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BUFFET MARIE-GEORGE (1949- )

Marie-George Buffet est la première femme à avoir dirigé (2001-2010) le Parti communiste français (PCF). Née le 7 mai 1949 à Sceaux (Hauts-de-Seine) dans une famille peu politisée, Marie-George Buffet prend la carte du parti en pleine guerre du Vietnam, à une époque où celui-ci n'est plus vraiment en odeur de sainteté auprès des étudiants de son âge, qui se préfèrent « gauchistes ». Depuis lors, elle n'est jamais sortie du rang. Lors du fameux XXIIIe congrès de 1979 où est approuvé le « bilan globalement positif » de l'URSS, cette licenciée d'histoire et géographie ne fait pas partie de ceux qui critiquent la formule. Dans les années 1980, elle ne rejoindra pas non plus l'équipe des réformateurs. Elle fait ainsi figure de « cadre moyenne type », selon la formule de l'ancien ministre communiste Anicet Le Pors qui reconnaît toutefois qu'elle n'est pas non plus du genre à « flinguer des gens en comité central ». Ni conservatrice donc, ni rénovatrice, c'est à cette ligne médiane, loyale, que Marie-George Buffet doit son ascension politique.

Présidente de la Fédération des résidences universitaires de France de 1970 à 1972, c'est au Plessis-Robinson, où elle est engagée comme secrétaire de mairie, qu'elle entame sa longue carrière au service du PCF. À partir de 1977, elle en devient permanente et fait son apprentissage politique au secteur « femmes ». Il lui faudra attendre dix ans pour être élue membre du comité national et sept années de plus pour l'être au bureau national. Jusque-là, sa carrière était celle d'une apparatchik type. En 1996, celle-ci prend une tout autre ampleur : on lui confie le discours politique qui clôture la « fête de l'Huma », ce qui vaut adoubement, et elle est élue membre du secrétariat national où elle anime alors le très stratégique département « vie du parti ». En 2001, à l'occasion du XXXIe congrès où la parité est érigée en règle interne, elle succède à Robert Hue au secrétariat national tandis que celui-ci prend le titre de président du parti.

Sa carrière électorale, menée en banlieue parisienne, suit une trajectoire identique à sa carrière partisane. Elle s'exerce longuement et assez classiquement comme conseillère municipale, d'abord à Chatenay-Malabry, où elle est adjointe au maire socialiste chargée des questions sociales de 1977 à 1983, puis au Plessis-Robinson de 1989 à 1998, et enfin au Blanc-Mesnil. En 1997, elle devient députée de la 4e circonscription de Seine-Saint-Denis, est nommée avec l'aval de son parti ministre de la Jeunesse et des Sports par le Premier ministre socialiste Lionel Jospin et gagne un an plus tard un mandat de conseillère régionale en Île-de-France.

Au gouvernement, elle se forge une image de ministre morale et populaire. La lutte contre le dopage et les dérives mercantiles qui affectent le sport sont en effet ses deux principaux chevaux de bataille : elle crée une taxe sur les droits de retransmission télévisée pour financer les petits clubs amateurs, obtient l'interdiction de la cotation en Bourse des clubs de football, mobilise ses homologues européens en faveur d'une harmonisation des législations européennes contre le dopage et rééquilibre l'action de son ministère au profit des jeunes. En outre, elle s'efforce de modifier la pratique du pouvoir en faisant de l'écoute, du respect et de la proximité les trois grands principes des modalités de son action gouvernementale. Pour Le Monde, Marie-George Buffet symbolise alors « le politiquement discret » des années 1990 ; un peu trop d'ailleurs au goût de ses camarades communistes qui lui reprocheront de n'avoir pas, là encore, suffisamment dénoncé la politique libérale du gouvernement socialiste.

Mais c'est surtout avec la débâcle électorale de la gauche en[...]

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Écrit par

  • : docteur en science politique, maître de conférences en science politique à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Delphine DULONG. BUFFET MARIE-GEORGE (1949- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - Les années Chirac (1995-2007)

    • Écrit par Pierre BRÉCHON
    • 9 350 mots
    • 6 médias
    ...: Arlette Laguiller pour L.O., Olivier Besancenot pour la L.C.R., jeune facteur de trente-deux ans, Gérard Schivardi, candidat soutenu par le P.T. Marie-George Buffet, secrétaire nationale du P.C.F., veut rassembler « la gauche populaire et antilibérale », mais elle est concurrencée sur ce terrain...
  • FRANCE - L'année politique 2006

    • Écrit par Nicolas TENZER
    • 2 972 mots
    ..., semblait alors renoncer à se lancer dans la course, et l'extrême gauche n'était pas parvenue à s'unir. La candidate du Parti communiste, Marie-George Buffet, ne faisait pas l'unanimité au sein de la mouvance antilibérale, malgré un vote favorable des « collectifs » de cette galaxie, et...
  • PCF (Parti communiste français)

    • Écrit par Bernard PUDAL
    • 7 133 mots
    • 3 médias
    ...carte à la présidentielle de 2002, où il n'obtient que 3,4 p. 100 des suffrages exprimés. Son échec électoral signe son retrait du secrétariat national au profit de Marie-George Buffet. Tout semble se passer comme si Robert Hue et son équipe n'avaient pu conduire la mutation jusqu'à l'un de ses termes...

Voir aussi