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CAMPENDONK HEINRICH (1889-1957)

De famille bourgeoise, Heinrich Campendonk se lance d'abord dans des études d'ingénieur à l'École du textile de Krefeld, ville où il est né en 1889. Il y apprend l'art du tissage. Mais, peu intéressé par une carrière dans l'industrie, il s'inscrit ensuite, dans cette même ville, à l'École d'arts appliqués, qu'il fréquente de 1905 à 1909. Celle-ci, fondée en 1904, avait pour directeur Friedrich Deneken, un admirateur de l'Art nouveau et plus particulièrement de l'architecte belge Henry Van de Velde. Campendonk y est l'élève de Jan Thorn Prikker, artiste néerlandais, qui l'initie à l'œuvre de Van Gogh, Cézanne, et au néo-impressionnisme.

En 1909, pour gagner sa vie, il sert de compagnon à un artiste-décorateur. Il participe avec lui à la restauration des fresques de la cathédrale d'Osnabrück. Puis, à son retour à Krefeld, en 1910, il partage un atelier avec deux jeunes peintres, Walter Giskes et Helmuth Macke. Par l'intermédiaire du frère de ce dernier, August Macke, ses travaux peuvent être connus de Franz Marc et Wassili Kandinsky, qui lui proposent d'intégrer leur groupe Der Blaue Reiter, formé en 1912. Jusqu'en 1914, son destin est ainsi lié au Blaue Reiter, et aux expositions qui rythment la vie du groupe. Sur l'invitation de Franz Marc, qui a quitté Munich pour prendre un atelier à Sindelsdorf, il décide de déménager à son tour dans ce village de Haute-Bavière. Il a souvent l'occasion d'y rencontrer Alexei von Jawlensky et Paul Klee.

Durant cette période, l'influence d'August Macke, Marc et Kandinsky s'exerce sur lui, ce qui l'incite à rejeter le néo-impressionnisme qui l'avait pourtant beaucoup marqué. Avec Marc, il partage l'utopie d'une Création constituant un Tout harmonieux dans un devenir infini, où l'homme et l'animal cohabitent dans un respect réciproque. Dans ses tableaux, ses aquarelles et ses premiers bois gravés, son style s'appuie dorénavant avec légèreté sur des formes géométriques, dynamisées par des couleurs fortement contrastées.

En août 1914, il est enrôlé dans l'armée et envoyé au front, puis libéré de ses obligations militaires au milieu de 1915. Avec sa femme et son fils nouveau-né, il s'installe en Haute-Bavière, sur les bords du lac de Starnberg, à Seeshaupt. Aux brutalités de la guerre, qui l'ont traumatisé, il oppose une peinture de paysages idylliques, un cosmos de rêves et de légendes. Dans un style figuratif plus réaliste, il prend aussi pour sujets de ses tableaux certaines scènes typiques de la vie des mineurs de Penzberg, à 50 kilomètres de Munich.

En 1920-1921, il voyage en Italie, France, Belgique, Suède et Norvège. Et en 1922, il retourne avec sa famille à Krefeld, où un collectionneur, Mühlhaupt, met un atelier à sa disposition. Il collabore jusqu'en 1926 aux décors des spectacles donnés au théâtre municipal et enseigne à l'École des arts appliqués d'Essen. En mars 1925, un négociant en soies de Krefeld, Richard Merländer, se fait construire une villa et lui en confie la décoration. Dans une salle de jeux, au rez-de-chaussée, il peint deux fresques, sur des motifs qui correspondent à la personnalité du propriétaire. L'une représente une limousine de service, avec trois chats et un joueur de tennis. L'autre, un Arlequin au regard triste, perdu dans le lointain. En 1926, il remplace son ancien professeur Jan Thorn Prikker à l'école des Beaux-Arts de Düsseldorf. Il s'y spécialise dans l'enseignement de la peinture sur verre et du vitrail. À partir de cette époque, son art évolue non vers l'abstrait, mais vers des formes plus indéterminées, des plans de grande luminosité, empreints de sensibilité et de lyrisme.

Au lendemain de l'arrivée des nazis au pouvoir, Campendonk est[...]

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Lionel RICHARD. CAMPENDONK HEINRICH (1889-1957) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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