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FABRE JAN (1958- )

Né à Anvers en 1958, Jan Fabre est l'un des plus célèbres représentants de la vague artistique flamande surgie au cours des années 1980. Plasticien de formation, il est également scénographe, auteur, chorégraphe, metteur en scène (théâtre, opéra), et réalise divers courts-métrages. Il expose et crée de manière régulière à Anvers et dans différents centres artistiques européens ou américains. Il participe, entre autres, aux biennales de Venise, São Paulo ou encore à la Dokumenta de Cassel. L'oxymore du « guerrier de la beauté », qu'il revendique à plusieurs titres, demeure la manière la plus appropriée d'évoquer son travail. Il révèle un art de l'affrontement, souligne la finalité d'une quête idéaliste et met en lumière la dualité d'un Janus exhibant les contraires pour mieux les transcender : passé/avenir, vie/mort, rêve/cauchemar, discipline/chaos, corps physique/corps spirituel, réalité/fiction, immobilité/métamorphose, disparition/apparition sont autant de facettes inhérentes à l'œuvre de Jan Fabre. Celui-ci agit comme un expérimentateur dont le laboratoire – celui des arts et des corps – prend en compte les symboles, métaphores, mythes, en utilisant des leitmotiv : insecte, double, symétrie, folie, érotisme, sang... Son œuvre, subversive et suggestive, suscite les polémiques et les passions. Elle s'apparente dans bien des cas aux recherches de certaines avant-gardes qui marquèrent le xxe siècle.

Le laboratoire des arts

Jan Fabre ne cesse d'interroger les processus de création et de diffusion artistiques en s'attaquant au concept d'« art ». Ses premières « actions terroristes » se tournent contre les réseaux traditionnels de reconnaissance. À leur insu, il expose ses propres œuvres dans des musées (Wets-World project, 1979), dénonce, avec T. Art (1981), la prostitution de l'art et de l'artiste, ou encore s'attaque au discours de l'histoire de l'art en maltraitant des reproductions de maîtres (Ilad of the Bic-Art, 1981).

Il totalise les genres, disciplines et procédés artistiques, tout en situant sa recherche aux frontières mêmes de chaque catégorie, pour mieux en repousser les limites. Ses maquettes et modèles proviennent notamment de ses performances. Bon nombre de dessins s'allient avec la sculpture ou l'architecture : la façade du château de Tivoli est ainsi entièrement recouverte de dessins monochromes réalisés au stylo Bic bleu... Le dessin, pratiqué quotidiennement, reste la « pierre de touche » de tous ses projets qui, à partir de 1986, vont s'appuyer sur Troubleyn, structure de production destinée à s'augmenter bientôt d'un théâtre à Anvers.

Son théâtre, profondément visuel, naît et évolue selon le monde des arts plastiques. Dans C'est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir (1982) et Le Pouvoir des folies théâtrales (1984), peinture, performance et dessin coexistent à différents degrés, remettant en question l'idée même de théâtre à travers certaines de ses composantes comme la répétition ou la représentation. Ils tendent dès lors à contaminer les structures de chaque création.

Avec The Minds of Helena Troubleyn, trilogie amorcée en 1990, la notion d'œuvre d'art totale est elle-même mise en scène. S'il confronte les arts entre eux, en stipulant leur autonomie, Jan Fabre cherche aussi à les déconstruire. Tout comme le « système opéra » est attaqué de l'intérieur au sein de Silent Screams, Difficult Dreams (1992), la parole et le mouvement, éléments constitutifs du théâtre puis de la danse, sont décomposés, et ramenés à ces préoccupations primordiales que sont le temps (L'Interview qui se meurt, 1989) et l'espace (The Sound of one Hand Clapping, 1990).

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Écrit par

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Pour citer cet article

Delphine JAUNASSE. FABRE JAN (1958- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BALLET

    • Écrit par Bernadette BONIS, Pierre LARTIGUE
    • 12 613 mots
    • 20 médias
    Un autre courant vient du décloisonnement des arts pratiqué en Flandre dans les années 1970.En chef de file, Jan Fabre, séducteur et provocateur, qui utilise des danseurs dans un vocabulaire académique basique pour de grands tableaux aux images violentes. À l'opposé, dans une esthétique du bric et...

Voir aussi