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LE VOYAGE D'HIVER DE SCHUBERT (I. Bostridge) Fiche de lecture

Né le 25 décembre 1964 à Londres, Ian Bostridge est un grand interprète au répertoire varié : Schubert, Purcell, Monteverdi, Bach, Britten ou Thomas Adès. Le ténor britannique a notamment étudié le chant à l’école Britten-Pears d’Aldeburgh, puis auprès de Dietrich Fischer-Dieskau, en même temps que la philosophie et l’histoire dans les prestigieuses universités de Cambridge et d’Oxford. Ses multiples talents résonnent dans l’essai atypique Le Voyage d’hiver de Schubert. Anatomie d’une obsession, qu’il consacre au cycle de lieder par excellence, le Voyage d’hiver du compositeur autrichien Franz Schubert (1797-1828).

L’exil intérieur

L’ouvrage est le fruit d’une longue fréquentation du cycle Winterreise pour voix et piano que le maître du lied romantique composa en 1827, à la fin de sa courte vie. Parue à Londres en 2015, traduite de l’anglais et de l’allemand par Denis-Armand Canal (Actes Sud, 2018), cette somme musicologique habilement illustrée comprend une introduction, vingt-quatre chapitres traitant chacun de l’un des vingt-quatre lieder, un postlude et une bibliographie. Chaque chapitre reprend un titre et un poème lyrique de Wilhelm Müller (1794-1827) en version bilingue (allemand-français) et développe un essai avec des citations en exergue, des illustrations (photographies, tableaux, extraits de partitions, voire graphiques, etc.) et parfois un post-scriptum.

<em>Voyageur contemplant une mer de nuages</em>, C. D. Friedrich - crédits : Bridgeman Images

Voyageur contemplant une mer de nuages, C. D. Friedrich

Le Voyage d’hiver de Schubert reconstruit un récit à partir des vers que Wilhelm Müller, poète du premier romantisme allemand, destinait à être chantés. Si les vingt-quatre lieder narrent les rêveries d’un voyageur solitaire en hiver, souffrant d’un amour impossible, chacun d’entre eux offre, à partir de mots clés ou de motifs, une méditation infinie sur la condition de l’artiste dans la société et l’histoire, l’amour, la sexualité, la solitude, le silence et la mort.

L’essai suit l’ordre du cycle des lieder. Il se déroule comme une enquête et un voyage initiatique. Ian Bostridge part d’un mot ou bien de la musique (rythme, tonalité ou notes). Ainsi, dans le premier lied et chapitre (« Bonne nuit ») qui ouvre le cycle à la manière d’une fin de conte (l’éloignement amoureux), la méditation naît de sa propre expérience de chanteur ; puis se tissent des réflexions sur la genèse du texte (les poèmes de Wilhelm Müller, l’influence de Byron et Goethe), le mythe du voyageur étranger en son propre pays, ses échos postmodernes (Beckett) et ses sources (La Nouvelle Héloïse de Rousseau). Le vingt-quatrième et dernier chapitre (« Le Joueur de vielle ») comprend, outre le poème de Müller, une citation décalée de Mendelssohn, la reproduction d’un tableau de Georges de La Tour (Le Vielleur), puis des commentaires sur la lyre, le lyrisme, l’histoire de la vielle, la « musique pauvre », le chant classique et moderne, le statut précaire de l’artiste malade et la mort (illustrée par une reproduction de Holbein).

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en littérature française, écrivain

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Pour citer cet article

Yves LECLAIR. LE VOYAGE D'HIVER DE SCHUBERT (I. Bostridge) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>Voyageur contemplant une mer de nuages</em>, C. D. Friedrich - crédits : Bridgeman Images

Voyageur contemplant une mer de nuages, C. D. Friedrich

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