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FLETCHER JOHN (1579-1625)

Le nom de Fletcher reste associé à celui de Francis Beaumont, qui fut son collaborateur assidu de 1606 à sa mort (1616). Son père avait assisté Marie Stuart à son exécution (1587), avant de devenir évêque de Bristol, puis de Londres. John Fletcher fit ses études à Cambridge et, sans faire vraiment partie des university wits, il prit une part active à la vie théâtrale de Londres, dont il infléchit le cours vers la comédie romanesque et la tragi-comédie et, peut-être, vers la décadence. L'accent fletchérien est, en effet, perceptible dans les pièces de la dernière période : il consiste en un alanguissement du vers, un goût pour le ton élégiaque et les sortilèges mélodieux de la langue. La prosodie, comme les personnages, a perdu de sa robustesse, mais gagné en élégance. On ferait volontiers de Fletcher l'antithèse de Ben Jonson.

Fletcher a collaboré non seulement avec Beaumont mais avec Massinger (1583-1640), Rowley (1585-1642) et même Shakespeare (Henry VIII, écrit en 1613, publié en 1623 ; The Two Noble Kinsmen, comédie écrite en 1613, publiée en 1634). Il a cependant écrit seul une quinzaine de pièces, dont les principales sont : sa célèbre pastorale, La Bergère fidèle (The Faithful Shepherdess, publiée en 1610) ; Valentinian (1610-1614), tragédie historique aux accents lyriques ; Le Lieutenant bizarre (The Humorous Lieutenant, 1619), tragi-comédie ; une comédie, Monsieur Thomas (1619, publiée en 1639) ; La Chasse aux chimères (The Wild-Goose Chase, 1621, publiée en 1652).

Les pièces écrites avec les collaborateurs précités sont encore plus nombreuses. Versatile et inlassable, Fletcher est un des auteurs les plus prolifiques de cette période. Il a abordé tous les genres — tragédie, tragi-comédie, comédie romanesque et satirique — avec la même aisance, sinon toujours le même succès. Mais c'est vers l'avenir qu'il se tourne, et, d'une certaine manière, il clôt la grande période, que les séductions de son style ne parviennent pas à nous faire oublier.

— Henri FLUCHÈRE

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Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté des lettres et sciences humaines d'Aix-en-Provence

Classification

Pour citer cet article

Henri FLUCHÈRE. FLETCHER JOHN (1579-1625) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature

    • Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ, Jacques DARRAS, Jean GATTÉGNO, Vanessa GUIGNERY, Christine JORDIS, Ann LECERCLE, Mario PRAZ
    • 28 170 mots
    • 30 médias
    ...transformation des idéaux littéraires anglais, déjà commencée avant 1660. La mélodieuse rhétorique et l'abstraction psychologique des drames de John Fletcher (1579-1625), en vogue avant la fermeture des théâtres (1642) exigée par les puritains, avaient été encouragées par les Français (théâtre...
  • BEAUMONT FRANCIS (1584-1616)

    • Écrit par Henri FLUCHÈRE
    • 320 mots

    Le nom de Francis Beaumont est indissolublement lié à celui de John Fletcher dont il fut le collaborateur constant, de 1606 jusqu'à sa mort. D'abord étudiant à Oxford, il vint faire du droit au Middle Temple à Londres, vers 1600, où il ne manqua pas de rencontrer les brillants esprits de l'époque,...

  • ÉLISABÉTHAIN THÉÂTRE

    • Écrit par Henri FLUCHÈRE
    • 10 600 mots
    • 2 médias
    ...la fin de la période glorieuse. Ce sont d'abord les university wits qui s'y illustrèrent, puis les nombreux auteurs de tragi-comédies – dont John Fletcher (1579-1625) est le plus célèbre –, enfin Shakespeare lui-même, qui portera le genre à sa perfection. On s'inspire également de la légende...
  • MESSINGER ou MASSINGER PHILIP (1583-1639/40)

    • Écrit par Nicole QUENTIN-MAURER
    • 513 mots

    Fils d'un serviteur de la famille des Pembroke, Philip Messinger fait des études à Oxford. Il connaît ensuite une période obscure de misère (il fera même de la prison pour dettes) et d'apprentissage : venu tardivement au théâtre, il travaille d'abord à la solde de l'entrepreneur de théâtre Philip Henslowe,...

Voir aussi