Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NASH JOHN FORBES (1928-2015)

John Nash - crédits : Visual China Group/ Getty Images

John Nash

Le prix Nobel 1994 est comme un cadeau d'anniversaire. Cinquante ans plus tôt, en 1944, John Von Neumann et Oskar Morgenstern publiaient la première édition d'un ouvrage fondateur, The Theory of Games and EconomicBehaviour. En 1994, trois des plus grands théoriciens des jeux sont récompensés par l'Académie royale des sciences de Suède pour leur « analyse fondamentale de l'équilibre, dans la théorie des jeux non coopératifs ». Il s'agit de deux professeurs américains, John Nash, de l'université de Princeton (New Jersey) et John Harsanyi, de l'université de Berkeley (Californie), et d'un professeur allemand, Reinhard Selten, de la Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität de Bonn.

John F. Nash est né en 1928 à Bluefield (Virginie-Occidentale). Après des études à l'Institut de technologie Carnegie de Pittsburgh (Pennsylvanie), il entre à vingt ans à l'université de Princeton où il obtient son doctorat de mathématiques. Il enseigne ensuite et fait des recherches à l'Institut de technologie du Massachusetts (M.I.T.) avant de revenir à Princeton. Entre 1950 et 1953, J. Nash travaille auprès de Von Neumann et publie des articles qui vont révolutionner la discipline : « The Bargaining Problem » en 1950, « Non-cooperative Games » en 1951 et « Two-persons Cooperative Games » en 1953. On lui doit la première formulation de la distinction entre jeux coopératifs et jeux non coopératifs.

Conçue à l'origine par des mathématiciens, la théorie des jeux n'est pas à proprement parler une théorie économique mais elle a permis de porter un regard différent sur quantité de réalités économiques. Par exemple, dans la théorie micro-économique issue de l'école néo-classique, on considère que les agents économiques individuels (entreprises, consommateurs) réagissent seulement aux prix du marché pour décider des quantités à produire ou à acheter et que, dans une situation de concurrence, aucun d'entre eux ne peut avoir d'influence sur la décision des autres. On sait qu'il en est tout autrement dans la réalité et que le producteur recherche des informations sur les conditions du marché et sur ses concurrents avant d'élaborer sa stratégie. La théorie des jeux va précisément permettre de corriger le modèle classique des comportements des agents économiques en mettant en évidence l'interaction de leurs décisions et les anticipations mutuelles qu'elles vont engendrer.

Au lieu de rechercher et de calculer l'équilibre général de tous les marchés (de type walrassien), la théorie des jeux s'emploie à étudier des équilibres partiels et multiples.

Il existe une grande variété de jeux : avec deux, trois, puis une infinité de décideurs, des jeux à somme nulle (gains et pertes s'équilibrent), des jeux où les adversaires peuvent se concerter et s'organiser (jeux coopératifs), ou au contraire se défier les uns des autres et appliquer la règle du chacun pour soi (jeux non coopératifs). Les travaux des trois lauréats portent sur le domaine particulier des jeux non coopératifs à somme quelconque et constituent aujourd'hui une référence en la matière.

Nash montre tout d'abord qu'il existe au moins un point d'équilibre dans les négociations, dès lors que les parties prenantes (syndicats et représentants du patronat par exemple) parviennent à un accord dont le non-respect entraînerait une sanction (situation de jeu coopératif). Cette « solution de Nash » marque le point de départ de toutes les recherches en matière de théorie de la négociation.

Nash s'intéresse ensuite aux situations dans lesquelles, à l'issue d'un jeu, chacun estime qu'il a obtenu le moins mauvais résultat, parmi tous les possibles. Il théorise celle où chaque joueur, connaissant les préférences des autres, détermine à partir de ce constat la stratégie[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Françoise PICHON-MAMÈRE. NASH JOHN FORBES (1928-2015) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

John Nash - crédits : Visual China Group/ Getty Images

John Nash

Autres références

  • ÉQUATIONS AUX DÉRIVÉES PARTIELLES (notions de base)

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 1 553 mots
    • 2 médias

    Beaucoup de phénomènes peuvent être décrits par une fonction. Par exemple, le déplacement d’un mobile dans l’espace peut être défini par une fonction f(xyz) où les coordonnées x, y et z correspondent à tous les points de l’espace occupés par le mobile traçant ainsi sa trajectoire....

  • ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE

    • Écrit par Bernard GUERRIEN
    • 6 699 mots
    • 3 médias
    L'équilibre de Nash est un type de solution – proposé par John Forbes Nash en 1950 – couramment utilisé en théorie des jeux, dont la définition même souligne le caractère autoréalisateur. Un équilibre de Nash est, en effet, une combinaison de décisions individuelles, appelées « stratégies...
  • HARSANYI JOHN CHARLES (1920-2000)

    • Écrit par Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 910 mots

    John Harsanyi, lauréat du prix Nobel d'économie en 1994, aurait certainement suivi ses deux colauréats au premier congrès mondial de la Société internationale de la théorie des jeux qui s'est déroulé à Bilbao du 24 au 28 juillet 2000 s'il n'avait été affaibli par la maladie. C'est en effet...

  • JEUX THÉORIE DES

    • Écrit par Bernard GUERRIEN
    • 7 940 mots
    • 1 média
    Ainsi, dans le cas du marchandage, John Nash (1950) a proposé un concept de solution où intervient, entre autres, une condition de symétrie (le partage doit être accepté par les deux joueurs lorsque chacun se met à la place de l'autre). À un tel concept de solution correspond généralement une solution...

Voir aussi