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SCHLIEMANN HEINRICH (1822-1890)

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Sur les traces d’Agamemnon

Masque dit d’Agamemnon - crédits : Bridgeman Images

Masque dit d’Agamemnon

Parallèlement, des investigations sont menées à Mycènes dès 1874. Sofia explore la tombe dite de Clytemnestre ; son époux se réserve les accès du trésor d’Atrée. Les résultats sont médiocres. Le succès vient deux ans plus tard. D’août à décembre 1876, l’archéologue, qui dépense l’équivalent de 1 500 euros par jour, concentre ses efforts près de la porte des Lionnes. Un cercle funéraire – que l’on date aujourd’hui dans une fourchette chronologique allant de 1600 à 1510 avant J.-C. – apparaît sous la pioche des ouvriers. Cinq tombes à fosse sont ouvertes. Dès que surgissent les premiers masques d’or de princes mycéniens, Schliemann télégraphie au roi de Grèce, Georges Ier ; il annonce la découverte de ce qu’il croit être le sépulcre d’Agamemnon. En 1878, la publication de l’ouvrage Mycènes fait connaître les résultats de cette campagne spectaculaire. En 1885 paraît Ilios, ville et pays des Troyens.

L’appétit de Schliemann est dès lors sans limites : à Ithaque, à Orchomène, à Tirynthe et même à Cnossos. Mais la négociation crétoise échoue, faute d’un accord sur le prix de vente des terrains. La quête de la tombe d’Alexandre et du palais de Cléopâtre conduit Schliemann à voyager sur le Nil. Ce qui le persuade de reconsidérer ses trouvailles mycéniennes à la lumière des datations égyptiennes. Après avoir participé en 1889 au Congrès d’anthropologie de Paris où il fait face à ses contradicteurs, il organise de nouvelles fouilles sur le site de Troie en présence de savants européens. Au retour d’un séjour en Allemagne, où une opération n’a pu le guérir de ses maux d’oreilles, il est pris, le jour de Noël 1890, d’un malaise à Naples. Il meurt, le lendemain, sans avoir pu revisiter Pompéi, où était née sa vocation.

Avec le troisième millénaire, le personnage est entré au purgatoire. L’archéologue est un piètre savant. C’est un contresens sur un passage du livre de Pausanias qui lui a permis de retrouver le cercle funéraire de Mycènes. Le fouilleur, toujours trop pressé, est un imposteur : il a fabriqué le trésor de Priam en réunissant des trouvailles faites en divers points de la citadelle troyenne. Il n’empêche. C’est à ce franc-tireur, méprisé des institutions académiques, qu’il revient d’avoir fait revivre la civilisation mycénienne et d’avoir permis de reformuler la question homérique. l’Iliade et l’Odyssée ne peuvent plus être considérées comme de simples inventions poétiques. Avec Schliemann, l’épopée appartient de nouveau à l’histoire.

— Hervé DUCHÊNE

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Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire ancienne, université de Bourgogne, Dijon

Classification

Pour citer cet article

Hervé DUCHÊNE. SCHLIEMANN HEINRICH (1822-1890) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 03/06/2019

Médias

Heinrich Schliemann - crédits :  DigitalVision Vectors/ Getty Images

Heinrich Schliemann

Masque dit d’Agamemnon - crédits : Bridgeman Images

Masque dit d’Agamemnon

Autres références

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    ...les fondements archéologiques de l'épopée homérique sont établis ; le mérite en revient plus particulièrement à un savant allemand autodidacte, Heinrich Schliemann, qui, guidé par une foi absolue dans la véracité des récits épiques, retrouva ou crut retrouver les traces des héros d'Homère. À la...
  • EUROPE, préhistoire et protohistoire

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  • MASQUE EN OR, DIT D'AGAMEMNON (Grèce)

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    Trouvé en août 1876 dans la tombe à fosse V du « cercle A » de Mycènes, ce masque a été attribué par Heinrich Schliemann, égaré par sa passion pour les épopées d'Homère, à la dépouille du roi Agamemnon, qui a éventuellement régné au xiiie siècle avant notre ère : en...

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