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MURRAY JOHN (1841-1914)

John Murray - crédits : Courtesy of NOAA Photo Library

John Murray

Océanographe et géologue canadien d'origine écossaise, John Murray apporta une contribution significative à l'émergence de l'océanographie.

Carte bathymétrique (1899) - crédits : Courtesy of NOAA Photo Library

Carte bathymétrique (1899)

John Murray est né en 1841 à Cobourg, en Ontario (Canada), où ses parents écossais avaient émigré quelques années plus tôt. À l'âge de dix-sept ans, il rejoint l'Écosse pour ses études. À l'université d'Édimbourg, il suit des cours de médecine, de géologie, de philosophie ainsi que de physique. En 1868, il participe à sa première expédition maritime à bord d'un baleinier, en Arctique. En 1872, sans diplôme, il embarque à bord du H.M.S. Challenger pour un tour du monde de plus de trois années en tant qu'assistant du naturaliste écossais Charles Wyville Thomson qui dirige alors cette expédition scientifique financée par la Royal Society. Ce dernier meurt en 1882, à la suite d'un stress provoqué par la surcharge de travail liée à la publication des résultats de l'expédition. Murray est alors désigné comme son successeur pour terminer cette volumineuse compilation qui ne s'achève qu'en 1895. Cet ouvrage, intitulé Report of the scientific results of the exploring voyage of H.M.S. Challenger, comprenant cinquante volumes et plus de trente mille pages, traite de la biologie, la chimie, la géologie ou encore la physique de l'océan mondial. Murray a dû lutter contre l'administration britannique afin que ce projet ne perde pas son financement et puisse aboutir.

Lors de l'expédition du H.M.S. Challenger (décembre 1872-mai 1876), qui avait pour but initial de vérifier l'existence de vie, mais aussi de « formes fossiles vivantes », en profondeur, Murray investit un nouveau champ de recherche : l'étude des dépôts des fonds marins dont il deviendra le spécialiste mondial. Dans le volume Deep sea deposits de 1891, qu'il co-écrit avec le géologue belge Alphonse Renard, il œuvre pour classer et cartographier les échantillons de sédiments collectés à l'aide des sondes. Ce travail est à la base de la géologie sous-marine ainsi naissante. Murray met notamment en évidence l'abondante présence d'argiles rouges au fond de l'océan. Il remarque également la lenteur du dépôt des sédiments et l'absence de roches continentales anciennes dans les abysses. Il en conclut alors que les bassins océaniques existent tels quels depuis la formation de la Terre, ce qui sera remis en cause au cours du xxe siècle. En outre, les sondages effectués lors de cette expédition indiquent la présence d'une chaîne de montagne sous-marine au centre de l'Atlantique (qui sera appelée par la suite « dorsale médio-atlantique »). Concernant les « restes » (tests calcaires) des globigérines (animaux microscopiques du groupe des foraminifères) qui tapissent le fond des océans, Murray confirme la théorie du naturaliste américain Jacob Whitman Bailey en affirmant, à la suite de prélèvements, que ces organismes vivaient bien en surface avant leur mort. Il utilise aussi des filets en grande profondeur pour capturer de nombreux animaux pélagiques, ce qui inspirera les naturalistes allemands tels que Carl Chun qui, en 1910, donnera le nom de Cirrothauma murrayi à une espèce nouvelle d'octopode vivant à plus de 1 500 mètres de profondeurs. Murray s'intéresse aussi à la formation des récifs coralliens. Il remet notamment en cause l'action de la subsidence exposée par le naturaliste anglais Charles Darwin permettant d'expliquer les différentes formes des récifs. La controverse créée a le mérite de relancer l'étude de ces récifs qui retiendra l'explication de Darwin. Par ailleurs, à partir d'échantillons, Murray découvre la richesse en phosphate de l'île Christmas dans l'océan Indien : il persuade alors le gouvernement britannique d'annexer cette île afin d'y établir une exploitation du gisement (1888). L'argent[...]

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Pour citer cet article

Loïc PÉTON. MURRAY JOHN (1841-1914) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

John Murray - crédits : Courtesy of NOAA Photo Library

John Murray

Carte bathymétrique (1899) - crédits : Courtesy of NOAA Photo Library

Carte bathymétrique (1899)

HMS&nbsp;<it>Challenger</it>, corvette britannique - crédits : Courtesy of NOAA Photo Library

HMS Challenger, corvette britannique

Autres références

  • NAISSANCE DE L'OCÉANOGRAPHIE SCIENTIFIQUE

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 263 mots

    Au printemps 1872, sous l'impulsion de la Royal Society, le Challenger quitte l'Angleterre pour un tour du monde des océans. Une équipe de spécialistes, sous la responsabilité de sir Charles Wyville Thompson, est embarquée sur ce bâtiment de guerre, réarmé pour l'occasion par le gouvernement...

  • PACIFIQUE OCÉAN

    • Écrit par Jean FRANCHETEAU
    • 14 740 mots
    • 6 médias
    ...mètres en attachant une plume au lest d'une ligne de sonde, observant ainsi 3 tests de foraminifère. À la suite de l'expédition du H.M.S. Challenger, John Murray et Alphonse Renard (1891) établissaient un modèle de classification des sédiments qui devait servir de base pour tous les travaux ultérieurs....

Voir aussi