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GRANITES ET RHYOLITES

Associations granitiques

Dans les années 1960, le problème du granite semblait définitivement résolu : le granite, « terme ultime » des processus métamorphiques, se formait uniquement par la cristallisation d'un magma provenant de la fusion partielle de la croûte continentale. La prise en compte de vrais granites en milieu océanique (Islande, Kerguelen), où aucun fragment continental n'est connu, a relancé le débat à la lumière des nouvelles synthèses géodynamiques. La découverte, lors de dragages sur la ride de Rodrigues (océan Indien), de granites recoupant des basaltes océaniques a montré que certains granites avaient la même origine que les basaltes, c'est-à-dire qu'ils provenaient du manteau.

Même si ces granites en milieu océanique restent marginaux, le problème de la formation des granites se pose ainsi en termes nouveaux, ceux de la signification géodynamique des granites et de leurs sources, le manteau jouant un rôle jusqu'à présent sous-estimé. À l'étape de la pensée scientifique monogéniste (un seul granite, une origine crustale unique) fait donc suite une conception polygéniste (plusieurs granites, sources variées). L'étude des massifs granitiques se propose de reconstituer des suites magmatiques et l'environnement géodynamique. Cette démarche s'appuie sur les observations naturalistes et les méthodes d'analyses physico-chimiques.

La variété minéralogique et chimique des granites ne constitue pas un phénomène aléatoire mais reflète une variété de sources, d'évolutions et d'associations. De nombreuses classifications ont été offertes depuis les années 1970, la plus intéressante étant celle qui considère les séries granitiques calquées sur les séries volcaniques (J. Lameyre et P. Bowden, 1982). Les granitoïdes, cristallisant en profondeur, forment des massifs plutoniques constituant les racines de volcans installés à la surface. Volcanisme et plutonisme sont deux facettes du même phénomène géologique : le magmatisme.

Le premier critère de détermination est l'environnement géodynamique au moment de la mise en place du massif granitique. Certains granites apparaissent en milieu de plaque ou en zone de divergence de plaques, c'est-à-dire dans une région non soumise aux efforts orogéniques : ils sont anorogéniques. Les autres, qui forment la grande majorité, s'installent dans les chaînes de montagnes au moment de leur formation et sont orogéniques.

Granites anorogéniques

Les granites anorogéniques apparaissent dans des sites relativement stables, subissant essentiellement des distensions ou des coulissements. Cependant, ils sont toujours synchrones de périodes orogéniques à l'échelle du globe. Ils se situent aussi bien en milieu continental (Afrique, Europe, Groenland) qu'en milieu océanique (Islande, Kerguelen, Seychelles) et sont identiques dans les deux cas. La source de ces granites anorogéniques ne peut donc se situer dans la croûte hétérogène mais dans le manteau supérieur : ce sont des granites « mantéliques ».

Associations anorogéniques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Associations anorogéniques

Deux séries anorogéniques sont classiquement distinguées : tholéïtique et alcaline. Cette coupure est artificielle car des séries intermédiaires, transitionnelles, existent. La classification est fondée sur les teneurs en alcalins et se traduit par une évolution différente des proportions des minéraux blancs (fig. 4).

Les séries tholéïtiques sont bien représentées dans les rides médio-océaniques et les complexes ophiolitiques ; elles existent également en milieu continental sous la forme de massifs stratifiés (Skaërgaard, au Groenland). Elles comprennent essentiellement des roches basiques (gabbros), des quantités moindres de roches intermédiaires et de rares granites (moins de 3 p. 100 de l'ensemble). Les granites apparaissent en général au toit des massifs plutoniques ou recoupent, en filons, les empilements[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sud
  • : professeur de géologie à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
  • : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, membre de l'Académia Europaea
  • : directeur de recherche à l'Institut national de la recherche agronomique, chargé de mission auprès du ministre de l'Écologie, membre de l'Académie d'agriculture de France

Classification

Pour citer cet article

Bernard BONIN, Jean-Paul CARRON, Georges PÉDRO et Michel ROBERT. GRANITES ET RHYOLITES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Granite - crédits : Jacques-Marie Bardintzeff

Granite

Composition chimique des principaux granites - crédits : Encyclopædia Universalis France

Composition chimique des principaux granites

Diagramme de Streckeisen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Diagramme de Streckeisen

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Anne FAURE-MURET
    • 18 789 mots
    • 22 médias
    L'Archéen se présente en Afrique australe soit sous forme d'associations granites-ceintures vertes, soit comme des bassins cratoniques qui se développent sur les zones déjà stabilisées, soit sous forme d'associations gneiss-granulites.
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    Les plutons granitiques calco-alcalins se sont mis en place au Trias, au Jurassique, au Crétacé et au Cénozoïque. Le batholite complexe de la sierra Nevada est l'un des plus connus ; il se poursuit au sud dans la partie nord de la péninsule de Basse-Californie, constituant de ce fait, dans le domaine...
  • ARCHÉEN

    • Écrit par Hervé MARTIN
    • 3 036 mots
    • 5 médias
    Cesgranites, aussi nommés sanukitoïdes ou high magnesium granitoids (5 à 10 p. 100 du volume des terrains archéens), sont intrusifs dans le socle granito-gneissique et les ceintures de roches vertes. Ils s'agit de vrais granites à affinité calco-alcaline et le plus souvent très riches en phénocristaux...
  • FRANCE (Le territoire et les hommes) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean COGNÉ, Michel DURAND-DELGA, François ELLENBERGER, Jean-Paul von ELLER, Jean GOGUEL, Charles POMEROL, Maurice ROQUES, Étienne WINNOCK
    • 16 692 mots
    • 24 médias
    Tous les terrains précédents forment de simples panneaux, isolés à l'intérieur du vastebatholite granitique qui s'étend, sur 400 kilomètres, de Calvi à la Sardaigne orientale. Mis en place au Carbonifère entre 350 et 300 millions d'années, ces granitoïdes calco-alcalins, généralement gris et altérables,...
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Voir aussi