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IKEDA CARLOTTA (1941-2014)

Danseuse et chorégraphe, la Japonaise Ikeda Carlotta était la grande figure féminine du butō. Elle a marqué l’histoire de cette danse contemporaine (apparue à la fin des années 1950 au Japon) à la fois par sa présence sur scène et par la puissance de ses œuvres.

Les années fondatrices

Née le 19 février 1941 à Fukui, village situé sur la côte ouest du Japon, Ikeda Carlotta, de son vrai nom Ikeda Sanae, s’initie tout d’abord au ballet classique à Tōkyō, puis se forme, dans les années 1960, à la danse contemporaine, notamment aux techniques de l’Américaine Martha Graham et à l’expressionnisme de l’Allemande Mary Wigman. Ce n’est qu’en 1972 qu’elle découvre le butō de Hijikata Tatsumi (1928-1986). Elle vient de trouver sa vocation et s’initie à ce mouvement qui cherche à révéler la vérité archaïque de l’être.

En 1974, Ikeda Carlotta rejoint la troupe Dairakudakan qui a été créée en 1972 par Maro Akaji et Murobushi Kō. Également en 1974, elle fonde Ariadone et sera, jusqu’à sa mort en 2014, l’unique directrice de cette compagnie constituée exclusivement de danseuses. Cette nouvelle danse nipponne est alors en train de se structurer autour de quelques troupes. En 1975, c’est au tour d’ Amagatsu Ushio, autre grande figure du butō, de fonder Sankai Juku.

La décision de se lancer dans ce courant chorégraphique n’est pas seulement artistique. En effet, à ses débuts, le butō se veut aussi un engagement citoyen contre la société industrielle et la présence militaire américaine au Japon. Cette contestation passe par la libération du corps. Avec sa petite taille et son corps athlétique, Ikeda Carlotta ose se produire nue, d'abord dans les cabarets, ensuite dans les spectacles chorégraphiques, sur scène et dans l'espace public. Sachant que la nudité sur scène pose problème au Japon (et encore aujourd'hui), le courage de son geste force le respect, d'autant qu'elle se produit à une époque où les danseurs de butō se font régulièrement arrêter par la police. La création d'Ariadone n'a cependant pas eu d'impact fort sur la place des danseuses de butō. Ikeda Carlotta est restée la seule femme à s’imposer parmi les sept personnalités clés du butō, les six hommes étant Hijikata Tatsumi, Ōno Kazuo, Maro Akaji, Murobushi Kō, Amagatsu Ushio et Tanaka Min.

Ikeda Carlotta - crédits : Thierry Orban/ Sygma/ Getty Images

Ikeda Carlotta

Malgré la force de caractère qu'elle met dans la balance dès les années 1970, Ikeda Carlotta ne crée sa première chorégraphie, Black Grey White, qu'en 1988. Toutes les créations précédentes d'Ariadone sont signées par les fondateurs de Daidarudakan : Maro Akaji (Volcan féminin, 1975 ; Chiisako, 1987) et surtout Murobushi Kō (Le Dernier Éden, 1978 ; le fameux solo Utt, 1981, où Ikeda parcourt les différents âges de la vie d'une femme ; Hime, 1985, etc.). Mais, même après avoir imposé son style flamboyant, aux images grotesques et fascinantes, à travers des chorégraphies majeures comme Le Langage du Sphinx (1992), Zarathoustra – Variations (2005) et Uchuu – Cabaret (2008), Ikeda continue sa collaboration avec Murobushi Kō.

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Pour citer cet article

Thomas HAHN. IKEDA CARLOTTA (1941-2014) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Ikeda Carlotta - crédits : Thierry Orban/ Sygma/ Getty Images

Ikeda Carlotta

Autres références

  • BUTŌ

    • Écrit par Agnès IZRINE
    • 3 838 mots
    Ikeda Carlotta, quant à elle, s'est battue pour que les femmes trouvent leur place dans l'univers du butō. Oscillant entre une nudité totale et des costumes extravagants, elle chorégraphie le corps et l'érotisme d'un point de vue féminin. S'inspirant à son tour des textes de Sade, de Lautréamont ou de...
  • MUROBUSHI KŌ (1947-2015)

    • Écrit par Thomas HAHN
    • 1 067 mots
    • 1 média
    ...Murobushi Kō retrouve en 1999 Ariadone pour chorégraphier Haru no saiten, une version du Sacre du printemps créée au Théâtre de la Bastille (Paris) avec Ikeda Carlotta en scène, puis, en 2012 pour la création d'une pièce de groupe, Un coup de don, le « don » étant l'onomatopée japonaise qui mime...

Voir aussi