BENOÎT XVI JOSEPH RATZINGER (1927-2022) pape (2005-2013)

Le premier « pape émérite »

Benoît XVI n'a manqué ni de courage ni de sagesse, en décidant de renoncer à son ministère en février 2013. Beaucoup ont vu dans cette décision un acte prophétique, susceptible d'avoir des répercussions sur la conception même du rôle et des fonctions du pape.

— Raymond WINLING

Après sa renonciation et l'élection de François à la tête de l'Église, il a vécu presque dix années au monastère Mater Ecclesiæ, au Vatican, en portant le titre inédit de « pape émérite ». Conformément aux engagements qu'il avait pris de faire « preuve de révérence et d’obéissance inconditionnelle » à l'égard de son successeur, il n'intervient pas dans les affaires de l'Église, malgré certaines prises de position ponctuelles mises en avant par les milieux conservateurs catholiques – il a, par exemple, attribué le drame de la pédophilie dans l'Église au relativisme de l'après-1968, ou réaffirmé la centralité doctrinale du célibat sacerdotal après la tenue d'un synode sur l'Amazonie ayant envisagé l'ouverture de la prêtrise à des hommes mariés.

Cependant, l'histoire retiendra surtout de lui qu'en étant le premier pape moderne à avoir renoncé à son ministère, Benoît XVI a sans doute profondément modernisé l'institution papale, dans une parfaite continuité, finalement, avec le rôle important qu'il a joué à Vatican II. Le jeune Joseph Ratzinger, en tant que conseiller du cardinal Frings, avait en effet participé à la rédaction de la constitution Dei Verbum, texte autour duquel s'était cristallisé le clivage entre majorité réformatrice (à laquelle appartenait Frings) et minorité conservatrice. Benoît XVI est mort à la Cité du Vatican le 31 décembre 2022.