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FINNO-OUGRIENNES LANGUES

La famille finno-ougrienne : relations internes et externes

L'appellation de la famille s'explique par l'identification de deux grands groupes de langues plus ou moins étroitement reliées entre elles : un groupe fennique où le finnois domine et un groupe ougrien dont le hongrois est le représentant à la fois le plus occidental et le plus important. Les linguistes comparatistes raisonnent comme si fennique et ougrien avaient constitué la première différenciation d'une entité plus ancienne, le finno-ougrien, localisé sur le versant européen de l'Oural et peut-être jusqu'au cours moyen de la Volga. On situe généralement vers le milieu du IIIe millénaire le commencement du processus de dislocation par migrations successives qui a progressivement brisé l'unité linguistique. Pendant la période d'unité, les Finno-Ougriens, partis des abords de l'Oural, avaient vécu en contact avec des populations parlant un indo-européen de la lignée indo-iranienne et emprunté à cette langue des éléments de vocabulaire aisément identifiables, comme le nom de nombre « cent », le nom de l'abeille et celui du miel, etc.

Les langues de l'ensemble finno-ougrien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les langues de l'ensemble finno-ougrien

Le tableau classique des relations entre les langues de l'ensemble finno-ougrien suppose une première séparation : l'ougrien se détache, appelé lui-même à se différencier ultérieurement pour aboutir au hongrois d'une part, à l'ob-ougrien de l'autre, cette branche donnant l'ostiak et le vogoul. Le groupe restant, dit finno-permien, aurait maintenu sa cohésion pendant environ un millénaire, puis le permien s'en serait détaché, différencié ensuite en zyriène et en votiak ; le reste du groupe, dit finno-volgaïque, aurait abouti d'une part au volgaïque, différencié ensuite en mordve et en tchérémisse, d'autre part au finnois de la Baltique ou balto-finnois, dont les variétés ont été indiquées.

Ce tableau laisse de côté le groupe lapon, qui embarrasse les comparatistes, les uns le considérant comme une branche ouralienne sœur du finno-ougrien, les autres l'intégrant au finno-ougrien jusqu'à le considérer parfois comme une langue balto-finnoise fortement différenciée. D'autres difficultés subsistent d'ailleurs, l'unité ougrienne, par exemple, étant contestée.

Les langues finno-ougriennes constituent la branche la plus importante d'une famille plus vaste dite ouralienne, dont l'autre branche, de bien moindre extension, est représentée par les langues samoyèdes de Sibérie occidentale, parlées par 30 000 individus à peine.

L'ouralien commun, qu'on situe au-delà de l'Oural avant le milieu du IVe millénaire, a été rapproché de l' altaïque, ensemble encore discuté représenté par le turc, le mongol, le toungouze ; ce rapprochement donne une vaste famille ouralo-altaïque que certains élargissent encore en y intégrant diverses langues, notamment l'eskimo. On voit des hypothèses plus hardies : il s'est trouvé des linguistes pour relier le finno-ougrien à l'indo-européen, mais les critères sur lesquels se fondent ces comparaisons restent bien fragiles.

— Jean PERROT

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université de Paris-XIII, président fondateur de l'Institut international Charles-Perrault

Classification

Pour citer cet article

Jean PERROT. FINNO-OUGRIENNES LANGUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Les langues de l'ensemble finno-ougrien - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les langues de l'ensemble finno-ougrien

Autres références

  • ÉPOPÉE

    • Écrit par Emmanuèle BAUMGARTNER, Maria COUROUCLI, Jocelyne FERNANDEZ, Pierre-Sylvain FILLIOZAT, Altan GOKALP, Roberte Nicole HAMAYON, François MACÉ, Nicole REVEL, Christiane SEYDOU
    • 11 781 mots
    • 7 médias
    L'inventaire des genres épiques dispersés dans l'immense diaspora finno-ougrienne – essentiellement localisée, à l'exception du hongrois, dans des contrées nordiques qui vont de la Norvège à la Sibérie occidentale – fait appel à quelques notions clés : parenté étroite entre prose et ...
  • LAPONS

    • Écrit par Jean-Luc MOREAU
    • 3 014 mots
    ...La langue lapone – il vaudrait mieux dire les parlers lapons, tant l'écart est grand entre les différents dialectes – fait partie de la famille finno-ougrienne. Si la géographie, d'une part, de nombreuses ressemblances, surtout lexicales, de l'autre, suggèrent une parenté plus étroite avec les...
  • MARI, ethnie

    • Écrit par Charles URJEWICZ
    • 879 mots

    Connus dans le passé sous le nom de Tchérémisse (ce nom apparaît dans les manuscrits du xe siècle), les Mari se nomment eux-mêmes mar, mari, marii, mar signifiant homme. Ils vivent essentiellement dans les régions centrales de la Volga. Environ 345 000 d'entre eux habitaient la république...

  • MORDVE

    • Écrit par Charles URJEWICZ
    • 669 mots
    • 1 média

    Nationalité de langue finno-ougrienne, les Mordve était au nombre de 1 073 000 lors du recensement de 1989 (0,7 p. 100 de la population soviétique totale). Le territoire des Mordve devint en 1930 une région autonome, et en 1934 république socialiste soviétique autonome des Mordve. En janvier 1991,...

Voir aussi