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MERCURE DE FRANCE LE

Francis Jammes - crédits : Kluger & Szigethy/ ullstein bild/ Getty Images

Francis Jammes

Le Mercure de France, dont le premier numéro parut le 1er janvier 1890, fut fondé par un groupe de jeunes écrivains (G. Albert Aurier, J. Court, L. Denise, E. Dubus, L. Dumur, R. de Gourmont, J. Leclercq, E. Raynaud, J. Renard, A. Samain) qui, « ayant découvert les capacités administratives d'Alfred Vallette, avaient décidé de se mettre sous sa direction » (Remy de Gourmont : Promenades littéraires, IVe série). Sous la houlette de Vallette et de son épouse Rachilde, Le Mercure de France, qui fut d'abord une revue, puis, conjointement à partir de 1894 une maison d'édition, exerça une influence prépondérante sur l'intelligentsia parisienne. Ouvert aux jeunes talents, aux écoles littéraires (notamment le symbolisme) et aux avant-gardes, aux poètes (Henri de Régnier, Francis Jammes) comme aux romanciers (Gide, Duhamel), aux dramaturges (Jarry, Claudel) et aux essayistes (L. Bloy), Le Mercure de France a contribué au rayonnement des idées et de l'art moderne. Grâce à lui, les littératures étrangères ont été mieux connues (Yeats, Musil, Borges, Séféris) et la critique contemporaine a disposé d'une tribune (Caillois, Sollers).

Vallette, jusqu'au début de la Première Guerre mondiale, parvint à maintenir une politique d'éditions audacieuses. En dépit de graves erreurs (il refusa, sur les conseils de Rachilde, de publier Proust) et de la concurrence venue de La Nouvelle Revue française (1909) animée par Gide, Copeau, Schlumberger, Rivière et Paulhan, il tenta de consolider l'activité et le renom de sa maison. Il reste que Gallimard et Les Nouvelles littéraires (1922), autant que les grands contemporains qu'il n'eut pas le flair d'éditer, ont diminué le prestige du Mercure. Après la mort de Vallette, en 1935, Georges Duhamel, J. Bernard, M. Hartmann, M. Hérold, S. Silvestre de Sacy et G. Picon dirigèrent l'auguste maison. Gaëtan Picon, dernier directeur, avait relancé les perspectives comparatistes de la revue, qui disparut en 1965. Des difficultés financières provoquèrent le rachat du Mercure de France par la maison Gallimard. Simone Gallimard s'efforça alors de restaurer l'éclat et le renom de cette maison d'édition qui a symbolisé en France comme à l'étranger la qualité de l'esprit français. Une place à part doit être faite à Paul Léautaud, secrétaire du Mercure de 1908 à 1941, et critique dramatique (Les Théâtres de Maurice Boissard) dont le Journal constitue une indispensable source d'informations sur l'histoire du Mercure pendant plus de trente ans.

— Claude DAUPHINE

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Écrit par

  • : agrégée des lettres, professeur de classes préparatoires au lycée Masséna

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Pour citer cet article

Claude DAUPHINE. MERCURE DE FRANCE LE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Francis Jammes - crédits : Kluger & Szigethy/ ullstein bild/ Getty Images

Francis Jammes

Autres références

  • LÉAUTAUD PAUL (1872-1956)

    • Écrit par Antoine COMPAGNON
    • 390 mots

    Fils d'un souffleur de la Comédie-Française, abandonné par sa mère, romancier essayiste, critique, mémorialiste, Paul Léautaud parle surtout de lui-même. En 1900, il publie avec Van Bever Les Poètes d'aujourd'hui, une anthologie du symbolisme, qui fut rééditée jusqu'en 1956....

  • MERCURE GALANT LE

    • Écrit par Bernard CROQUETTE
    • 444 mots

    L'un des premiers périodiques français, fondé en 1672 par Donneau de Visé, afin de fournir au public parisien et provincial des nouvelles de la Cour et de la ville, et de rendre compte de tous les événements, mondains (naissances, mariages, décès, nominations, fêtes, concerts, cérémonies religieuses)...

  • NABIS

    • Écrit par Antoine TERRASSE
    • 3 183 mots
    • 5 médias
    ...femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » En mars 1891, dans Le Mercure de France, fondé un an auparavant, le jeune critique Albert Aurier procédait à l'établissement des bases du symbolisme en peinture. « L'œuvre...
  • RACHILDE MARGUERITE EYMERY dite (1860-1953)

    • Écrit par Claude DAUPHINE
    • 719 mots

    Née le 11 février 1860 dans la demeure familiale du Cros, proche de Périgueux, Marguerite Eymery (Rachilde, en littérature) connaît une enfance et une adolescence troublées, qu'elle passe entre un père officier de carrière préoccupé de ses chevaux plus que de sa fille et une mère dépressive...

  • Afficher les 8 références

Voir aussi