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HYPOSTASE, philosophie

Du grec hupostasis, ce qui est en dessous, au fond, d'où le sens de dépôt (Aristote), de fondement, de structure, de réalité par opposition à quelque fruit de l'imagination (Aristote). Le terme n'acquiert de sens philosophique que tardivement. L'Épître aux Hébreux, où Jésus-Christ est dit « empreinte de l'hypostase du Père », est la première attestation d'un usage philosophique ambiant. On remarquera que le terme peut désigner des réalités fort différentes, des choses matérielles (par exemple les corps célestes dans l'anonyme stoïcien Du monde) aux réalités participant à quelque statut extra-matériel (formes subsistantes). C'est chez Plotin (205-271) et chez les néo-platoniciens que le terme s'affirme pour désigner chacun des trois stades d'un univers hiérarchisé selon sa plus ou moins effective appartenance à l'Un absolu, première hypostase. L'Intellect (Noûs), deuxième hypostase, émane de l'Un et donne naissance à l'Ame du monde (Psychè), troisième hypostase, de toutes la plus éloignée de la pure unité, puisque animant le cosmos elle a commerce avec la matière, force négative de multiplication, de dispersion, véritable contre-hypostase, incapable, de soi, de s'unifier jamais. La Psychè, au niveau du monde humain, constitue par sa présence et par son mouvement ascendant l'amorce d'une conversion du sujet humain vers l'unité qui le sauve. Le christianisme puisera dans ces spéculations, qu'il accordera à ses exigences propres et notamment à ses ascendances bibliques, pour élaborer le langage de ses mystères et forger les concepts de sa dogmatique : une seule nature (ousia) en trois hypostases, Père, Fils, Esprit ; la deuxième assumant, du fait de l'Incarnation, de l'union dite hypostatique, les deux natures, divine et humaine.

— Lucien JERPHAGNON

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Pour citer cet article

Lucien JERPHAGNON. HYPOSTASE, philosophie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARIANISME

    • Écrit par Michel MESLIN
    • 2 439 mots

    L'arianisme – du nom d' Arius, prêtre d'Alexandrie au début du ive siècle, qui fut traditionnellement considéré comme le père de cette hérésie – est une réflexion doctrinale visant à approfondir le dogme chrétien de la Trinité et à éclairer le problème des relations,...

  • CHALCÉDOINE CONCILE DE (451)

    • Écrit par Hervé LEGRAND
    • 792 mots
    ...confusion ni changement, sans division ni séparation » ; les propriétés de chacune de ces natures restent sauves, mais appartiennent à une seule personne ou hypostase. Cette définition permet au croyant d'affirmer, sans contradiction, que Jésus-Christ est véritablement à la fois son Dieu et son frère, et par...
  • FILIOQUE QUERELLE DU

    • Écrit par Olivier CLÉMENT
    • 993 mots

    Nom donné à un conflit théologique qui a séparé et sépare encore l'Occident et l'Orient chrétiens et à l'origine duquel on trouve deux approches, différentes mais non opposées, du mystère de l'Esprit au sein de la Trinité. Les Pères latins, ainsi que certains Pères...

  • GRÉGOIRE DE NAZIANZE saint (330 env.-env. 390)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 1 589 mots
    ...et la multiplicité, comme celle qui existe entre les deux erreurs du judaïsme et du paganisme : Dieu est un, par le fait même qu'il subsiste en trois hypostases, hypostases qui correspondent aux relations intérieures et aux caractéristiques personnelles qui diversifient sans la diviser l'essence divine....
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Voir aussi