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ARROW KENNETH JOSEPH (1921-2017)

Kenneth Joseph Arrow est né le 23 août 1921 à New York. Après des études au City College de New York, il rejoint l'université Columbia, où il étudie les mathématiques et les sciences sociales. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l'armée de l'air et est affecté au service météorologique. De retour à la vie civile, il passe un Ph. D. d'économie (l'équivalent du doctorat) puis entame une carrière de professeur et de chercheur. Il enseigne à Stanford de 1949 à 1968, à Harvard de 1968 à 1979, puis de nouveau à Stanford jusqu'à sa retraite en 1991. Il meurt le 21 février 2017 à Palo Alto, en Californie.

Sa double formation en mathématiques et en sciences sociales le conduit à s'intéresser à de multiples aspects de l'économie qui vont des éléments les plus formalisés à des considérations plus sociologiques.

Le théorème d'impossibilité

Ses premiers travaux portent sur les domaines qui ont nourri sa thèse de doctorat. Il s'intéresse à la formation des choix collectifs et à la manière dont une société démocratique prend ses décisions. Il énonce en 1951 le « théorème d'impossibilité » qui le rend célèbre. Il part de ce que les économistes connaissent sous le nom de « paradoxe de Condorcet ». Appelé au début de la Révolution à donner son avis sur le meilleur système électoral possible, l'illustre philosophe et mathématicien français avait avancé l'idée que les choix collectifs ne sont pas transitifs. Concrètement, une assemblée peut dans un vote préférer A à B, B à C et – c'est là le paradoxe – C à A. L'élection présidentielle de 2002 en France est souvent donnée comme l'exemple typique d'un paradoxe de Condorcet : à en croire les analystes politiques, Jacques Chirac a été préféré à Jean-Marie Le Pen qui a été préféré à Lionel Jospin qui aurait probablement dans un second tour été préféré à Jacques Chirac... Arrow étudie donc ces situations de formation des votes et cherche à formaliser les idées de Condorcet. Il parvient à la conclusion qu'un système démocratique peut conduire selon les modes d'expression choisis à des résultats très différents même si les préférences individuelles restent identiques. Il est impossible de dégager une décision prévisible dans un système où les votants sont égaux. Le seul moyen d'y parvenir serait d'accepter que l'opinion d'un individu prime sur celle des autres, c'est-à-dire en pratique, précise Arrow, qu'il existe un « dictateur ».

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Pour citer cet article

Jean-Marc DANIEL. ARROW KENNETH JOSEPH (1921-2017) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHOIX COLLECTIFS ET PRÉFÉRENCES INDIVIDUELLES, Kenneth Joseph Arrow - Fiche de lecture

    • Écrit par Samuel FEREY
    • 1 040 mots

    Dans sa Préface à l'édition française de Choix collectifs et préférences individuelles, Kenneth J. Arrow (Prix Nobel d'économie en 1972) présente son ouvrage, initialement publié en 1951, comme un «  retour aux sources » de la mathématique sociale de Condorcet et des Lumières...

  • ASSURANCE - Économie de l'assurance

    • Écrit par Pierre PICARD
    • 5 633 mots
    Kenneth Arrow a montré que le contrat d'assurance optimal était un contrat standard avec franchise si le taux de chargement est constant quel que soit le montant de l'indemnité. Un tel contrat spécifie que l'indemnité est égale à la différence entre les dommages et la franchise, lorsque cette différence...
  • CHOIX COLLECTIF ET BIEN-ÊTRE SOCIAL, Amartya Kumar Sen - Fiche de lecture

    • Écrit par Samuel FEREY
    • 1 134 mots
    Sen part du théorème d'Arrow qui énonce que, sous certaines hypothèses, il est impossible de trouver une procédure de choix collective et rationnelle qui agrège les préférences individuelles. Parmi ces hypothèses, trois sont particulièrement importantes : l'ordinalité (on ne fait que classer des préférences...
  • COÛT SOCIAL

    • Écrit par Xavier GREFFE
    • 4 126 mots
    ...la première version du théorème, celle où le libre échange des droits de propriété suffirait à régler le problème du coût social. Kenneth J.  Arrow a montré, dès 1969, qu'un tel marché ne pouvait fonctionner de manière correcte, et qu'il déboucherait inévitablement sur des allocations biaisées....
  • ÉCONOMIE (Définition et nature) - Une science trop humaine ?

    • Écrit par Bernard GUERRIEN
    • 4 865 mots
    ...ces prix, égalise l'offre et la demande. La démonstration de ce « théorème d'existence » – qui a valu le prix Nobel à ceux qui l'ont faite en premier, Kenneth Arrow et Gérard Debreu – est sans doute une belle prouesse technique, mais elle est aussi à l'origine d'une grande confusion, puisqu'elle...
  • Afficher les 11 références

Voir aussi