LAGARCE JEAN-LUC (1957-1995)

Jean-Luc Lagarce est actuellement l'auteur contemporain le plus joué en France. Si, en moins de vingt-cinq ans, il a écrit une vingtaine de pièces de théâtre, seules quelques-unes d'entre elles furent montrées de son vivant par d'autres metteurs en scène. Parti d'une forme proche du théâtre de l'absurde, il a ensuite élaboré une écriture originale où l'adieu, la disparition, la mort occupent une place centrale.

De la mise en scène à l'écriture

Jean-Luc Lagarce est né le 14 février 1957 à Héricourt (Haute-Saône) de parents protestants, ouvriers chez Peugeot. Il étudie d’abord la philosophie à l'université de Besançon. Son mémoire de maîtrise analyse les liens entre Théâtre et pouvoir en Occident. Il s'initie à la pratique théâtrale au conservatoire de région d'art dramatique. Avec d'autres élèves, il fonde la compagnie La Roulotte, ainsi nommée en hommage à Jean Vilar. Il abandonne sa thèse sur la notion de système chez Sade pour se consacrer à l'écriture et à la mise en scène, qu'il conçoit toutes deux comme un dialogue avec la tradition théâtrale.

Lorsque Jean-Luc Lagarce propose ses premières pièces (La Bonne de chez Ducatel, Erreur de construction, 1977) à Lucien Attoun, le directeur de Théâtre Ouvert lui reproche l'influence trop marquée de Beckett et de Ionesco. Ce premier contact n'en constitue pas moins le début d'une longue collaboration artistique. Séduit par Carthage encore (1978) et les textes suivants, Lucien Attoun entreprend de les publier à Théâtre Ouvert et de les faire entendre dans le cadre du nouveau répertoire dramatique de France-Culture.

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Jean-Claude Fall monte en 1982 Voyage de Madame Knipper vers la Prusse-Orientale au Petit Odéon (Comédie-Française). Avec sa compagnie, devenue professionnelle en 1981, Jean-Luc Lagarce met discrètement en scène ses pièces, souvent dans l'est de la France. Il monte avec succès des œuvres du répertoire (La Cantatrice chauve de Ionesco, 1991, Le Malade imaginaire de Molière, 1993, La Cagnotte d'Eugène Labiche, 1995), des adaptations (Les Égarements du cœur et de l'esprit, d'après Crébillon fils, 1984, Chroniques maritales, d'après Marcel Jouhandeau, 1988) et Les Solitaires intempestifs (1992), un « collage-montage » à partir d'œuvres des xixe et xxe siècles. Si les pièces de Lagarce ont d'abord attiré la curiosité de la profession, ses activités de metteur en scène ont ensuite fait de l'ombre à son travail d'écrivain.

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Médias

<em>Juste la fin du monde</em>, J.-L. Lagarce - crédits : Brigitte Enguérand/ Divergence , coll. Comédie-Française, 2008

Juste la fin du monde, J.-L. Lagarce

<em>J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne</em> de J.-L. Lagarce, mise en scène de Chloé Dabert - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne de J.-L. Lagarce, mise en scène de Chloé Dabert

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