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L'ÉCOLE DES FEMMES, Molière Fiche de lecture

Après le succès de L'École des maris (1661), Molière (1622-1673) décide de reprendre la même intrigue : une jeune fille échappe à son tuteur, un barbon, pour épouser un jeune homme qu'elle aime et dont elle est aimée. Le naturel et l'innocence triomphent du pouvoir et de l'argent. La farce venue de la tradition médiévale nourrit le ridicule d'Arnolphe, comme elle constituait celui du Sganarelle de L'École des maris. Enfin, un quiproquo central est le ressort majeur de l'intrigue. Apparemment, rien de très original ni de bien dangereux pour quiconque. Pourtant, cette comédie en cinq actes et en vers nommée L'École des femmes, représentée pour la première fois le 26 décembre 1662, va donner lieu à l'une de ces grandes querelles dont le xviie siècle est friand.

Le triomphe de l'amour

<em>L'École des femmes</em> de Molière, mise en scène de Jacques Lassalle - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

L'École des femmes de Molière, mise en scène de Jacques Lassalle

Face à un faux père, faux amant faux fiancé, Arnolphe, qui ne tient aucun compte de ce que Chrysalde, son ami honnête et raisonneur, lui conseille, Agnès est d'abord une proie « naturelle » : elle vacille, plie, mais apprend l'amour et résiste en son nom. M. de La Souche, alias Arnolphe, a élevé Agnès en ignorante de la vie et du monde pour s'en faire une épouse sûre et éviter tout cocuage. Mais, comme dans tant de comédies, Arnolphe s'est absenté. À son retour, il apprend qu'un jeune homme, Horace, a courtisé la belle et qu'il a même été reçu par elle dans sa propre maison. Mieux, Agnès, en toute candeur, avoue la chose et lui demande de pouvoir épouser le jeune homme. Ce à quoi Arnolphe lui rétorque qu'elle est promise à un autre, et la met sous clé. Suit le quiproquo : Horace, qui ne connaît Arnolphe que sous son autre nom et ne sait pas qu'il est le tuteur d'Agnès, lui confie sa bonne fortune. À chaque révélation de l'amant répond un monologue enragé du barbon.

Farce et roman s'enchaînent : la découverte de l'amour coïncide, pour Agnès, avec l'expérience de la ruse. La jeune fille reçoit et envoie des billets tendres, fait monter son amoureux chez elle et décide de s'enfuir avec lui, ce qu'Arnolphe apprend de la bouche même du jeune homme. Pour contrecarrer l'enlèvement romanesque, Arnolphe fait rouer de coups l'amant et croit triompher lorsque Horace lui conte l'aventure et lui demande de surveiller la jeune fille. Arnolphe confie à Agnès son véritable rôle et lui demande de ne point l'abandonner. Mais devant le refus de la jeune innocente, il menace de l'enfermer au couvent. Agnès veut fuir ou se jeter par la fenêtre, jusqu'à ce qu'un coup de théâtre conventionnel résolve l'intrigue : le père d'Horace et son ami Enrique, véritable père d'Agnès (il l'avait confiée à une paysanne miséreuse qui, à son tour, avait mis la jeune fille entre les mains d'Arnolphe), avaient décidé qu'elle épouserait le jeune homme. Arnolphe, dans un « oh ! » de stupeur, vide la scène. Les deux amants sont enfin réunis.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et d'esthétique du théâtre à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Christian BIET. L'ÉCOLE DES FEMMES, Molière - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>L'École des femmes</em> de Molière, mise en scène de Jacques Lassalle - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

L'École des femmes de Molière, mise en scène de Jacques Lassalle

Autres références

  • L'ÉCOLE DES FEMMES (mise en scène J. Lassalle)

    • Écrit par Christian BIET
    • 1 117 mots

    L'École des femmes, de Molière. À peine a-t-on prononcé ces quelques mots que tout se met en place. Le premier combat de Molière travesti en Arnolphe, les Maximes du mariage comme passage obligé du tyran domestique, le jeu des quiproquos. Et une pièce jugée éclatante, une comédie autobiographique,...

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIe s.

    • Écrit par Patrick DANDREY
    • 7 270 mots
    ...Critique de l’École des femmes et L’Impromptu de Versailles, qu’il crée en 1663 durant la querelle déclenchée par sa première grande comédieen cinq actes et en vers, L’École des femmes (1662), dont ses rivaux raillaient la prétention de rivaliser en dignité poétique avec la tragédie.
  • MOLIÈRE (1622-1673)

    • Écrit par Claude BOURQUI
    • 7 631 mots
    • 7 médias
    AvecL’École des femmes(1662), Molière, qui entretemps a épousé Armande Béjart, fille de Madeleine Béjart, franchit un nouveau pas. Il propose, sous la forme noble d’une comédie en cinq actes et en vers, une histoire qui pousse à son paroxysme la logique de la domination masculine au sein du mariage....

Voir aussi