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IKEDA CARLOTTA (1941-2014)

L’ancrage en France

Comme tous les fondateurs du butō, Ikeda Carlotta intègre des influences aussi bien japonaises qu’occidentales. À partir de 1978, elle se produit régulièrement en France et, à partir de 1985, ses pièces sont montées à Montpellier, Paris, Strasbourg, Avignon, Marseille, etc. Au cours de la seconde moitié des années 1980, le centre de vie d'Ikeda Carlotta se déplace progressivement vers Paris, le butō étant plus favorablement accueilli en Europe qu'au Japon. Ariadone s’installe en France à partir de 1988, d'abord à Paris puis définitivement à Bordeaux. Le choix de ce pays n’est pas anodin, étant donné que le butō est nourri d'influences françaises (avec de constantes références à Artaud, Bataille, Lautréamont…). Pour son solo Waiting (1996), Ikeda Carlotta s'inspire également de Marguerite Duras. Elle a d’ailleurs emprunté son prénom si peu japonais à Carlotta Grisi, la ballerine italienne qui créa le rôle de Giselle en 1841.

Après son installation en France, Ikeda crée pour et avec des artistes chorégraphiques français, entre autres, Une journée blanche, duo avec Hervé Diasnas (1990), et Tampopo, solo très sensible interprété par la danseuse contemporaine française Mathilde Lapostolle (2001). Elle mélange progressivement interprètes japonaises et européennes, comme dans Haru no saiten (1999), une pièce de groupe sobre et intimiste, inspirée du Sacre du printemps, et qu’elle chorégraphie avec Murobushi Kō. Mais jamais hommes et femmes ne se croisent dans les pièces d'Ariadone. Ikeda Carlotta se sent aussi peu capable de chorégraphier pour des corps d'hommes qu’Amagatsu Ushio, qui règne en maître sur la troupe Sankai Juku (exclusivement masculine), pour des femmes.

Il fallait les retrouvailles avec Murobushi pour Un coup de don, une pièce de groupe (2012), pour que danseurs et danseuses puissent se côtoyer sur scène dans une pièce d'Ariadone. Pour cette œuvre, réplique chorégraphique au séisme de 2011 qui déclencha le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima, Murobushi Kō signe la chorégraphie et Ikeda Carlotta est l'une des sept interprètes. C'est la dernière aventure commune de ces deux grandes figures du butō. Le 24 septembre 2014, Ikeda s'éteint à l’âge de soixante-treize ans.

— Thomas HAHN

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Pour citer cet article

Thomas HAHN. IKEDA CARLOTTA (1941-2014) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 17/12/2015

Média

Ikeda Carlotta - crédits : Thierry Orban/ Sygma/ Getty Images

Ikeda Carlotta

Autres références

  • BUTŌ

    • Écrit par
    • 3 838 mots
    Ikeda Carlotta, quant à elle, s'est battue pour que les femmes trouvent leur place dans l'univers du butō. Oscillant entre une nudité totale et des costumes extravagants, elle chorégraphie le corps et l'érotisme d'un point de vue féminin. S'inspirant à son tour des textes de Sade, de Lautréamont ou de...
  • MUROBUSHI KŌ (1947-2015)

    • Écrit par
    • 1 067 mots
    • 1 média
    ...Murobushi Kō retrouve en 1999 Ariadone pour chorégraphier Haru no saiten, une version du Sacre du printemps créée au Théâtre de la Bastille (Paris) avec Ikeda Carlotta en scène, puis, en 2012 pour la création d'une pièce de groupe, Un coup de don, le « don » étant l'onomatopée japonaise qui mime...