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VIEN JOSEPH-MARIE (1716-1809)

Le cas de Vien est l'un de ceux qui illustrent le mieux les ambiguïtés du mouvement que l'on appelle néo-classique. Vien appartient presque à la même génération que Carle van Loo, Boucher et Natoire ; sa longévité lui permettra d'être, en 1789, à la mort de Pierre, le dernier titulaire du poste de premier peintre du roi, et, avant d'être honoré par Napoléon qui le fera sénateur et comte d'Empire, de se poser, sous la Révolution, comme celui qui avait « restauré le vrai goût et la nature dans les arts », le prédécesseur et le maître de David.

Formé à Paris chez Natoire, Vien fit ensuite un long séjour à Rome, d'où il ne revint qu'en 1750. De l'enseignement de Natoire, il retient le sens du dessin élégant, de l'arabesque décorative ; à Rome, il semble s'être surtout appliqué à étudier Annibal Carrache et les Bolonais. L'Ermite endormi du Louvre (1750), par son jeu de diagonales et son souci d'un traitement véridique des accessoires — livres, paniers, sandales — n'annonce en rien un retour au goût antique, mais plutôt un renouveau du réalisme. Il suffira que ce réalisme prenne comme thèmes des objets de reconstitution archéologique pour que Vien fasse peu à peu figure de champion des nouvelles tendances ; l'évolution se remarque déjà dans le Dédale et Icare (morceau de réception, 1754, École des beaux-arts, Paris). L'une de ses œuvres les plus significatives est le Saint Denis de 1767 (Saint-Roch, Paris) : placé en face du Miracle des ardents de Doyen, au lyrisme tumultueux, le Saint Denis se caractérise par un souci d'équilibre, une organisation claire de l'espace au moyen de perspectives architecturales et un coloris d'ensemble froid. Après 1770, Vien adopte les compositions en frise. Directeur de l'Académie de France à Rome à partir de 1776, il eut un rôle important de professeur, mais son héritier le plus direct n'est certainement pas David ; des peintres comme Suvée ou Vincent, qui prolongent jusqu'aux derniers Salons de l'Ancien Régime un style doux et aimable, une manière de rococo assagi, représentent bien plus sûrement la postérité de Vien.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Georges BRUNEL. VIEN JOSEPH-MARIE (1716-1809) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • D'APRÈS L'ANTIQUE (exposition)

    • Écrit par Robert DUPIN
    • 1 063 mots

    Le Louvre, avec les collections de ses sept départements, est à même de produire de grandes expositions thématiques et pluridisciplinaires. D'après l'Antique, qui s'est tenue du 20 octobre 2000 au 15 janvier 2001, a constitué une belle illustration de ce privilège. Il s'agissait pour...

  • DAVID JACQUES LOUIS (1748-1825)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 4 764 mots
    • 10 médias
    ...dernier qu'ils se tournèrent lorsqu'il devint clair que leur neveu voulait être peintre. Mais Boucher se jugea trop vieux et il leur recommanda Joseph-Marie  Vien, dont le style sévère et épuré, « à l'antique », commençait à s'imposer. Son atelier était réputé, et devait être l'un des principaux foyers du néoclassicisme...
  • NÉO-CLASSICISME, arts

    • Écrit par Mario PRAZ, Daniel RABREAU
    • 8 074 mots
    • 13 médias
    ...classique et poussinien de la Mort de Germanicus, avec le lit à l'antique et le rideau, qui devint un lieu commun de la peinture néo-classique, et Joseph Marie Vien, Mengs, Jean François Pierre Peyron traitèrent des épisodes tirés de l'histoire grecque et romaine) mais dans la manière de représenter...
  • LE SERMENT DES HORACES (J. L. David)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 219 mots

    Après avoir obtenu le prix de Rome en 1775, David (1748-1825) séjourna dans la métropole italienne et voyagea dans la péninsule jusqu'en 1780. Cette période fut cruciale pour lui : c'est à Rome, alors un des principaux foyers artistiques européens et le berceau du néo-classicisme...

Voir aussi