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DUJARDIN JEAN (1972- )

Hommage à Hollywood

Dès 2008, le premier OSS 117 avait remporté un franc succès aux États-Unis dans le marché étroit des films étrangers. Sans doute représentait-il la french touch. D'où l'idée de Michel Hazanavicius : The Artist conservera ce ton pour un hommage à l'apogée du cinéma hollywoodien, son style, ses genres (à la fois le mélo, le musical, la comédie américaine) et son star-system. Jean Dujardin sera donc George Valentin, vedette du cinéma muet dont la carrière est brisée par l'arrivée du cinéma parlant alors que triomphe Peppy Miller (incarnée par Bérénice Béjo), la jeune étoile montante. Le cinéaste transcende clichés et « happy end » pris dans un élan ébouriffant mêlant glamour, spectacle et émotion portés par une vraie passion cinéphilique de la mise en scène. Superbe, Dujardin sera merveilleusement servi – comme il se doit dans les studios en 1929 – par sa partenaire et l'authentique cabot qui, selon les règles du métier, ne lui volent néanmoins jamais la vedette.

Certes, l'audace de réaliser un film muet en noir et blanc rend le montage financier difficile : The Artist ne reçoit ni avance sur recette, ni apport des télévisions. Produit par Thomas Langmann, il est sélectionné in extremis au festival de Cannes 2011, où Dujardin reçoit le prix d'interprétation face à Sean Penn et Michel Piccoli. Le distributeur américain Harvey Weinstein orchestre alors une promotion d'envergure dans son propre pays. Le film est présenté aux festivals de Telluride, de Toronto et de New York, où il sort à l'automne, ainsi qu'à Los Angeles. Il fait rapidement plus d'entrées que La Môme d'Olivier Dahan, avec Marion Cotillard « oscarisée » en 2008. Les récompenses s'accumulent pour le film et le comédien : prix de la critique new-yorkaise, de la Directors Guild of America, des Golden Globes et enfin cinq oscars dont les trois les plus prestigieux, meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur comédien. C'est le triomphe de toute une équipe. Seule Bérénice Béjo est injustement oubliée mais elle se rattrape peu après à l'occasion des césars, où The Artist récolte cinq autres trophées... bien que l'interprétation masculine échappe cette fois à Jean Dujardin !

L'après-oscars a beau débuter en mars 2012 avec le médiocre Infidèles, film à sketches que le comédien interprète, coproduit, scénarise et coréalise avec six autres metteurs en scène, la confiance du public lui reste acquise. Sa personnalité séduit par sa modestie, son autodérision et sa pratique savoureuse du surjeu (son fameux mouvement de sourcil)... qui relativise la pluie de prix d'interprétation qui l'ont submergé. Jean Dujardin possède assez d'humour pour assumer les paradoxes.

— René PRÉDAL

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

René PRÉDAL. DUJARDIN JEAN (1972- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HAZANAVICIUS MICHEL (1967- )

    • Écrit par René PRÉDAL
    • 954 mots
    De 2006 à 2011, la reconnaissance critique et publique de Michel Hazanavicius est indissociable de celle de Jean Dujardin qu'il met en scène dans trois films qui rompent autant avec le comique de café-théâtre qu'avec « l'esprit Canal ». L'acteur était jusqu'alors connu pour ses prestations à la télévision...
  • J'ACCUSE (R. Polanski)

    • Écrit par Pierre EISENREICH
    • 934 mots
    ...(Louis Garrel) à travers l’enquête que mène un de ses anciens supérieurs de l’École supérieure de guerre, le lieutenant-colonel Marie-Georges Picquart (Jean Dujardin). L’interprétation de la vedette de The Artist (2011) sied à merveille à la mise en scène par son introspection sensible, dessinant peu...

Voir aussi