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BÉCLÈRE ANTOINE (1856-1939)

Bachelier à dix-sept ans après de brillantes études au lycée Bonaparte (l'actuel lycée Condorcet), Antoine Béclère envisage l'École normale supérieure, puis se dirige vers les études de médecine, encouragé par l'exemple de son père, Claude Béclère, descendant de cultivateurs bourguignons, qui exerçait la médecine à Paris.

Radiologie : son fondateur, Antoine Béclère (1856-1939) - crédits : Collection Guy Pallardy

Radiologie : son fondateur, Antoine Béclère (1856-1939)

Antoine Béclère - crédits : Guy Pallardy

Antoine Béclère

Reçu externe en 1875, Antoine Béclère réussit à vingt et un ans l'internat des Hôpitaux de Paris dès son premier concours et s'oriente vers la pédiatrie ; son habileté le fait nommer « moniteur de trachéotomie », geste d'urgence indispensable tant la détresse respiratoire est fréquente. Sa thèse, De la contagion de la rougeole (1882), dénonce le manque de précautions vis-à-vis des maladies infectieuses. Antoine Béclère s'imprègne, durant ces années de formation, des courants médicaux de l'époque : découvertes pastoriennes, antisepsie de Lister, asepsie de Terrillon, médecine expérimentale de Claude Bernard, endocrinologie de Brown-Séquard, immunologie de Saint-Yves Ménard.

Reçu médecin des Hôpitaux au concours de 1893, il est titularisé en janvier 1897 chef du service de médecine interne de l'hôpital Tenon. À quarante ans, il est devenu un pédiatre renommé et sa carrière semble tracée, mais sa curiosité scientifique toujours en éveil va tout faire basculer. Ses camarades d'internat, Toussaint Barthélemy et Paul Oudin, qui connaissent les rayons X par la publication de Röntgen (28 décembre 1895), réussissent les premiers clichés français, présentés à l'Académie des sciences le 20 janvier 1896. Ils organisent en fin d'année des démonstrations de radioscopie. Béclère, invité, s'émerveille en découvrant la dynamique des organes du thorax et une zone opaque d'un poumon et pressent la portée considérable de cette méthode d'investigation. « Cette voie, dira-t-il plus tard, m'apparut comme le chemin de la terre promise, je m'y engageai. »

Rayons X : l'alimentation du tube cathodique - crédits : Collection Guy Pallardy

Rayons X : l'alimentation du tube cathodique

Pour examiner ses malades, il dote à ses frais, en 1897, son service hospitalier d'un appareil de radioscopie dont la haute tension provient d'abord d'une machine électrostatique actionnée à la main, puis d'une bobine d'induction, alimentée par des accumulateurs qu'il faut recharger la nuit à l'extérieur ; le fiacre les rapporte le matin en conduisant Béclère à son hôpital. Si une radiographie est nécessaire, Béclère transporte le cliché à son domicile, où son épouse le développe.

À cette époque, la radiologie, entrée dans les hôpitaux de Paris avant l'électricité, se heurte encore aux détracteurs et aux sceptiques. Béclère, nommé le 1er janvier 1899 chef du service de médecine de Saint-Antoine, transfère son installation, puis lui adjoint en 1902 un poste de radiothérapie dont il peut mesurer les doses avec le tout récent radiochromomètre du professeur Holzknecht, de Vienne. Il dispose aussi de quelques milligrammes de radium offerts par Pierre et Marie Curie.

C'est le temps des pionniers où tout est à inventer : Béclère conçoit des appareils, codifie les images pathologiques des organes que la technologie permet d'explorer, étudie les effets thérapeutiques des rayonnements sur de nombreuses tumeurs. Il participe à la commission destinée à unifier la dosimétrie en radiothérapie et travaille à la protection contre ces rayons ionisants. Atteint lui-même, il sera amputé des deux derniers doigts de la main gauche. La valeur de ses travaux originaux tient au nombre de cas étudiés ou traités, répertoriés dans le livre jubilaire de ses quatre-vingts ans offert en 1936 par ses élèves et amis.

Béclère a le don d'enseigner et sait recourir à des schémas ou à des modèles ingénieux pour se faire comprendre. Aux démonstrations de 1897 succède dès 1898 un cycle annuel de cours et d'exercices pratiques. Son « école »[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Paris-V, radiologiste honoraire des hôpitaux de Paris

Classification

Pour citer cet article

Guy PALLARDY. BÉCLÈRE ANTOINE (1856-1939) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Radiologie : son fondateur, Antoine Béclère (1856-1939) - crédits : Collection Guy Pallardy

Radiologie : son fondateur, Antoine Béclère (1856-1939)

Antoine Béclère - crédits : Guy Pallardy

Antoine Béclère

Rayons X : l'alimentation du tube cathodique - crédits : Collection Guy Pallardy

Rayons X : l'alimentation du tube cathodique

Autres références

  • RADIOLOGIE : ANTOINE BÉCLÈRE

    • Écrit par Guy PALLARDY
    • 216 mots
    • 1 média

    Wilhelm Röntgen, physicien de Würtzburg (Allemagne), publie le 28 décembre 1895 sa découverte des rayons X. Deux médecins parisiens, Toussaint Barthélemy et Paul Oudin, réussissent les premières radiographies françaises, présentées à l'Académie des sciences le 20 janvier 1896....

Voir aussi