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BOVÉ JOSÉ (1953- )

Né à Talence en juin 1953, de parents chercheurs à l'INRA, José Bové a passé sa vie à mettre en conformité ses pensées et ses actes. Opposant quand d'autres sont prétendants, son goût prononcé pour l'action subversive symbolique et pour l'action directe non violente l'amène naturellement à préférer ses activités antimilitaristes à la faculté de philosophie de Bordeaux. Le plateau du Larzac est alors le lieu de convergence de l'ensemble de la contestation sociale de l'époque (1973-1974). José Bové et sa femme Alice participent ces années-là à la construction de la bergerie de la Blaquière, bâtiment symbolisant la résistance du Larzac face au projet d'extension du camp militaire. L'une des rencontres clés de sa vie date de Pâques 1973 quand Bernard Lambert, leader des Paysans travailleurs, vient proposer sur le plateau du Larzac son projet d'une « grande marche ». José Bové a alors vingt ans et multiplie les contacts avec différents mouvements paysans des Pyrénées, dissidents de la FNSEA, qui travaillent au maintien d'une agriculture de montagne.

En 1976, il s'installe avec sa femme dans une ferme vendue à l'armée. En 1978, au cœur de la crise sur le plateau du Larzac, il crée avec quelques amis un centre cantonal des jeunes agriculteurs dont son épouse devient quelques mois plus tard vice-présidente. L'objet de ce centre était d'organiser une résistance sur le terrain afin de participer aux négociations jusqu'alors monopolisées par la FNSEA.

En 1980, il participe, toujours sur le plateau du Larzac, à la levée de boucliers lorsque Valéry Giscard d'Estaing passe un compromis de « mini-extension » du camp militaire avec la FNSEA et le CNJA qui acceptent sans consulter la base. Un vote à bulletin secret de l'ensemble des agriculteurs du plateau (120 à 130 chefs d'exploitation) lui donne raison à 99 % des voix. Pour José Bové, il s'agit alors d'une question de sens politique : « On ne négocie pas un compromis à six mois d'une élection présidentielle ». Quelques mois plus tard, en 1981, François Mitterrand, élu président de la République, procède à l'annulation du projet d'extension du camp du Larzac.

En septembre 1981, c'est la création du syndicat des « travailleurs paysans » (CNSTP) qui dessine les prémices d'une longue lutte qui débutera en 1983 lors des élections des chambres d'agriculture où la nouvelle organisation arrache un score de 15 % dans l'Aveyron. Dès lors s'engage la bataille pour la représentativité syndicale dans les instances qui deviendront les CDOA (commissions départementales d'orientation agricole). En 1984, José Bové est aux côtés des éleveurs laitiers sur le dossier des quotas et il participe également aux négociations avec différents ministres – de Michel Rocard à Henri Nallet – sur le devenir des 6 000 hectares de terres du Larzac vendus à l'armée. Ces négociations aboutissent, en avril 1985, à la création de la SCTL, Société civile des terres du Larzac, et à la signature d'un bail emphytéotique de soixante ans qui transfère les droits de propriété à la SCTL, structure dont José Bové est cogérant et qu'il décrit comme une « sorte d'autogestion du foncier répartie entre l'ensemble des fermiers et des locataires qui occupent aujourd'hui l'ensemble des surfaces disponibles ». Avril 1987 voit la naissance de la Confédération paysanne, issue de la fusion de la FNSP (Fédération nationale des syndicats paysans) et de la CNSTP (Confédération nationale des syndicats de travailleurs paysans). José Bové y occupe durant quatre ans les fonctions de secrétaire national, participant ainsi au lancement et à la croissance de ce nouveau syndicat paysan qui, aux élections de chambres d'agriculture, enregistrera, en 1989, un score de 21 % en Aveyron, soit une progression de[...]

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Pour citer cet article

Paul PAYAN. BOVÉ JOSÉ (1953- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALTERMONDIALISME

    • Écrit par Christophe AGUITON, Universalis, Isabelle SOMMIER
    • 6 805 mots
    • 1 média
    ...en France, la même année, la réussite étonnante de l'Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens (Attac), puis le soutien dont ont bénéficié José Bové et ses camarades de la Confédération paysanne. Déjà, l'impact mondial du soulèvement zapatiste, et le succès...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...Buffet, secrétaire nationale du P.C.F., veut rassembler « la gauche populaire et antilibérale », mais elle est concurrencée sur ce terrain par José Bové, leader altermondialiste, opposé au « projet libéral de Constitution européenne ». Les Verts présentent comme en 1995 Dominique Voynet....
  • FRANCE - L'année politique 2006

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 2 972 mots
    ...s'il était acquis qu'Arlette Laguiller se présenterait pour la sixième fois au nom de Lutte ouvrière et que le leader de la Confédération paysanne, José Bové, semblait alors renoncer à se lancer dans la course, et l'extrême gauche n'était pas parvenue à s'unir. La candidate du Parti communiste,...

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