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LE MONDE NOUVEAU DE CHARLOTTE PERRIAND (exposition)

La fondation Louis Vuitton accueille du 2 octobre 2019 au 24 février 2020 une ambitieuse exposition consacrée à la conceptrice de mobilier et architecte d’intérieur Charlotte Perriand (1903-1999). Son nom reste souvent associé à ceux des architectes Le Corbusier et Pierre Jeanneret, avec qui elle conçut en 1928 plusieurs meubles en tubes métalliques, devenus des « classiques » de la modernité : la série LC, désormais fabriquée et diffusée par l’entreprise italienne Cassina, grand sponsor de la manifestation, qui assure également la réédition des meubles signés par la designer seule. Pourtant, la carrière de Perriand dépasse sans conteste celle d’une « petite main » placée au service de grands architectes pour assurer la décoration intérieure de leurs édifices. Son œuvre, mais aussi son engagement politique et professionnel, son ouverture aux cultures du monde (en particulier celle du Japon, où elle séjourna plusieurs années), ses collaborations avec les acteurs de l’art et de l’industrie en font une figure incontournable de l’art de vivre au xxe siècle.

Une œuvre plurielle

La diversité de son travail est mise en avant dans l’exposition, qui se déploie dans l’ensemble du bâtiment conçu par Frank Gehry, et même dans son jardin : diversité disciplinaire, puisque son domaine d’action va du dessin de meubles à l’architecture, en passant par la photographie, la direction artistique et l’aménagement d’espaces domestiques ou publics ; diversité d’échelle d’intervention, de l’objet au territoire ; diversité de matériaux, du métal sous de nombreuses formes au bois brut ou d’œuvre, en passant par celle des revêtements ; diversité de techniques, des plus industrielles aux plus artisanales ; enfin, diversité géographique, de Paris au Japon en passant par le Brésil, de la densité des métropoles aux grands paysages montagneux. L’une des déclarations favorites de Charlotte Perriand – « Me définir, c’est me limiter » – est donc loin d’être une figure de style.

Le parcours de l’exposition est organisé de manière chronologique, ce qui a l’avantage, vu la variété formelle des salles réparties sur les quatre niveaux du bâtiment aux lignes éclatées, de ne pas égarer le visiteur. Celui-ci se voit donc conduit des années 1920, avec la formation de Perriand à l’école de l’Union centrale des arts décoratifs, à sa dernière œuvre environnementale, la Maison de thé, construite dans les jardins du siège de l’UNESCO à Paris en 1993, et malheureusement détruite depuis. L’ensemble de l’exposition est aussi opulent que passionnant. Elle rassemble de très nombreuses œuvres – originales ou reconstituées, parfois spécialement pour l’exposition – élégamment scénographiées. À cet égard, le morceau de bravoure de la manifestation est la reconstitution à l’échelle 1 de sept des espaces aménagés par Perriand, seule ou en collaboration. Ainsi mis en situation, les tabourets, chaises, fauteuils, banquettes, lampes, tables, guéridons, bureaux, consoles et autres bibliothèques qu’elle a conçus pendant soixante-dix ans retrouvent leur environnement d’origine, ce qui enrichit considérablement notre compréhension et notre appréciation de ces biens de consommation au service d’un authentique « nouvel art d’habiter ».

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Écrit par

  • : chercheuse au Laboratoire architecture culture société, UMR AUSSER CNRS de l'École nationale supérieure d'architecture Paris-Malaquais

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Pour citer cet article

Guillemette MOREL JOURNEL. LE MONDE NOUVEAU DE CHARLOTTE PERRIAND (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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