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MARAT JEAN-PAUL (1743-1793)

<it>Marat assassiné</it>, J.-L. David - crédits : Sergio Anelli/ Electa / Mondadori Portfolio/ Getty Images

Marat assassiné, J.-L. David

Après une jeunesse tourmentée, Marat, autodidacte,  devenu  médecin  en Grande-Bretagne, se fit d'abord connaître par des écrits philosophiques et scientifiques qui lui valurent une certaine notoriété dans les milieux cultivés de Londres, puis de Paris. Il devait devenir, dès les débuts de la Révolution, un journaliste connu dans les milieux jacobins. Défendant dans L'Ami du peupledes solutions de plus en plus radicales, il dénonça les ennemis de la Révolution telle qu'il la concevait, préconisant des mesures énergiques inspirées par une méfiance systématique envers tous ceux qui n'adhéraient pas à ses idées. Mis en vedette par plusieurs procès, il s'attira en particulier la haine des Girondins, triompha d'eux, mais fut assassiné par une de leurs amies, Charlotte Corday.

Un homme cultivé

Jean-Paul Marat débuta, en 1765, comme médecin à Londres, se fixa pour un temps à Newcastle et rendit des services assez appréciés pour recevoir un diplôme de citoyen d'honneur. En même temps, il s'adonnait à l'étude des sciences, à la manière de tant de philosophes de son temps. L'étendue de ses curiosités est attestée par la variété de ses œuvres, imprimées ou demeurées manuscrites de son vivant, puisqu'on y trouve aussi bien un Essay on the Human Soul (Londres, 1772), dans lequel il se montre plus proche de Rousseau que des matérialistes de l'époque, que des essais sur des maladies des yeux. Il s'intéressait aussi aux questions politiques et publia, dès 1774, The Chains of Slavery, a Work Wherein the Clandestine and Villainous Attempts of Princes to Ruin Liberty Are Pointed out and the Dreadful Scenes of Despotism Disclosed, to Which Is Prefixed an Address to the Electors of Great Britain, in Order to Draw Their Timely Attention to the Choice of Proper Representatives in the Next Parliament. Il y mettait en garde contre ce complot des gens de la cour qu'il devait stigmatiser de nouveau après les débuts de la Révolution française. Lorsqu'il vint se fixer à Paris, en 1777, Marat ne semble en effet avoir songé qu'à confirmer sa réputation scientifique, et sa nomination au poste de médecin des gardes du corps du comte d'Artois marquait incontestablement une réussite sociale autant que professionnelle. Sa curiosité le portait également à tenter des expériences sur le feu (Recherches physiques sur le feu, 1780), sur la lumière (Découvertes sur la lumière, 1780) et sur l'électricité (Recherches sur l'électricité, 1782). Sa notoriété était également attestée par l'existence d'une clientèle aisée, voire aristocratique. Ayant démissionné de son emploi en 1783, selon toute vraisemblance pour se consacrer entièrement à sa clientèle privée et à ses recherches, Marat publia, dans les années qui suivirent immédiatement, d'autres écrits sur ses travaux, entre autres son Mémoire sur les vraies causes des couleurs que présentent les lames de verre, les bulles de savon, et autres matières diaphanes extrêmement minces. Marat semblait sur la voie d'une carrière savante, mais son succès même soulevait des critiques. Il est également possible que les idées avancées dont témoignait son Plan de législation criminelle, édité en 1780 et aussitôt mis au pilon, publié seulement deux ans plus tard dans la Bibliothèque philosophique de Jacques Brissot, aient été à l'origine des déboires qui marquèrent alors sa vie ; il est cependant peu probable qu'à une époque où la tendance était au cosmopolitisme ses adversaires aient songé à lui reprocher d'être né en Suisse, fils d'un ancien catholique sarde et d'une Genevoise. Marat se trouvait certainement vers 1788 dans une situation matérielle et morale moins brillante que quelques années plus tôt, et ce déclin relatif paraît à certains une explication de son amertume et de son aigreur.[...]

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Pour citer cet article

Jean VIDALENC. MARAT JEAN-PAUL (1743-1793) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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<it>Marat assassiné</it>, J.-L. David - crédits : Sergio Anelli/ Electa / Mondadori Portfolio/ Getty Images

Marat assassiné, J.-L. David

Jean-Paul Marat - crédits : Josse/ Leemage/ Corbis/ Getty Images

Jean-Paul Marat

Autres références

  • AMI DU PEUPLE L'

    • Écrit par Pierre ALBERT
    • 380 mots

    Marat fonde, le 12 septembre 1789, Le Publiciste parisien qui prend très vite le titre plus significatif de L'Ami du peuple et la devise Vitam impendere vero (« Consacrer sa vie à la vérité »). C'est une publication de huit à seize pages de petit format, rédigée tout entière par le seul Marat,...

  • CORDAY MARIE ANNE CHARLOTTE CORDAY D'ARMONT dite CHARLOTTE (1768-1793)

    • Écrit par Jean-Michel LÉVY
    • 378 mots

    Arrière-petite-nièce de Corneille, sœur d'un officier au régiment de Normandie, Charlotte Corday quitte à vingt-trois ans le domicile paternel d'Argentan, se fixe à Caen chez une vieille parente, veuve du trésorier de France, Coutellier de Bretteville ; elle s'intéresse à la politique, s'abonne au...

  • CORDELIERS CLUB DES

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 1 558 mots

    C'est le 27 avril 1790 que naît la Société des Amis des droits de l'homme et du citoyen tenant ses séances en l'église des Cordeliers. Avant d'abriter un club, l'église avait donné son nom à l'un des soixante districts parisiens créés en avril 1789. Le district des Cordeliers,...

  • ENRAGÉS

    • Écrit par Jean DÉRENS
    • 914 mots

    Pour Michelet, « les Enragés étaient des fanatiques d'une portée inconnue, d'un fanatisme redoutable, emportés par un souffle vague encore, mais qui allait se fixer peut-être, prendre forme, et pour une révolution en face de la Révolution ». Lyrisme un peu creux, qui fut longtemps de rigueur,...

Voir aussi