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BREUER JOSEF (1842-1925)

Médecin et physiologiste autrichien, qui travailla avec Freud sur la théorie des névroses. Breuer, avant d'entrer en rapport avec le fondateur de la psychanalyse, était déjà un savant établi, jouissant d'une excellente réputation médicale à Vienne. Il s'était intéressé, sous la direction d'Ewald Hering, à la physiologie de la respiration, attachant son nom à la découverte du réflexe d'Hering-Breuer, puis aux fonctions des canaux semi-circulaires, et était un fervent adepte de l'école de Helmholtz. À partir de 1871, il se consacra à sa clientèle privée et rencontra Freud en 1880, à l'Institut de physiologie.

À cette époque, Breuer entreprit de soigner la célèbre hystérique « Anna O. » (de son vrai nom, Bertha Pappenheim). Cette malade présentait divers symptômes : paralysie des membres inférieurs, troubles de la vue, toux nerveuse et anorexie, tous ces signes relevant d'une fixation psychosomatique ; Breuer la fait parler, et ces récits font disparaître les symptômes. Anna-Bertha baptise elle-même la cure psychanalytique en train de naître chimney-sweeping, cure de ramonage. Mais Breuer fait bientôt l'expérience douloureuse du transfert et du contre-transfert : Anna O., à la suite d'un arrêt du traitement décidé par son médecin, développe le soir même des symptômes de grossesse hystérique et d'accouchement ; Breuer, terrorisé, tente un moment de recourir à l'hypnose et abandonne sa patiente dès le lendemain.

Par la suite, Freud tire le plus grand enseignement de ces périls, et donne à la cure psychanalytique de solides remparts contre les dangers transférentiels que Breuer n'a pas su maîtriser. En 1895, celui-ci publie avec Freud les Études sur l'hystérie, où l'on voit progressivement le traitement de l'hystérie se dégager de l'hypnose au profit du seul recours au langage et à la parole. Mais Breuer supporte mal les idées de Freud, avouant qu'il se sent devant celui-ci « comme une poule devant un aigle » : il résiste en particulier à l'idée que la sexualité est à l'origine de tous les troubles névrotiques. Dès la parution de leur ouvrage commun, les relations entre Breuer et Freud deviennent tendues ; elles sont compliquées de surcroît par des dettes d'argent, qui mettent Freud dans une position de reconnaissance financière qu'il supporte mal. Comme on le constate souvent dans la vie de Freud, une amitié longue et une collaboration fructueuse se terminent par une rupture pénible.

— Catherine CLÉMENT

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de l'Université

Classification

Pour citer cet article

Catherine CLÉMENT. BREUER JOSEF (1842-1925) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABRÉACTION

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 419 mots

    Terme utilisé en psychiatrie et en psychothérapie et qui traduit l'allemand Abreagiren, mot inconnu sans doute avant Breuer et Freud. Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique...

  • CLIVAGE DU SUJET (psychanalyse)

    • Écrit par Alexandre ABENSOUR
    • 1 322 mots
    Freud, au cours de ses premières recherches sur l'hystérie, menées avec son ami Josef Breuer, appartient également à ce courant. Le débat porte alors sur la cause de cet état de dissociation psychique, que Freud et Breuer situent, en 1893, dans un « état hypnoïde » énigmatique : « En étudiant de plus...
  • FREUD SIGMUND (1856-1939)

    • Écrit par Jacques LE RIDER, Marthe ROBERT
    • 16 152 mots
    • 3 médias
    ...souvenu quelques années plus tard, lorsqu'il eut besoin d'une autorité reconnue pour appuyer son idée d'une étiologie sexuelle des névroses. De son côté, Josef Breuer avait affirmé devant lui que l'hystérie a souvent quelque rapport avec les secrets du lit conjugal, et, en lui confiant une malade, le célèbre...

Voir aussi