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IMAGERIE MÉDICALE

Lecture et interprétation : le radiodiagnostic

Rien ne s'oppose en théorie à ce qu'un jour l'œil du robot soit capable de lire et d'interpréter en expert, parfois, l'image médicale. Le savoir est de plus en plus « informatisé » et divisé, mais il est peu probable que la synthèse des maux dont souffre un homme puisse être faite par la machine. Le maître mot de l'imagerie demeure en effet son « interprétation », autour de laquelle gravitent les connaissances du « lecteur » aussi bien que les hypothèses particulières issues du patient examiné.

La réflexion clinique relie les symptômes, et doit compter avec une problématique de l'intégral, quitte à gommer abusivement parfois les particularismes. À l'objectivité excessive d'une lecture automatique risque ainsi de s'opposer, dans certains cas, une interprétation orientée.

Réglage scannographique - crédits : M. Laval-Jeantet

Réglage scannographique

L'imagerie nouvelle aggrave encore la difficulté : depuis une dizaine d'années, les différences d'opacité (du noir au transparent) sont codées sur 500 à 4 000 niveaux de « gris » (de 9 à 12 bits) alors que l'œil ne peut observer avec un bon contraste que de 60 à 100 niveaux (de 6 à 7 bits). On ne peut plus parler d'une image de scanner ou d'I.R.M., mais d'une pile de structures qu'il faut explorer l'une après l'autre au moyen d'une fenêtre acceptable. On parle constamment en scanographie de « fenêtre os », de « fenêtre pulmonaire », etc., correspondant chacune à un réglage différent de la console de visualisation.

Prenons un exemple simple : un homme de cinquante ans a mal au dos. La radiographie conventionnelle réalisée sur un film de dynamique limitée (100 niveaux de gris) ne montre que le squelette mais peut être « lue » devant une quelconque source lumineuse : négatoscope médical, lampe, voire lumière du jour. Le scanner de la vertèbre douloureuse doit être lu sur la console avec plusieurs fenêtrages (fig. 5). Un examen en fenêtre « tissus mous » peut montrer l'absence de hernie discale et effacer l'image d'une métastase cancéreuse qu'aurait révélée un fenêtrage différent.

Ainsi, à la pléthore des images, s'ajoute leur extrême complexité. La nouvelle imagerie doit renoncer aujourd'hui à restituer le contenu réel d'un examen. La complexité dynamique de l'image ne serait compatible qu'avec un disque magnétique ou optique que chaque médecin pourrait consulter sur sa console. Mais que de temps perdu. L'« extrait interprété », sur un film ou un papier, suffit, si l'interprète est bon. Mais se trouve remis en question, dans cette perspective, le postulat qui veut que soit disponible l'intégralité des informations obtenues.

Plaidoyer pour l'imagerie moderne

L'imagerie médicale inquiète lorsqu'on la connaît mal. Elle emploie des appareils onéreux, mais sa part dans les dépenses de santé augmente moins vite que le coût du personnel paramédical. Surtout, c'est à l'intérieur du budget de l'imagerie que de nouveaux équilibres apparaissent. Contrairement à ce que pensent des augures mal informés, l'addition des examens n'a lieu que pendant une courte période d'évaluation comparative. Scanner X et échographie ont pratiquement éliminé le recours à l'angiographie, plus dangereuse. L'endoscopie a littéralement tué l'exploration digestive à base de bouillie barytée, au point qu'il est difficile dans certains hôpitaux d'en apprendre la technique aux étudiants. Scanner et I.R.M. ont considérablement diminué la myélographie, opacification pénible des enveloppes de la moelle ; l'encéphalographie gazeuse (pour voir les ventricules cérébraux) et l'arthrographie du genou sont menacées. D'innombrables études de rapports coûts/bénéfices ont prouvé quel était l'intérêt économique d'un emploi judicieux de la « nouvelle imagerie ». Prenons deux exemples bien connus[...]

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Écrit par

  • : professeur, maître de conférences agrégé, chef du service de radiologie à l'hôpital Saint-Louis, Paris

Classification

Pour citer cet article

Maurice LAVAL-JEANTET. IMAGERIE MÉDICALE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Imagerie médicale : de 1896 à 1920 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Imagerie médicale : de 1896 à 1920

Imagerie médicale : de 1920 à 1960 - crédits : Encyclopædia Universalis France

Imagerie médicale : de 1920 à 1960

Imagerie médicale : de 1960 à nos jours - crédits : Encyclopædia Universalis France

Imagerie médicale : de 1960 à nos jours

Autres références

  • DÉTECTEURS DE PARTICULES

    • Écrit par Pierre BAREYRE, Jean-Pierre BATON, Georges CHARPAK, Monique NEVEU, Bernard PIRE
    • 10 978 mots
    • 12 médias
    ...efficacité aux rayons γ due à l'iode, et de son prix modéré qui permet de réaliser des cristaux d'un diamètre de 40 à 50 centimètres indispensables pour l' imagerie nucléaire médicale. C'est d'ailleurs là que son usage est le plus répandu. Avec un ensemble de photomultiplicateurs recueillant les impulsions...
  • ANTIMATIÈRE

    • Écrit par Bernard PIRE, Jean-Marc RICHARD
    • 6 931 mots
    • 4 médias
    L'utilisation des positons dans le domaine médical est sans doute l'application la plus spectaculaire de l'antimatière.La tomographie par émission de positons (T.E.P.) permet d'observer in vivo et de façon quantitative des processus biochimiques et physiologiques divers. On peut ainsi étudier le...
  • BÉCLÈRE ANTOINE (1856-1939)

    • Écrit par Guy PALLARDY
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    Bachelier à dix-sept ans après de brillantes études au lycée Bonaparte (l'actuel lycée Condorcet), Antoine Béclère envisage l'École normale supérieure, puis se dirige vers les études de médecine, encouragé par l'exemple de son père, Claude Béclère, descendant de cultivateurs bourguignons, qui exerçait...

  • CANCER - Cancer et santé publique

    • Écrit par Maurice TUBIANA
    • 14 762 mots
    • 8 médias
    L'imagerie médicale a été révolutionnée par les ordinateurs. À la radiologie classique, devenue plus performante, sont venus s'ajouter grâce à eux le scanner, la résonance magnétique, les ultrasons (échographie), la scintigraphie avec isotopes radioactifs, notamment avec les isotopes émetteurs de ...
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Voir aussi