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VAN SANT GUS (1952- )

Embrassée d’un regard rapide, la carrière de Gus Van Sant ressemble à celle d’un dilettante. Il débute avec Mala Noche (1985), précédé de courts-métrages expérimentaux dont l’un, The Discipline of DE (1978), est inspiré par William S. Burroughs. Dix ans plus tard, il devient un cinéaste de studio d’envergure internationale en réalisant un film de commande pour la Columbia, To Die For (Prête à tout). Mais après quatre films grand public, Van Sant prend un nouveau virage, cette fois avec quatre films formalistes et déroutants, de Gerry (2002) à Paranoid Park (2007). Depuis une dizaine d’années, le réalisateur conjugue les deux courants, acceptant la forme de cinéma imposée par le système hollywoodien pour mieux la subvertir de l’intérieur.

Le choix du minimalisme

Gus Van Sant est né à Louisville (Kentucky) le 25 juillet 1952. Très tôt, il se passionne pour l’art et, en 1970, est diplômé de la Rhodes Island School of Design. Il travaille dans la publicité à New York avant de s’installer à Portland (Oregon), ville où il situera plusieurs de ses films. À partir de 1967, il réalise des films expérimentaux en 8 mm puis en 16 mm. Il est aussi musicien, peintre, réalisateur de vidéo-clips, entre autres pour David Bowie.

Son premier long-métrage en 16 mm, Mala Noche, est une adaptation de l’unique roman d’un poète mythique de Portland, Walt Curtis. Un Américain blanc, Walt, qui tient une petite épicerie, tombe éperdument amoureux de Johnny, un jeune immigré mexicain qui se rit de ses avances. Mala Noche est réalisé avec des moyens dérisoires : 16 mm noir et blanc, scénario et éclairage minimalistes, et un montage inspiré de Welles qui ne respecte aucune des règles techniques élémentaires. Un réalisme de surface sordide est transformé par un climat d’irréalité qui permet de décrire de l’intérieur, mentalement, la passion de Walt faisant de Johnny un ange blond quasi sacré. Bien des thèmes de l’œuvre à venir de Van Sant sont ici présents : la marginalité, la misère sociale consentie, voire recherchée, l’homosexualité, le couple de garçons mal assortis, la fascination pour une beauté inatteignable… Sans oublier la déambulation sans objectif, loin de tout embourgeoisement sédentaire.

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Joël MAGNY. VAN SANT GUS (1952- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ELEPHANT (G. Van Sant)

    • Écrit par N.T. BINH
    • 1 019 mots

    Réalisateur singulier, Gus Van Sant débuta au milieu des années 1980, avec des films longtemps restés inédits en France (MalaNoche, 1985). Également peintre, musicien et photographe, il a élu domicile à Portland, dans l'Oregon. C'est dans cette ville qu'il situe l'action de la plupart de ses films....

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Le théâtre et le cinéma

    • Écrit par Geneviève FABRE, Liliane KERJAN, Joël MAGNY
    • 9 328 mots
    • 11 médias
    Bien plus surprenantes sont les différences que l'on perçoit dans les œuvres deGus Van Sant, entre des films aussi remarquables que My Own Private Idaho (1991) ou Prête à tout (1995), qui impose la star Nicole Kidman, et Psycho (1998), un remake aussi navrant qu'inutile du film d'Hitchcock. Arrive...

Voir aussi