Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MESSINGER ou MASSINGER PHILIP (1583-1639/40)

Fils d'un serviteur de la famille des Pembroke, Philip Messinger fait des études à Oxford. Il connaît ensuite une période obscure de misère (il fera même de la prison pour dettes) et d'apprentissage : venu tardivement au théâtre, il travaille d'abord à la solde de l'entrepreneur de théâtre Philip Henslowe, et s'associe, à partir de 1613, avec d'autres auteurs, surtout avec John Fletcher, dont il fut à la fois l'élève et le second. De cette collaboration, qui durera douze ans, naîtront dix pièces, dont Messinger ne réclamera jamais la paternité, bien que sa contribution ait, sans nul doute, considérablement dépassé la tâche subalterne de rédiger la préparation et les scènes de conclusion des drames.

Le goût de Messinger pour la morale et pour les scènes de dialectique, son talent de manieur d'idées équilibrent avec bonheur la verve aisée de Fletcher, comme en témoignent les deux tragédies de Thierry et Théodoret (1617) et de La Traîtresse (The False One, 1620), sur le même thème que La Mort de Pompée de Corneille. Autre pièce importante, également le fruit d'une collaboration : La Vierge Martyre (The Virgin Martyr, 1620), écrite avec Thomas Dekker, drame historique décrivant la persécution des chrétiens sous l'empereur Dioclétien. Enfin, vers 1620, Messinger commence, sous son nom seul, une carrière indépendante d'auteur dramatique. Des trente-huit pièces qui lui sont attribuées, seize seulement ont été conservées ; les dates en sont souvent incertaines. Parmi les tragédies, il faut citer : Le Duc de Milan (The Duke of Milan, 1620) ; Le Combat dénaturé (The Unnatural Combat, 1621) ; Croyez ce que vous écoutez (Believe as You List, 1631) — où s'exprime particulièrement le goût de l'auteur pour les scènes et discussions de tribunaux ; L'Acteur romain (The Roman Actor, 1626), qui est considéré comme le meilleur des drames sérieux de Messinger (qui, lui-même, l'appelait « l'enfant le plus parfait de sa Minerve ») et qui traite des amours de l'empereur Domitien et de Domitia, femme d'un sénateur, elle-même éprise de l'acteur Pâris : drame empli de violences, de crimes, de passions et d'éloquence ; L'Esclave (The Bondman, 1623), qui décrit avec sympathie une révolte d'esclaves, montre l'intérêt que Messinger portait aux idées « sociales ». Parmi les comédies, on retiendra surtout : La Dame de la Cité (The City Madam, 1619), qui met en scène un personnage de mélodrame, frappant par l'excès de sa méchanceté, de son hypocrisie et de sa noirceur, et Une nouvelle façon de payer de vieilles dettes (A New Way to Pay Old Debts, 1625) où Messinger dénonce avec une sincère indignation l'oppression économique et le désordre social. De toutes les œuvres de Messinger, c'est cette dernière qui a eu le succès le plus durable. Reprise après la Restauration, elle est restée au répertoire.

— Nicole QUENTIN-MAURER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Nicole QUENTIN-MAURER. MESSINGER ou MASSINGER PHILIP (1583-1639/40) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉLISABÉTHAIN THÉÂTRE

    • Écrit par Henri FLUCHÈRE
    • 10 600 mots
    • 2 médias
    Thomas Middleton (1580-1627), Philip Massinger (1583-1639/40), George Chapman (1559 env.-1634) ont tous trois contribué au genre comique ; le premier, en vive réaction contre la comédie romanesque et sentimentale, est un réaliste sans illusion : A Trick to Catch the Old One (Un truc pour rouler...