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CIRIANI HENRI (1936- )

L'historial de la Grande Guerre de Péronne (1992) et le musée d'Arles antique (1995) ont permis à l'architecte d’origine péruvienne Henri Ciriani d'échapper au statut de bâtisseur de logements et d'équipements sociaux qui fut longtemps le sien. Dans ces œuvres, Ciriani a déployé dans toute sa plénitude un remarquable talent de concepteur de formes et de manipulateur de la lumière.

Des mégastructures linéaires

Alors qu'il n'a pas encore terminé ses études d'architecture, Henri Ciriani (né en 1936 à Lima), fils de général de l'armée de l'air péruvienne, a eu la chance de construire dès 1960 quelques villas et surtout de travailler à de vastes complexes urbanistiques, au sein de l'atelier créé par le ministère des Travaux publics de son pays. Jeune diplômé, il a la responsabilité de très grands ensembles (plan de Ventanilla, ville satellite de Lima pour laquelle il réalise 300 logements, une église et des écoles, des centaines de logements pour Matute, Rimac, San Felipe). Cette activité dure jusqu'à son départ pour la France en 1964, pays où il va s'établir et dont il prend même la nationalité en 1976. Ces débuts l'ancrent étroitement dans une vision très volontariste et progressiste de son métier, qui accorde une importance prépondérante au domaine politique et social.

À Paris, Henri Ciriani travaille d'abord pour l'architecte André Gomis, tout en participant pour son propre compte à divers concours internationaux (notamment pour l'aéroport de Luxembourg et pour l'hôtel de ville d'Amsterdam qui, en 1967, font connaître son graphisme incisif et efficace, et lui valent, insigne honneur pour un architecte aussi jeune, de figurer deux fois en couverture de la revue L'Architecture d'aujourd'hui). Ciriani est un grand dessinateur, consacrant de longues heures de solitude à tracer des perspectives minutieuses, mettant au point les qualités spatiales de ses constructions, et retravaillant certains projets refusés par des jurys de concours parfois plusieurs années après leur échec (ainsi ceux de l'Opéra de la Bastille, en 1983, ou de la Bibliothèque de France, en 1989).

Il entre en 1968 à l'Atelier d' urbanisme et d'architecture de Bagnolet (A.U.A.), plaque tournante de la pratique pluridisciplinaire et de l'architecture sociale des années 1960, au sein de laquelle il s'associe avec le paysagiste Michel Corajoud (Borja Huidobro les rejoint en 1970). L'équipe durera jusqu'en 1975, date à laquelle Ciriani crée son atelier personnel, avant de quitter définitivement l'A.U.A. sept ans plus tard.

Henri Ciriani était venu à l'A.U.A. pour travailler à l'illustration d'une plaquette présentant la Villeneuve de Grenoble-Échirolles, publication dont le graphisme fera date. Puis, avec Michel Corajoud (ils se déclaraient alors « paysagistes urbains »), il se consacre à la conception de l'espace public du premier quartier de la ville nouvelle, dit de l'Arlequin, un parcours en rez-de-chaussée de 6 mètres de hauteur et 1 kilomètre et demi de long sur lequel devaient se greffer, au fur et à mesure, les équipements publics. Cette réalisation très remarquée de design urbain, influencée par les développements contemporains du graphisme publicitaire, utilise des signalétiques énormes et une polychromie contrastée.

En 1971 et 1972, les diverses personnalités de l'A.U.A. (auxquelles s'était associé le « Taller de Arquitectura » du jeune Catalan Ricardo Bofill« ») unissent leurs efforts à l'occasion de l'important concours d'Évry 1, qui sanctionna un projet concurrent, celui des pyramides d'Andrault et Parat. Ce concours renforce l'autorité de Ciriani mais contribue à l'apparition des premières tensions au sein de l'équipe, notamment des rivalités avec [...]

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François CHASLIN. CIRIANI HENRI (1936- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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