Influencé par des compositeurs comme Jean-Sébastien Bach, Maurice Ravel, Igor Stravinski ou Thelonious Monk, il a généralement privilégié les sonorités puissantes évoquant parfois les big bands ou la pop music. Du sérialisme à la musique répétitive, Louis Andriessen s'est essayé à tous les genres et a participé à des expériences esthétiques très diverses.

Né à Utrecht, le 6 juin 1939, Louis Andriessen étudie la composition avec son père, Hendrik Andriessen, également compositeur, avant de parfaire ses connaissances musicales au Conservatoire royal de La Haye, auprès de Kees van Baaren. Après y avoir obtenu un premier prix de composition, il poursuit ses études avec Luciano Berio, à Milan (1962-1963) puis à Berlin (1964-1965). Dans les années 1960, il est l'un des principaux compositeurs sériels des Pays-Bas. De cette période datent des pièces comme Séries, pour deux pianos (1958), Nocturnen, pour soprano et orchestre de chambre (1959), Ittrospezione II, pour grand orchestre (1963), Registers (1963) et Souvenirs d'enfance (1966), pour piano, Anachronie II, pour hautbois et orchestre de chambre (1969). Compositeur très prolixe, Louis Andriessen écrit pour toutes les formations, aussi bien pour instrument seul que pour grand orchestre.

En 1969, il participe à l'élaboration d'un premier opéra collectif (avec Reinbert de Leeuw, Misha Mengelberg, Peter Schat et Jan van Vlijmen), Reconstructie, avec dispositif électronique. Le début des années 1970 est marqué par un changement radical d'esthétique : il découvre les compositeurs américains (au premier rang desquels George Gershwin, Leonard Bernstein, Nat King Cole, Charlie Parker) mais aussi la musique d'Edgar Varèse et celle d'Igor Stravinski. Il crée alors en 1972 un orchestre d'instruments à vent, De Volharding, pour lequel il écrit une pièce du même nom, ainsi que On Jimmy Yancey (1973).

À partir de 1975, il commence à réfléchir sur l'implication de la musique dans la politique. De cette réflexion naît De Staat (1976), œuvre très « américaine » – il s'agit d'une musique répétitive – mais dont la thématique est en même temps fondamentalement européenne. En effet, on ne trouve pas de compositeur américain capable d'utiliser, comme ici, des textes aussi sérieux que ceux de La République de Platon. On peut alors se demander ce que la musique a à voir avec l'État, une réflexion sur la chose publique ou sociale. Mais, pour Andriessen, l'acte compositionnel n'est pas une activité supra-sociale : « La manière dont on se sert des matériaux musicaux, les techniques qu'on emploie et la manière dont on les met en œuvre, les instruments pour lesquels on écrit sont très fortement déterminés par les circonstances sociales de l'auteur, par sa préparation, son entourage, son expérience auditive et par le fait qu'il y a dans son environnement des orchestres symphoniques et des subventions. » En effet, dans l'acte de création, seul le matériau musical abstrait – la durée et le rythme, par exemple – sont au-delà du social : il n'y a pas en soi d'accord fasciste ! Mais à partir du moment où on organise la matière musicale, celle-ci semble devenir pour le compositeur un fait social. D'un point de vue purement musical, De Staat n'a rien à voir avec la musique grecque, si l'on excepte l'emploi de quelques instruments, comme la harpe ou le hautbois, dont on sait qu'ils sont apparus dans la Grèce antique, ou encore de tétracordes, succession de quatre notes dans l'étendue d'une quarte juste.

En 1989, Mattheus passie (1976),Orpheus (1977) et De Materie (1989) sont mis en scène par[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

Classification

Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. ANDRIESSEN LOUIS (1939-2021) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • OPÉRA - Histoire, de Pelléas à nos jours

    • Écrit par Harry HALBREICH, Christian MERLIN
    • 6 050 mots
    • 10 médias
    ...1992) créent surtout un statisme antidramatique, dont les épigones postmodernes sont encore moins convaincants (Mary of Egypt de John Tavener, 1992). Résolument « branchées », les œuvres de Louis Andriessen tentent quant à elles d'intégrer les nouvelles technologies interactives à la scène lyrique,...

Voir aussi