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GUADELOUPE

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Des déséquilibres économiques et sociaux persistants

Les problèmes de la Guadeloupe sont perceptibles à travers les données de population et les indicateurs socio-économiques qui montrent un certain décalage par rapport à la France métropolitaine. La population de la Guadeloupe a amorcé un recul sensible depuis 2012 qui s’explique par « la diminution du solde naturel et l’augmentation du déficit migratoire » (INSEE Guadeloupe). Le taux de mortalité (8,2 p. 1 000 en 2017) est relativement élevé et le taux de mortalité infantile nettement supérieur à celui de l’Hexagone. Le vieillissement de la population, renforcé par l’élévation de l’espérance de vie, est accentué par le départ de jeunes de 18-25 ans, le plus souvent en direction de la métropole.

Le chômage, traditionnellement élevé, est considéré comme une donnée structurelle à la Guadeloupe (22 p. 100 de la population active en 2017), car le déclin des activités agricoles (sucre, bananes) n'est pas compensé par la création d’emplois dans les services. La fonction publique à elle seule représente pratiquement la moitié des emplois salariés. Le deuxième secteur d’activité en importance est le tourisme qui possède un bon potentiel en raison de la qualité des infrastructures hôtelières et de la plateforme aéroportuaire de Guadeloupe-Pôle Caraïbes ; il représente 5 p. 100 du PIB hors effets induits.

Le PIB par habitant est estimé à 23 000 euros (INSEE 2017), soit un niveau nettement inférieur à celui de la métropole mais supérieur à celui des îles voisines. Le principal problème demeure cependant celui des inégalités sociales et territoriales. La prime « de vie chère et d’éloignement », touchée par tous les fonctionnaires, introduit un biais social et est cause d’inflation.

Sur le plan du développement des territoires, la concentration croissante des activités dans l'agglomération urbaine de Pointe-à-Pitre, qui regroupe 250 000 habitants et concentre près de 63 p. 100 de la population totale aux dépens des zones rurales, des bourgs de la Basse Terre et des îles voisines, demeure le principal facteur de déséquilibre.

Cette situation de déséquilibres et d’inégalités explose en janvier-mars 2009, quand une grève générale est déclenchée à l’appel d’un collectif de syndicats, associations et partis de Guadeloupe, appelé en créole LiyannajKontPwofitasyon (ou Collectif contre l’exploitation outrancière). Celui-ci réclame notamment la baisse des taxes sur les produits de première nécessité et les carburants, ainsi que le relèvement des bas salaires et des minima sociaux. Les négociations entre le collectif, les représentants de l’État et le patronat aboutissent à un accord le 4 mars 2009, après quarante-quatre jours de grève. Les manifestations, très suivies, présentaient également, selon les analystes, un contenu identitaire qui renvoyait à « la lutte séculaire pour l’égalité républicaine » (M. Giraud).

Dans la relation complexe qui s’est établie au cours de près de quatre siècles entre la métropole distante de 6 750 kilomètres (plus de huit heures de liaison aérienne) et le petit archipel de la Guadeloupe qui affirme sa personnalité, prennent corps plusieurs questions qui ont trait au respect de l’altérité et au développement harmonieux des sociétés antillaises.

— Christian GIRAULT

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Christian GIRAULT. GUADELOUPE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Guadeloupe [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guadeloupe [France] : carte administrative

Les Saintes, Guadeloupe - crédits : Jakob Fischer/ Shutterstock

Les Saintes, Guadeloupe

Guadeloupe : évolution de la population - crédits : Encyclopædia Universalis France

Guadeloupe : évolution de la population

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