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LES CHOSES. UNE HISTOIRE DE LA NATURE MORTE (exposition)

Vivant ? Non-vivant ?

Après la section intitulée « Sélectionner, collectionner, classer » où se glissait une œuvre très élaborée de Salvador Dalí, Nature morte vivante (1956, musée Dalí, Saint Petersburg, Floride), toile dans laquelle le désordre prend le pas sur le classement dans une sorte de parodie de la modernité, on s’acheminait avec « Reclasser » vers les étranges allégories naturalistes d’Arcimboldo, drôlement revisitées par le Pragois Jan Švankmajer dans le court-métrage d’animation Les Possibilités du dialogue (1982). Les subtiles peintures d’animaux morts de Chardin (Un lapin, deux grives mortes et quelques brins de paille sur une table de pierre, vers 1755, musée de la Chasse et de la Nature, Paris) ouvraient parallèlement la porte tant aux représentations animalières de la fragilité de la vie rassemblées dans la section « La bête humaine », en particulier Chat mort de Géricault (vers 1820, musée du Louvre, Paris), confronté notamment à Cabeza de vaca d’Andres Serrano (1984, collection Antoine de Galbert, Paris), qu’aux merveilleux morceaux de peinture réunis dans « La vie simple » (Édouard Manet, Le Citron, 1880, musée d’Orsay, Paris).

Avec « Vanité » s’imposait évidemment le crâne, figure symbolique de la fragilité de la vie terrestre, que l’on trouve déjà à Pompéi, mais qui ressurgit dans les memento mori de l’âge baroque et retrouve toute sa place, sous des formes diverses, dans la modernité et l’art contemporain, par exemple chez Gerhard Richter (Schädel,1983, Musée départemental d’art contemporain de la Haute-Vienne, Rochechouart). L’idée de la mort s’infiltre aussi chez Piero Manzoni (Fiato d’artista, 1960, Tate, Londres), Miquel Barceló (Grisaille à l’espadon, 2021, collection de l’artiste, Paris) et plus encore chez Ron Mueck (Still Life, 2009, courtesy de l’artiste et de Thaddaeus Ropac).

Les temps modernes ne manquent pas d’« objets poétiques » (La Table d’Alberto Giacometti, 1933, Musée national d’art moderne, Centre Georges-Pompidou, Paris) ni de « choses humaines » (dont les « poupées » menaçantes de Thomas Schütte et d’Alex Burke). Il revenait pourtant à la séquence qui montre le dynamitage des fétiches de l’Amérique capitaliste dans le film de Michelangelo Antonioni, Zabriskie Point (1970, Burbank, Californie, Warner Bros), de conclure cette longue histoire de splendeur, d’intime méditation et de trépas qui est celle de la nature morte.

— Robert FOHR

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Média

<em>Nature morte aux légumes</em>, F. Snyders - crédits : Staatliche Kunsthalle Karlsruhe ; CC0

Nature morte aux légumes, F. Snyders