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MERCURE GALANT LE

L'un des premiers périodiques français, fondé en 1672 par Donneau de Visé, afin de fournir au public parisien et provincial des nouvelles de la Cour et de la ville, et de rendre compte de tous les événements, mondains (naissances, mariages, décès, nominations, fêtes, concerts, cérémonies religieuses) et littéraires (sermons, nouvelles pièces, nouveaux livres, séances de l'Académie française). Six volumes (de plus de deux cents pages) paraissent dans les deux premières années. Après une interruption, le journal reprend en 1677 ; il devient mensuel. En 1682, Donneau de Visé s'associe à Thomas Corneille. Agrémenté d'illustrations, publiant des nouvelles et des pièces de vers, des énigmes et des histoires fabuleuses dont la fin est différée de numéro en numéro, Le Mercure galant conquiert rapidement de nombreux lecteurs et surtout de nombreuses lectrices (il donne une large place aux histoires amoureuses et comporte une chronique de mode). Les deux directeurs comprennent l'intérêt qu'ils ont à insérer des articles publicitaires dans leur périodique et tirent habilement profit de son audience auprès du public : les trafics d'influence auxquels donne lieu le journalisme naissant ont été dénoncés violemment par Fatouville dans Arlequin Mercure galant et dépeints par Boursault dans une comédie (composée de sketches amusants ayant pour cadre les bureaux de la revue) qui devait s'intituler Le Mercure galant et dont Donneau de Visé réussit à faire interdire le titre (si bien qu'elle s'appelle La Comédie sans titre). Le Mercure galant joue un rôle non négligeable dans la querelle des Anciens et des Modernes : il ouvre ses colonnes à Fontenelle et tente d'empêcher l'élection à l'Académie française de La Bruyère qui, dans les Caractères, écrit : « Le H.G. (Hermès Galant) est immédiatement au-dessous de rien. » Prenant parti pour Quinault contre Racine, il encourage en toutes occasions la préférence de ses lecteurs pour les mondanités et la galanterie. À la mort de Donneau de Visé en 1710, le périodique dont l'influence n'a cessé de croître est repris par Dufresny, qui tente de le rajeunir avant de céder son privilège. Celui-ci passera de main en main ; en 1724, Le Mercure galant (qui était devenu Le Nouveau Mercure) prend le titre de Mercure de France. Il tiendra une place importante dans le monde des lettres (en particulier sous la direction de Marmontel, puis celle de La Harpe) et ne disparaîtra qu'en 1832.

— Bernard CROQUETTE

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître assistant à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Bernard CROQUETTE. MERCURE GALANT LE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CORNEILLE THOMAS (1625-1709)

    • Écrit par Jean MARMIER
    • 409 mots

    À la fois bénéficiaire et victime de la gloire de son « grand » frère, Thomas Corneille s'applique, semble-t-il, à le suivre en tout point, de loin, avec vénération et, plus encore, avec une indéfectible et chaude affection, d'ailleurs réciproque. Né à Rouen, dix-neuf ans après lui, il étudie le...

  • LESAGE ALAIN-RENÉ (1668-1747)

    • Écrit par Roger LAUFER
    • 1 277 mots
    ...brigands ressemblent à ceux d'Ali Baba, les grands seigneurs rapportent des aventures fort romanesques. Cela plaît à la cour de Sceaux et aux lectrices du Mercure galant, pour qui Lesage adapte assez fidèlement, en 1717, le Roland amoureux de Matteo Boiardo (1441-1494). Mais les beaux sentiments, les scènes...

Voir aussi